Je ne dirais pas qu'il y avait un vent de panique et que plusieurs personnes, journalistes ou simples partisans étaient déjà prêts à jeter l'éponge dans le cas d'Eugenie Bouchard après quatre matchs perdus sur quatre en 2018, mais pas loin...

J'avais beau tout faire pour analyser ses rencontres honnêtement et noter plusieurs éléments positifs. Mais en bout de ligne, quand les efforts ne sont pas récompensés par une victoire, à un moment donné il faut savoir se poser les vraies questions.

De ce que j'ai vu d'Eugenie en 2018, c'est que son attitude de guerrière était au rendez-vous mais qu'il y avait trop de trous de concentration. À ce niveau de compétition, cela ne pardonne pas. Donc dans ma tête, face à la puissante Océane Dodin, il fallait absolument rester méga intense et jouer son jeu d'attaque, car sinon la Française allait lui marcher sur le corps. 

Je dois vous avouer que ce qui me fait le plus plaisir dans cette victoire de 6-3 et 7-6 de Bouchard, c'est de FIINALEMENT constater qu'elle s'est comportée comme une championne, une coriace, une professionnelle qui ne lâche jamais et qui surtout, oh Dieu merci, est encore capable de jouer un match PLEIN! Concentrée, compétitive, intelligente et opportuniste. Tiens, comme en 2014. Il fallait se lever de bonne heure cette année-là pour battre Bouchard, celle qui ne baissait jamais les bras en Grand Chelem et qui ne donnait rien.

Quel bonheur aussi d'être en mesure de vous dire qu'elle a si bien servi! Vous connaissez la rengaine : point de service, point de salut. Face à Dodin, Genie a non seulement gardé des chiffres plus que respectables avec 75 % et 50 % de réussite en premières et deuxièmes balles, mais elle a enfilé les as comme des perles! Douze au total et seulement une double faute! Avez-vous vu jusqu'à quel point cela était démoralisant pour Dodin? Genie n'a pas seulement bien servi, mais surtout elle a su utiliser cette arme quand cela comptait. J'ai maintenant hâte de voir comment elle se comportera face à Simona Halep, no 1 mondiale, bien pâle hier par moments.

Jeu, set et match, Eugenie Bouchard!

Pour Milos Raonic cependant. Oh, que de pain sur la planche pour retrouver son vrai niveau. Je ne veux pas minimiser les efforts de son adversaire Lukas Lacko, qui a su s'ajuster au fil du match et hausser son niveau de jeu. Mais ouf, ce que notre Canadien est lent sur le terrain, visiblement incapable de s'entraîner suffisamment durant l'inter-saison.

Vasek Pospisil a bien bataillé et s'est arraché pour faire durer de débat face au 6e favori Marin Cilic mais je note qu'il y a trop de variations entre le Vasek du début de match et celui de la fin. Rien de sert de courir, il faut partir à temps...

Même constat dans le cas de Peter Polansky qui a donné toute une frousse à Karen Khachanov. Notre Canadien menait une large partie des échanges, mais encore une fois face à un joueur qui est beaucoup mieux classé que lui, il a bloqué sur les points importants: 2 en 11 en balles de bris. Comment faire pour régler ce manque de confiance après tant d'années à se buter au même problème?

Denis Shapovalov n'a pas manqué de confiance pour mater le jeune talentueux Stefano Tsitsipas en trois sets au premier tour. Malgré une petite baisse à la troisième manche, notre Canadien a stoppé net les élans du Grec au bris d'égalité. Ce soir vers 20 h 30, il affrontera Jo-Wilfried Tsonga qui piaffe d'impatience de prendre sa revanche. À l'US Open, Shapovalov l'avait humilié. D'ailleurs le journal L'Équipe, il y va aujourd'hui d'un grand titre : « Tsonga veut coiffer le Shapo ». Ça va chauffer! Quel moment savoureux auquel je vous convie.