Dans un premier temps, permettez-moi de rendre hommage aux deux protagonistes en finale de Wimbledon : Novak Djokovic et Roger Federer, qui nous offrent une finale d'anthologie.

 

Que dire de la foule également qui sait produire une ambiance électrique pour pousser les deux hommes jusque dans leurs derniers retranchements et ce, pendant près de 5 heures de durs labeurs.

 

Novak Djokovic prouve une fois de plus que c'est lui et personne d'autre, le no 1 mondial et parfois, cela se joue sur des pécadilles. Elle sera difficile à accepter cette défaite pour le Suisse, qui brise tard dans le 5e set pour servir pour le match à 8-7. Facilement Roger s'offre à 40-15 deux balles de championnat alors que tout roule. Tout ce qu'il a à faire devant un adversaire qui a un genou au plancher, c'est servir comme il l'a fait pendant quasiment tout de match et attaquer comme lui seul sait le faire. Malheureusement pour lui, la première balle n'est pas au rendez-vous et son coup droit d'attaque le laisse tomber; d'abord en échange sur le premier point de match, et puis sur le coup d'approche sur le second. 

 

En conférence d'après-match, Federer est tellement déçu et accepte mal cette autre échec en finale à Wimbledon. Il s'agit en plus d'une 3e face à Djokovic dans le Saint temple et de la 9e fois lors des 11 dernières rencontres que le Suisse mord la poussière face au Serbe. Cela inclut aussi des défaites en finale au US Open en 2015 et aux Internationaux d'Australie en 2016. Cela fait beaucoup d'opportunités ratées par Roger et visiblement il faut admettre que mentalement, il y a un blocage. Sinon, comment expliquer que Federer, qui est si beau normalement au bris d'égalité avec sa fiche de 15 gagnés sur 18 disputés en 2019, passe à côté des trois « tie breaks » du match?

 

Encore plus crève-coeur de réaliser que lors des trois premières manches, Federer n'offre AUCUNE balle de bris à Djokovic mais tire quand même de l'arrière deux manches à une. Vous trouvez ça normal vous, qu'au premier set Federer se forge une belle avance de 5-3 au bris d'égalité avec un service à suivre mais perd le bris 7-5? Puis, le Suisse fait le plein de confiance au 2e set qu'il remporte 6-1 avant de se retrouver à nouveau au bris d'égalité.

 

Cette fois je me dis que ça y est, que ses schémas d'attaque ont souvent été effectués avec brio et qu'il ne peut pas passer à côté de celui-là. Le temps de le dire cependant, le Suisse tire de l'arrière 5-1, mais il se bat pour se rapprocher à 5-4. Le scénario du premier set se reproduit alors que Novak survole la fin du « tie break » pour le gagner 7-4. Ça crève les yeux, Novak impose sa supériorité mentalement et physiquement. Comme il impressionne pour vendre si chèrement sa peau lors des moments clés.

 

La beauté tout de même de Roger Federer c'est qu'il ne se laisse absolument pas décourager par la tournure des évènements. La 4e manche ressemble à la 2e alors que Roger se donne deux bris d'avance. Il passe à côté de sa première opportunité de servir pour le set (encore les nerfs il faut croire) mais réussit à sa deuxième chance pour nous amener à la manche décisive. La question sur toutes les lèvres à ce moment-là, c'est si le Suisse pourra suivre physiquement. Il épate dans ce domaine alors qu'il s'affaire à remettre beaucoup de balles en jeu et de courir comme un petit jeune sur toutes les balles dans un exercice de coin à coin de haute voltige.

 

Le 5e set ne ressemble en rien au reste du match car les deux joueurs s'offrent beaucoup de chances de briser. Djokovic mène 4-2 mais se fait rattraper tout de suite après. Rappelons que Federer s'en mordra les doigts de ne pas se comporter comme il se doit à 8-7 et 40-15. Rendu là, ce n'est plus une question de talent mais d'opportunisme et de croyance. Le Suisse laisse malheureusement passer sa chance. Comme le but du jeu est aussi d'imposer sa volonté à l'autre, c'est justement ce que fait Djokovic lors du bris d'égalité de la fin qu'il remporte 7-3. Bravo au Serbe, qui a tenu tel un chêne qui plie par moments mais ne rompt point.

 

Preuve est faite une fois de plus : un match de tennis est un concentré d'émotions fortes, et à ce chapitre, la palme revient à Djokovic qui a su être le plus fort dans les moments les plus chauds, soit lors des trois bris d'égalité et pour sauver les deux balles de championnat. Le voilà maintenant avec 16 couronnes du Grand Chelem, alors que Roger reste collé à 20. Dommage puisque ce titre lui tendait les bras. D'ailleurs, le Suisse résume le match en peu de choses : pour lui, il ne l'a pas perdu lors des trois bris d'égalité mais bien sur un coup droit caviardé et un service gagnant qui n'est jamais venu sur balles de championnat. Dur, dur à avaler cette défaite parce qu'il a tout fait, excepté triompher...