Après une panne-sèche de deux ans, Alizé Cornet a enfin remporté un titre à la fin juillet et elle a aussi été l'auteure de la plus grande surprise de la Coupe Rogers jusqu’à présent à Montréal.

Mercredi, la Française a éliminé la récente championne de Wimbledon Angelique Kerber, en deux manches convaincantes de surcroît.

Personnellement, il s’agit de sa plus belle victoire de la campagne. Tout roulait en sa faveur contre la no 4 mondiale.

« C’est sûr que ce n’est pas tous les jours que l’on peut battre une joueuse victorieuse en Grand Chelem et top-5 mondiale, c’est la première fois que ça m’arrive cette saison, racontait Cornet après sa victoire hier, les yeux pétillants de joie. C’est une fierté de l’avoir battue. Ça me montre que je peux bien jouer sur toutes les surfaces. La terre battue est ma surface favorite parce que j’ai grandi dans cet environnement, mais je peux aussi être efficace sur dur. La victoire à Gstaad il y a trois semaines m’a donné beaucoup de confiance en mon jeu et sur ce que je peux faire sur le court. Appliquer tout cela ici à Montréal sur une autre surface contre une joueuse aussi forte me donne beaucoup d’énergie et de positif à engranger pour continuer le reste de la saison. La série nord-américaine est longue, il faut maintenir son niveau pendant quatre semaines, mais ça commence bien pour moi et je suis très contente. »

Cornet a senti au fil de la partie qu'elle avait l’appui de la foule, qui allait éventuellement assister à véritable coup d’éclat. Pendant qu'elle était galvanisée par cette énergie qui émanait des gradins, Kerber allait à contre-sens et perdait progressivement le moral. Cornet l’a senti et en a profité pour enfoncer le clou.

« J’ai vraiment adoré mon expérience sur le court central, s’est réjouie la droitière classée 34e au monde. J’adore ce terrain. L’ambiance est incroyable. Je me sens soutenue par la foule canadienne. Je crois que les gens m’aiment bien. C’est super d’être supportée comme ça. Je me suis bien amusée, mais même si je ne serai pas à l’affiche sur le central [jeudi], je vais tout faire pour gagner et y revenir. »

C’est la deuxième fois de suite de Cornet joue le tour à Kerber, après l’an passé en Chine. Elle savait donc qu’elle était capable de répéter l’exploit. Même si elle aurait pu tenter un copier-coller de leur dernier affrontement, elle a décidé de changer un peu de stratégie et ça lui a parfaitement réussi.

« Je sais qu’elle a beaucoup progressé ces six derniers mois, disait-t-elle de l'Allemande mercredi. L’année dernière, à Pékin, je voulais surtout jouer sur son coup droit et la faire bouger. La tactique cette fois était différente, je jouais davantage sur son revers et j’étais agressive. Je suis contente d’avoir su adapter ma tactique en fonction d’elle et de l’avoir maintenue durant toute la rencontre. Ce n’est pas facile avec la pression qu’on peut ressentir sur le terrain et toutes les émotions. C’est une bonne leçon pour la prochaine ronde. »

« Le mieux à faire au tennis, c’est de ne pas trop penser. Moins vous vous posez de questions, mieux c’est. C’est ce que j’ai fait. Voilà trois jours de suite que je joue au tennis et que je gagne jusqu’à présent. C’est bien. Je vais essayer de garder la même tactique pour le prochain match. »

Cornet enfin récompensée pour ses efforts

Alizé Cornet n’avait pas remporté de titre depuis deux ans quand elle a été sacrée championne à Gstaad, en Suisse, il y a quelques semaines. Ce fut une longue attente, mais elle a toujours persévéré et travaillé d’arrache-pied malgré les revers. Sa longue expérience sur le circuit lui a permis de ne pas perdre le focus.

« C’est ma 13e saison sur le circuit, j’ai commencé à 16 ans. Des hauts et des bas, on en a toujours dans une carrière comme joueuse de tennis. C’est vrai que ce n’est pas tout le temps facile de rester motivée et de rester prête à aller s’entraîner tous les jours, mais je pense que c’est ma ténacité qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je n’ai jamais baissé les bras, même dans les moments les plus durs. Ce titre à Gstaad est vraiment la récompense de tout ce travail accumulé pendant des mois et des mois. Je pense que j’arrive vraiment à garder le cap depuis toutes ces années et ça aussi c’est une fierté parce que ce n’est pas évident. J’ai fait beaucoup de sacrifices de mon côté, des victoires comme celle contre Kerber, c’est aussi une récompense pour tout ce dévouement. »

Cornet est par ailleurs reconnue pour avoir un tempérament très chaud sur le terrain et pour ses prises de bec avec ses entraîneurs. Lors de son match de premier tour contre Tatjana Maria, il y a eu un autre épisode du genre avec son conjoint Michael Kuzaj, qui a longtemps été son entraîneur en parallèle. Cornet travaille depuis quelques semaines avec Simon Goffin, le frère du joueur David Goffin, mais son copain a pris temporairement la relève pendant la durée du tournoi montréalais. Avec Goffin, elle est heureuse d’avoir vu des résultats positifs aussi rapidement, comme en Suisse et ici.

« Simon Goffin était présent à Gstaad, j’ai gagné le titre avec lui là-bas. Il n’a pas pu venir à Montréal parce qu’il est en vacances mais il me rejoindra la semaine prochaine à Cincinnati, précise Cornet. Le travail que nous avons fait ensemble porte déjà bien ses fruits. Ça me fait plaisir d’avoir trouvé un entraîneur qui me corresponde et avec qui je peux me projeter dans le futur. »

Au troisième tour jeudi, la Française affrontera une joueuse qu’elle apprécie énormément et qui l’impressionne. Il s’agit de l’Australienne Ashleigh Barty, 16e mondiale et 15e tête de série à Montréal.

« Ce ne sera pas facile!, anticipe Cornet. J’adore la façon dont elle joue! Elle a un très beau jeu. Elle joue un peu comme un homme, elle a un gros coup droit et un gros service. Elle n’est pas tellement grande (5 pi 5 po, ndlr), mais a un excellent service, je ne sais pas comment elle fait. Elle est différente, un peu comme (Daria) Kasatkina. J’aime ce genre de joueuses qui montrent des choses différentes sur le terrain. Je suis un peu comme ça, le genre qui varie beaucoup son jeu. Le match sera intéressant et j’ai bien hâte. Je me souviens l'avoir affrontée une fois à Roland-Garros en 2009. Elle a assurément évolué depuis. À l’époque, c’était moi la favorite, maintenant, c’est elle. La situation est différente mais je suis impatiente de l’affronter. »