Oh que je ne donnais pas cher de la peau de John Isner au début de la deuxième manche alors qu'il venait de gaspiller cinq balles de bris au premier set et de livrer une performance bien en dessous des attentes au bris d'égalité perdu 7-4. Récapitulons : « Long John » se procure trois balles de bris à la partie initiale d'Alexander Zverev au service et deux autres à 3-2. Des opportunités en or se présentent pour Isner, mais chaque fois il se crispe et n'arrive pas à faire parler son tennis d'attaque.

Pire, au bris d'égalité, qui avantage normalement les immenses serveurs comme lui, il mène 4-3 avec deux points à suivre au service, mais il passe complètement à côté du moment! Incapable de produire les boulets de canon qui ont fait sa renommée, Isner est impuissant sans cette arme fatale pour repousser la remontée du jeune allemand qui s'avère très vorace pour remporter 4 points de suite au bris d'égalité pour le set.

Après près d'une heure de jeu dans des conditions très chaudes et surtout humides, Isner a mal. En plus, c'est rare de le voir démoralisé, mais le trentenaire se traîne les savates. Je m'imagine qu'il se demande, non seulement comment il fera pour tenir encore deux sets et encore plus de quelle manière il faut s'y prendre pour profiter de ses balles de bris.

 Il s'agit de la 11e année de John Isner sur le circuit et en carrière, il a remporté 12 titres en simple et 5 en double alors qu'avec Jack Sock ils sont allés chercher le trophée à Indian Wells il y a deux semaines. L'américain est vaillant et ultra compétitif. Il sait bien que pour y arriver, il faut d'abord chasser les idées noires et puis, juste se concentrer sur son service. Avec ses bombes, il peut facilement continuer d'avancer dans le set sans se fatiguer trop tout en gardant l'apparence d'être correct physiquement. Et espérer, espérer que Zverev lui ouvre à nouveau la porte.

Aussi improbable que cela puisse paraitre, c'est exactement ce qui se passe à 4-4 au deuxième set. Zverev mène 40-30, mais enchaine les bourdes: double faute sur point de partie et fautes directes. Isner sauvera à 5-4 deux balles de bris, mais s'empare avec panache de la deuxième manche 6-4. Voilà ainsi un premier défi de réaliser: enfin une balle de bris convertie!

Si près du but c'est quand même étonnant que Zverev n'arrive pas à trouver la constance qui est normalement sa marque de commerce. À son tour de devoir chasser la déception et retrouver la concentration pour le début de la troisième manche... En fait Zverev devra aussi se battre comme un mort de faim pour sauver 5 autres balles de bris avant de finalement craquer sur la 12e du match encore une fois à 4-4!

Juste retour des choses lors des deux dernières manches pour le valeureux Isner. Jamais il n'a abandonné malgré les difficultés et la douleur. Par moments il est même plié en deux.  Je crois tout de même qu'il était peut-être un peu plus allumé et affamé en fin de 2e et 3e manche.

Il y a six ans à l'Académie de Saddlebrook au nord de Tampa en Floride, Isner a pris sous son aile un jeune de 14 ans frappant une tonne de balles avec lui, l'encourageant et en lui promettant même qu'avec le travail il deviendra le meilleur au monde un jour. Cette fois-ci le professeur a le meilleur sur l'élève, dans une bataille intense de 2:30 disputée dans le respect le plus total de l'autre devant et des officiels. Réconfortant, ne trouvez-vous pas?