Compte tenu du fait que nous avons suivi à RDS tous les matchs de Félix Auger-Aliassime au Masters 1000 de Miami, je savais que tennistiquement parlant, il aurait ses chances de gagner face au bombardier américain et champion en titre John Isner. Il fallait voir jusqu'à quel point Long John trainait difficilement sa grande carcasse en quarts de finale à chaque fois qu'il fallait disputer un point en fond de terrain face à Roberto Bautista Agut pour y croire encore plus.

Auger-Aliassime craque face à Isner

Fatigué Isner, oui ça c'est certain, mais en même temps bien dans son élément quand vient le temps de fermer les livres en bris d'égalité. Quand il tient le coup au service pendant le set et qu'on est en fin de manche, c'est comme si l'Américain renait. Soudainement, il augmente de beaucoup sa concentration et ses forces se décuplent. Visiblement ce format a été créé pour lui. Encore une fois aujourd'hui face à notre Québécois, Isner brille de tous ses feux en retours, dans l'échange, en attaque et aussi au service. Pendant une courte période que représente un bris d'égalité, Isner est capable de mettre toutes les pièces du casse-tête ensemble. En bout de ligne durant ce tournoi de Miami il gagne 10 manches sur 10 en 5 rencontres dont 9 méritées au « tie break ». Fascinant!

C'est tout de même malheureux pour Félix aujourd'hui puisqu'il brise le service du géant pour mener 4-3 au premier set. Alors que FAA sert pour le gain de la manche à 5-4, il perd ses moyens et commet 3 doubles fautes, toutes dans le filet. Auger-Aliassime avoue après le match qu'il est soudainement nerveux comme frappé par un virus qui le menotte et lui enlève toutes ses belles capacités.

Même scénario au 2e set alors que Félix réussit encore une fois à arracher le service d'Isner et servir cette fois-ci pour le set à 5-3. Tristement, le même scénario se répète et Isner fera parler sa science du jeu au « tie break ». Rattrapé par la nervosité à nouveau, Félix arrive plus difficilement aujourd'hui à juste rester concentré sur le moment présent. À sa décharge, il ne faut pas oublier que cette demie représente pour lui un 8e match à Miami. Battre des joueurs établis comme Coric, Fucsovics, Basilashvili et la vedette en devenir Hurkacz, cela demande énormément mentalement et physiquement. Quand on est fatigué, c'est plus difficile de garder le cap émotivement.

Par contre, j'aimerais souligner qu'avant la demie, Isner n'avait perdu son service que 2 fois en 48 parties. Aujourd'hui Félix l'a brisé 2 fois en 2 sets, et il a servi pour les deux manches! Ce n'est que partie remise...Auger-Aliassime sera 33e au monde lundi. Regardons l'année dans son ensemble puisqu'il était 108e en début de saison. Il s'agit là d'une montée en flèche et je crois fortement que le meilleur reste à venir!

L'élève a encore beaucoup à apprendre du maître

Son bon copain Denis Shapovalov affronte pour sa part son idole Roger Federer. Dès le départ c'est visible que Roger est très en jambes et qu'il voit la balle comme s'il s'agissait d'un ballon de plage. Denis passe un temps fou à gagner sa première partie au service. Quelquefois c'est tout ce que ça prend pour bien se sentir, s'installer dans le match, mais pas cette fois-ci. Dès la 3e partie, Federer le brise facilement. Cela laisse forcément des marques alors que Denis fait beaucoup de fautes et semble chercher la bonne stratégie à utiliser pour décontenancer le maitre.

Le reste de la manche, Denis a les épaules basses, démontre sa frustration, mais retrouve quand même assez d'aplomb à la toute fin du set pour se faire un petit capital confiance. Il commence mieux le 2e set et se donne même 2 balles de bris à 1-0, ses premières du match. Federer hausse la qualité de son jeu et passe à l'attaque avec brio. Le Suisse ne sera plus embêté malgré quelques élans en schémas d'attaque intéressants de la part du kid.

Federer est tout puissant dans ce match alors que Denis n'arrive pas à prendre sa place, la place qui lui revient. Il faut croire que pour lui aussi, les dures rencontres de très haut niveau face à Rublev, Tsitsipas et Tiafoe lui auront arraché beaucoup d'énergie. Peu importe, Denis atteint un autre plateau en devenant membre du top-20. Étape par étape, marche par marche, nos deux jeunes avancent et prennent de l'expérience. Pour progresser, il faut faire preuve d'une curiosité insatiable. Je ne suis pas inquiète pour eux. Dès le milieu du mois d'avril commence la saison sur terre battue à Monte Carlo. J'anticipe déjà la prochaine étape du calendrier avec gourmandise...

Federer simplement trop fort pour Shapovalov
« Il ne reste à Félix qu'à perfectionner »