L'affiche est belle : pour une première fois en 38 ans nous avons en finale des Internationaux d'Australie deux joueuses qui n'avaient jamais gagné de Grand Chelem auparavant. Assez spécial si on considère qu'il s'agissait d'un duel entre les deux meilleures mondiales du moment : Simona Halep et Caroline Wozniacki.

De plus d'une façon, les deux tenniswomen se ressemblent : elles préfèrent patrouiller la ligne de fond en demeurant régulière. Assez récemment leur jeu d'attaque a pris une autre dimension avec en prime un premier service amélioré et une deuxième balle qui a tendance à faiblir au gré des émotions. De plus, les deux dames possèdent un jeu de jambes et niveau d'énergie sensationnel sans oublier qu'elles sont capables de se transcender et de s'arracher si la situation l'exige. 

Pas surprenant donc qu'elles connaissent aussi bien l'une que l'autre l'air raréfié des plus hauts sommets. Wozniacki fut numéro 1 mondiale pendant 67 semaines entre 2010 et 2012, tandis qu'Halep vient de passer les 16 dernières semaines bien assise sur le trône.

Dieu sait que ce fut d'ailleurs une quinzaine mouvementée pour elles! Halep sauvant 3 balles de matchs consécutives face à Lauren Davis et 2 autres devant Angelique Kerber! Wozniacki quant à elle l'a échappé belle devant la Croate Jana Fett, 119e mondiale qui menait 5-1 au 3e set en plus de s'offrir 2 balles de match!

Dommage qu'en plus, Simona traîne une très vilaine blessure à la cheville gauche depuis son match de premier tour. Cela s'avère d'ailleurs évident qu'elle n'a pas d'énergie en début de rencontre en finale. Sa balle n'avance pas et elle peine à répondre aux aggressions de la Danoise. Rapidement Wozniacki mène 5-2, mais encore une fois, Halep refuse d'abdiquer et effectue une autre magnifique remontée jusqu'à nous amener au bris d'égalité. Malheureusement, les mauvaises habitudes ne se perdent pas facilement et elle tire de l'arrière tout le bris qu'elle perd 7-2.

Je crois vraiment après le premier set que le corps d'Halep a trop souffert depuis 2 semaines et que Caroline qui gambade comme une adolescente va lui marcher sur le corps pour aller chercher le titre. Mais non je me trompe! Caroline n'arrive plus à attaquer à partir du milieu du 2e set et malgré les crampes, Halep gagne la manche 6-3. Mais quel revirement!

La troisième manche est la meilleure. Les deux protagonistes s'arrachent sur presque tous les points. Les bris de service sont nombreux. Woz aurait du mener 3-0 mais se trouve menée par un bris 4-3. Halep sert à 4-3, mais malgré des efforts surhumains, elle ne gagnera plus une partie en laissant filer la victoire 6-4 au 3e set.

Wozniacki mérite pleinement ce premier triomphe en Grand Chelem et du même souffle la première place mondiale parce qu'elle a su mieux mener sa barque durant la quinzaine. Le calibre que l'on retrouve sur le circuit aujourd'hui est si élevé et si difficile physiquement, émotivement et mentalement que tu ne peux pas te permettre de t'éparpiller trop souvent comme l'a fait Halep. Ah ce que le tennis vous triture le corps et les méninges!

Dire qu'il y a un an et demi, Wozniacki était 74e au monde! Quel chemin parcouru pour cette marathonienne au caractère bien trempé! Dommage tout de même pour Halep si courageuse et forte au coeur de la tempête. Preuve est faite cependant : pas par pas, marche par marche, la Roumaine avance et je lui souhaite qu'elle puisse dans un avenir rapproché croire au plus profond de son âme qu'elle mérite de remporter un Grand Chelem. Je n'ai aucun doute que la moindre cellule de sa vie sera encore plus consacrée, dédiée à la volonté de progresser...