Les batailles entre frères ne sont jamais faciles à gérer, encore moins lorsqu'on admire le grand frère. Denis Shapovalov a sûrement permis à Félix Auger-Aliassime de rêver et surtout de croire que le haut niveau est accessible avec ses coups d'éclat sur le circuit lors des deux dernières années.

 

Chez les pros, Shapo détient deux victoires face à Félix soit à Drummonville en 2017 et l'an passé au US Open, alors que le Québécois est forcé de déclarer forfait alors que nous sommes à égalité un set de chaque côté. Pris de palpitations cardiaques, Félix n'arrive plus à chasser la douleur et gérer la forte chaleur et l'humidité qui vous prend à la gorge.

 

Cette année cependant, on se souvient que Félix est allé chercher des références sur terre au mois de février et l'aventure s'est avérée très payante avec une finale à Rio de Janeiro et une présence en quarts à Sao Paulo. En plus, il épate en battant des joueurs établis sur cette surface soit Pablo Cuevas (deux fois), Fabio Fognini et Albert Ramos Vinolas.  On ajoute à cela deux extraordinaires Masters 1000 à Indian Wells et Miami pour rajouter une couche de confiance et deux victoires sur terre lors des dernières semaines à Monte Carlo et à Barcelone. Félix avance, grandit, s'aguerrit tout en gérant de mieux en mieux la pression qui vient avec son nouveau statut.

 

Du côté de Denis Shapovalov, le changement de coach avant le début de la séquence sur terre battue, au début avril, me laisse toujours un peu perplexe. Cela fait quand même beaucoup de chambardements de ce côté en peu de temps. À la fin de l'été dernier, Rob Steckley prend la place de Martin Laurendeau. Moins d'un an plus tard, alors que l'on pense que Steckley et Shapo s'entendent à merveille (videos amusantes à l'appui, ronde des 16 à Indian Wells, demie à Miami et membre du top-20), voilà que maman Tessa décide de ramener celui qui était auprès de  fiston chez les juniors, Adriano Fuorivia.

 

Le pari est tout de même risqué puisque Fuorivia possède peu d'expérience du haut niveau. Depuis son arrivée, Denis a perdu au premier tour à Monte Carlo devant Jan-Lennard Struff et d'entrée aussi devant Christian Garin à Barcelone. Il n'y a pas de honte à cela, ces deux joueurs connaissent d'excellents moments sur le circuit présentement. On sait également jusqu'à quel point les matchs se décident souvent sur quelques petits riens. Raison de plus selon moi pour entourer Shapo de stablité et simplicité. Avec son jeu tellement explosif et à hauts risques, il ne faut pas que trop de voix dansent dans sa tête. Au tennis tu as une fraction de seconde pour réagir, prendre une décision et accélérer dans la balle.

 

Justement aujourd'hui, au premier tour du tournoi de Madrid, ce que Denis en donne des points face à Félix! Il s'est aussi battu comme un forcené pour rester vivant le plus longtemps et faire douter notre Québécois. Malheureusement, à chaque fois qu'Auger-Aliassime baisse un tantinet son niveau et que Shapo peut prendre les devants, il est à nouveau rattrapé par son manque de constance.

 

Ceci étant dit, bravo à Félix qui a tenu au bris d'égalité de la deuxième manche après avoir caviardé son avance d'un set et d'un bris et d'avoir laissé filer trois balles de match. Il reste calme malgré la frustration pour finalement sceller le débat 6-2, 7-6 (9/7) au bris d'égalité.

 

Félix s'offre donc de vivre une expérience extraordinaire puisque señor Nadal l'attend au prochain tour. L'Espagnol n'a rien gagné sur terre cette année et les conditions rapides de Madrid sont les moins bonnes pour son jeu. Rafa n'a pas de titre cette année alors qu'avec sa victoire aujourd'hui Félix en a autant que Nadal avec 17. On ne peut pas dire non plus que Nadal déborde de confiance présentement... Alors qui sait?

Félix conclut avec la volée
Shapovalov remporte un long échange
Félix profite de sa 4e balle de match