Il s'est passé tellement de choses dans le match de Félix Auger-Aliassime face au Japonais Yoshihito Nishioka que je ne sais même pas par quel bout commencer mon résumé. C'est toujours mon désir réel de vous livrer l'analyse la plus juste possible, mais cette défaite crève-coeur de notre Québécois me prend à la gorge et j'ai de la difficulté à mettre de l'ordre dans mes idées.

Je crois que toutes les personnes qui ont fait du sport de haut niveau savent bien de quoi je parle. Comment ne pas apprécier cet effort surhumain de Félix alors qu'il tire de l'arrière 5-1 au troisième set pour recoller à 5-5? C'est visible qu'il souffre en début de troisième manche puisque ce match, il le tenait parfaitement alors qu'il mène 7-6 et 3-1. Je ne sais pas trop pourquoi, mais alors qu'il est en pleine possession de la situation, Félix perd le contrôle de son arme principale, le service. Nishioka, qui ne lui arrive pas à la cheville dans ce domaine, réussit à créer le doute chez notre Canadien. Aliassime est né pour attaquer et sans cette arme, tout devient difficile.

Brisé deux fois en fin de deuxième manche et puis encore deux fois pour tirer de l'arrière au troisième set 5-1, la bascule est difficile à accepter. À un point tel qu'il est normal de penser que le match est plié. Félix peine pour bien se rendre à la balle. Il est hésitant dans des schémas d'attaque. Le Japonais récolte là où il n'a pas semé. En plus, j'ai l'impression que le jeune est rattrapé par cette frénésie qui l'accompagne depuis ses beaux succès en Amérique du Sud.

Certes, c'est merveilleux à 18 ans de se voir propulser à l'avant-scène du tennis mondial. Porté par ce bonheur, les résultats s'enchainent en série 1000 à Indian Wells aussi. Cameron Norrie et Stefanos Tsitsipas, 10e mondial, passent à la casserole face au tennis format géant du jeune. Félix devient l'étoile montante du circuit ATP. Tout cela, il faut l'assumer et ce n'est pas facile à faire. Alors qu'il s'arrache pour passer de 1-5 à 5-5 au troisième et jusqu'au bris d'égalité, la pression monte et monte.

Nishioka mène 3-1 au bris. Félix renverse la situation pour mener 5-3. Notre Québécois mène 5-4 avec deux services à suivre. Ce match, il le tient au bout de la raquette. Deux services gagnants et c'est le triomphe. Malheureusement son service est inconstant depuis le milieu de la deuxième manche. Le Japonais en profitera pour gagner 4 points de suite pour lui voler la victoire. Dur, dur, le métier de joueur professionnel. Mon coeur saigne. J'accepte, parce que je sais que pour faire partie de cette grande élite, il faut passer par ce genre d'étape de merde. Et apprendre comment se comporter pour gagner ce genre de rencontre. Ça viendra, il n'a que 18 ans...

Preuve à l'appui, Milos Raonic qui en arrache pas à peu près face au collégien Marcos Giron tire de l'arrière 4-1 au troisème set. Giron est fabuleux en coup droit et bouge tellement bien. Notre Canadien oscille entre la bonne et la moins bonne stratégie en attaquant le coup fort de l'adversaire. Il finira heureusement à utiliser toute l'expérience acquise lors des dernières années pour d'abord s'accrocher, mais surtout mettre une pression immense sur l'adversaire. Il renverse la situation pour aller chercher deux bris en fin de troisième set pour la victoire.

C'est justement ce qui a manqué à Félix en fin de bris d'égalité au troisième set. Un peu plus de vécu, de victoire de haut niveau dans un match chaud. Ça viendra, croyez-moi...

Raonic revient de l'arrière contre Giron