MELBOURNE, Australie – Félix Auger-Aliassime était à un seul point d'une victoire contre le deuxième joueur mondial Daniil Medvedev et d'une place en demi-finale des Internationaux d'Australie.

Mais il n'a pu finir le travail et le vétéran russe en a profité.

Une heure et 14 minutes plus tard, Medvedev avait effacé un déficit de deux sets à zéro lors d'un tournoi du Grand Chelem pour la deuxième fois seulement de sa carrière et il a pris la mesure d'Auger-Aliassime 6-7 (4), 3-6, 7-6 (2), 7-5, 6-4.

« Une fois sur le terrain, vous ne voulez avoir aucun regret. Je peux revenir en arrière et penser que j'aurais aimé faire des choix différents, ou souhaiter que Daniil n'ait pas aussi bien joué à certains moments, a expliqué Auger-Aliassime après son quart de finale marathon de quatre heures et 42 minutes qui s'est conclu après minuit à Melbourne. Mais, oui, j'ai fourni un bel effort.

« Au bout du compte, je ne peux pas regretter l'effort que j'ai fourni et les occasions que je me suis données, a-t-il ajouté. Bien sûr, j'aurais adoré gagner. J'aime gagner à chaque fois. C'est déchirant de perdre à la fin, mais c'est la vie. Je dois juste l'accepter. »

Début convaincant

Avec le soutien majoritaire d'une bonne foule un peu limitée par les restrictions imposées par le gouvernement en raison de la COVID-19, le Québécois de 21 ans a pris essentiellement les commandes en début de match.

Medvedev était étonnamment erratique et ne semblait pas à son mieux physiquement. Un grognement accompagnait chacun de ses mouvements, et il transpirait abondamment. Rien ne réussissait au joueur de 25 ans.

Il cherchait des solutions et ne trouvait aucune faille dans le jeu d'Auger-Aliassime.

« Je n'étais pas à mon mieux et Félix jouait de manière incroyable, a reconnu Medvedev lors de son entrevue sur le terrain après sa victoire. Il servait de manière incroyable. Il me dominait. Je ne savais pas vraiment quoi faire. »

Et puis, une petite pluie a tout changé, du moins pour Medvedev.

Avec le Russe au service à 2-1 dans le bris d'égalité du troisième set, il y a eu une interruption de sept minutes, lorsqu'une brève averse a exigé la fermeture du toit rétractable et le séchage du terrain.

Medvedev a brièvement quitté le terrain alors qu'Auger-Aliassime est resté assis sur sa chaise, se parlant à lui-même.

Le Russe est revenu et a remporté cinq des points suivants, ainsi que le troisième set.

« Au premier set et au bris d'égalité, je transpirais beaucoup et j'ai commis quelques doubles fautes, car ma main était moite, a expliqué Medvedev. Quand ils ont fermé le toit, j'ai senti que l'avantage avait changé et j'avais l'impression que je pouvais mieux échanger la balle. »

Occasions ratées

Une fois la climatisation enclenchée, la température à l'intérieur de Stade Rod Laver a chuté de 10 bons degrés. Et cela a aidé le Russe.

Il n'y a pas eu de pluie pour le reste du match. Mais le toit est demeuré fermé.

Auger-Aliassime a avoué qu'il avait eu de petites fenêtres d'opportunité avant même ce bris d'égalité – de petites occasions qui, si elles avaient été exploitées, auraient pu lui donner une victoire en trois sets.

Les champions expérimentés profitent de ces moments et mettent la pédale au plancher pour finir le travail. À 21 ans, Auger-Aliassime est toujours en apprentissage.

Pourtant, au quatrième set, au service pour rester dans le match à 4-5, Medvedev a commis une double faute et a offert une balle de match au Canadien.

Mais le Russe a répliqué avec un énorme service à 213 km/h – son meilleur la soirée.

Medvedev y a mis toute la gomme. Et pourtant, Auger-Aliassime a eu des occasions de faire le bris au début du cinquième set. Mais chaque fois que la porte s'est légèrement entrouverte, Medvedev a trouvé la solution, ou Auger-Aliassime n'a pu asséner le coup fatal.

« Je me suis dit "Que ferait Novak (Djokovic)?" », a souligné Medvedev, en faisant allusion au nonuple champion qui, chaque fois que son nom est mentionné, soulève un concert de huées de la foule à Melbourne.

« Et j'ai juste pensé, OK, je vais le faire travailler. S'il veut gagner, il doit... se battre jusqu'au dernier point. »

Medvedev a modifié sa position en retour de service derrière la ligne de fond, s'avançant de plusieurs mètres dans le court.

Il a également accéléré le rythme autant que permis entre les points sur son service – à quelques reprises, il était prêt à servir avant même que l'arbitre de chaise Damien Dumusois n'ait enclenché le chronomètre des 25 secondes.

Il n'a pas laissé le temps à son adversaire de se préparer, et l'efficacité d'Auger-Aliassime en retour a chuté.

Medvedev est également monté davantage au filet dans les bris d'égalité, et quand il tirait de l'arrière.

Soudain, plus aucune des distractions extérieures ne l'a dérangé. Il n'avait plus l'air non plus de souffrir physiquement.

L'avantage de l'expérience

Auger-Aliassime, qui a eu besoin d'une pause médicale à 2-3 au cinquième set pour qu'on lui mette un bandage sur sa cheville droite, le plan en 2022 est de s'attarder sur le positif – quoi qu'il arrive.

« Ce n'est pas un hasard s'il (Medvedev) est là où il est maintenant. Il se bat, essaie de trouver des solutions. Il joue bien quand il en a besoin, a décrit Auger-Aliassime. Je pense qu'il a mieux fait que moi dans les moments cruciaux – il a parfois été un peu plus solide.

« Ça vient aussi avec l'expérience, je pense. Mais j'attends avec impatience la prochaine fois où je pourrai me mettre dans cette situation. Je crois que je peux franchir cette étape. »

Auger-Aliassime tentait d'accéder à sa deuxième demi-finale consécutive en Grand Chelem. Il s'est qualifié pour le carré d'as des Internationaux des États-Unis l'année dernière, où il a également perdu contre l'éventuel champion Medvedev.

Il a atteint au moins les quarts de finale à ses trois derniers tournois du Grand Chelem.

Medvedev affrontera, vendredi, Stefanos Tsitsipas, finaliste de Roland-Garros. Le Grec a conservé sa fiche parfaite en quarts de finale d'un Grand Chelem (5-0) avec une victoire de 6-3, 6-4, 6-2 contre Jannik Sinner, 11e tête de série.

Medvedev, champion en titre des Internationaux des États-Unis, qui tente de devenir le premier joueur masculin de l'ère professionnelle à remporter son deuxième titre du Grand Chelem lors du tournoi majeur suivant, est toujours sur la bonne voie pour y parvenir.