NEW YORK – Le favori des Internationaux de tennis des États-Unis, Novak Djokovic, a été disqualifié de son match de quatrième tour après avoir accidentellement atteint une juge de ligne avec une balle, dimanche.

C'est une fin surprenante pour Djokovic, qui tentait de remporter un 18e titre du Grand Chelem en carrière. Le Serbe avait amorcé la saison avec une fiche de 26-0.

« Selon les règlements en Grand Chelem et après qu'il eut intentionnellement frappé la balle dangereusement sur le terrain ou sans se soucier des conséquences, l'officiel des Internationaux des États-Unis ont disqualifié Novak Djokovic du tournoi 2020 », a annoncé dans un communiqué l'Association américaine de tennis (USTA).

L'USTA a ajouté que parce qu'il avait été disqualifié, Djokovic perdra tous ses points de classement obtenu pendant le tournoi et il écopera une amende correspondant au montant d'argent qu'il a amassé pendant le tournoi.

Alors que le champion en 2019, Rafael Nadal, et que le meneur de tous les temps au chapitre des titres en Grand Chelem, Roger Federer, ont déclaré forfait pour le tournoi, Djokovic est arrivé à New York en tant que favori.

Cependant, tout s'est écroulé au stade Arthur Ashe. Djokovic venait tout juste de perdre une partie contre son adversaire, Pablo Carreno Busta, et il tirait de l'arrière 6-5 en première manche.

Alors qu'il marchait en direction des lignes de côté, Djokovic a envoyé une balle derrière lui. Celle-ci a atteint au cou une juge de ligne, qui s'est écroulée sur ses genoux à l'arrière du terrain.

Après une discussion de plusieurs minutes impliquant les officiels sur le terrain, incluant l'officiel du tournoi Soeren Friemel, Djokovic a tenté d'expliquer son geste.

« Pour lui, il ne voulait pas intentionnellement atteindre l'arbitre. ll a reconnu qu'il était fâché, qu'il avait frappé la balle et qu'il avait heurté la juge de ligne, mais il a affirmé que ce n'était pas son intention. Il a ajouté qu'il ne devrait pas être puni pour ça, a déclaré Friemel, qui a décidé de mettre fin au match. Nous étions d'accord qu'il n'avait pas fait exprès, mais les faits demeurent. Il a frappé une juge de ligne et elle était clairement blessée. »

Friemel n'a pas clairement vu ce qui s'est produit et il a dit qu'il n'avait pas été autorisé à revoir la séquence sur vidéo. Egli et Tourte ont résumé la situation. Friemel a toutefois reconnu que même si ce n'était pas son intention de frapper la juge de ligne, qu'elle avait tout de même été blessée et que c'était suffisant pour appliquer le règlement.

L'arbitre principale, Aurélie Tourte, a ensuite annoncé la disqualification et Djokovic s'est avancé pour serrer la main de Carreno Busta.

« J'étais un peu sous le choc, a avoué Carreno Busta lors d'une visioconférence après la rencontre. Les règles sont les règles. Les arbitres et les superviseurs ont fait la bonne chose. Ce n'était pas une décision facile à prendre. »

Djokovic a quitté le stade sans parler aux médias, mais il a présenté ses excuses dans un message sur les médias sociaux.

« Je présente mes excuses à l'US Open et à tous ceux affectés par mon comportement (...) Je suis désolé », écrit le N.1 mondial.

« Je suis vraiment triste et vidé après cette histoire. J'ai pris des nouvelles de la juge de ligne et le tournoi m'a dit que, grâce à Dieu, elle se sent bien. Je suis extrêmement désolé de lui avoir causé autant de stress. C'était totalement involontaire. C'était absolument mal », poursuit le Serbe.

« Quant à ma disqualification, il faut que je fasse une introspection et que je travaille sur ma déception afin d'en tirer une leçon pour avancer et me développer en tant que joueur de tennis et en tant qu'être humain », conclut-il.

Il semblait clair que l'intention de Djokovic n'était pas d'atteindre la juge de ligne, alors qu'il ne regardait pas dans sa direction, et le Serbe a paru inquiet quand il a réalisé ce qui venait de se passer.

Mais les joueurs qui frappent la balle en guise de frustration ou qui font contact avec les officiels sur le terrain ont déjà été disqualifiés par le passé.

Ce fut le cas en 2017, quand le Canadien Denis Shapovalov a été disqualifié d'un match de la Coupe Davis lorsqu'il a atteint au visage l'arbitre principal avec une balle.

D'autres disqualifications spectaculaires

     Avant Novak Djokovic, exclu de manière spectaculaire de l'US Open dimanche à cause d'un malheureux geste d'humeur, alors qu'il était le grandissime favori du Grand Chelem new-yorkais, plusieurs joueurs ont aussi connu des disqualifications ou des pénalités retentissantes. De John McEnroe à Nick Kyrgios, retour sur quelques précédents.

- 1990, John McEnroe à l'Open d'Australie, le premier sanctionné

L'un des cas les plus célèbres, pour l'un des joueurs les plus bouillants de l'histoire. En huitièmes de finale, l'Américain, opposé au Suédois Mikael Pernfors, enchaîne les provocations. L'ex-N.1 mondial reçoit un premier avertissement pour avoir tenté d'intimider une juge de ligne, puis un point de pénalité pour avoir brisé sa raquette de rage et, dans la foulée, un troisième avertissement, synonyme de disqualification, pour insultes contre l'arbitre. McEnroe avait déjà été disqualifié de l'US Open pour s'être présenté en retard à un match de double.

- 2009 et 2018, Serena Williams à l'US Open, des pénalités spectaculaires

Les plus récentes, en finale il y a deux ans, en pleine quête d'un 24e sacre historique en Grand Chelem, face à la jeune Japonaise Naomi Osaka. Tout commence par un avertissement reçu pour "coaching" en début de seconde manche, qui irrite fortement l'ex-N.1 mondiale, alors menée au score. Mais c'est après un second avertissement pour raquette brisée qui lui vaut un point de pénalité que Serena perd ses nerfs et s'en prend à l'arbitre en le traitant de "menteur" et de "voleur". Résultat: un troisième avertissement, synonyme de jeu de pénalité. Et deux jeux plus tard, une défaite dans la confusion pour la star américaine. Presque dix ans plus tôt, Serena était déjà sortie de ses gonds, cette fois en demi-finale, opposée à la Belge Kim Clijsters. "Si je pouvais, je prendrais cette balle et je te l'enfoncerais dans la gorge", avait-elle hurlé à la juge de ligne qui venait de signaler une faute de pied. Un comportement sanctionné d'un point de pénalité... sur une balle de match contre elle.

- 2012, David Nalbandian au Queen's, ou comment perdre une finale

Sur le gazon londonien, l'Argentin, ex-N.3 mondial alors en fin de carrière, est opposé au Croate Marin Cilic pour le titre. Il mène un set à zéro mais vient de perdre son service dans la deuxième manche quand il donne un violent coup de pied sur le panneau publicitaire qui entoure la chaise d'un juge de ligne en fond de court. Celui-ci remonte son pantalon pour montrer son tibia en sang. Nalbandian est immédiatement disqualifié, offrant au Croate, 23 ans et alors 25e à l'ATP, le septième trophée de sa carrière, le premier sur herbe.

- 2017, Canada/Grande-Bretagne en Coupe Davis, quand Denis Shapovalov dévisse

Aujourd'hui dans le Top 20, le jeune Canadien n'est encore qu'un modeste 234e joueur mondial quand, dominé par le Britannique Kyle Edmund lors du match décisif du premier tour de la Coupe Davis, il frappe de colère une balle qui termine sa course dans l'oeil de l'arbitre de chaise. Sa disqualification donne le point de la victoire à la Grande-Bretagne (3-2), qui file en quarts de finale.

- 2019, Nick Kyrgios au Masters 1000 de Rome ou l'auto-disqualification


Coutumier des coups de sang hors du commun, l'Australien Nick Kyrgios se fait une nouvelle fois remarquer au deuxième tour du tournoi romain, face au jeune Norvégien Casper Ruud. Au début du troisième set, alors que les deux joueurs sont à égalité une manche partout, un débreak de Ruud fait dégoupiller Kyrgios. Énervement verbal, jet de raquette, coup de pied dans une bouteille, et pour couronner le tout, chaise balancée au beau milieu du court: quelques instants plus tard, Kyrgios range de lui-même ses raquettes, met son sac sur son dos et quitte le court. Il sera officiellement disqualifié par l'ATP ensuite. Et écope de plus de 50.000 euros d'amende.