Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais lorsque le début d'une nouvelle année se pointe le bout du nez, je prends toujours un peu de temps pour réfléchir afin de faire un bilan des 12 derniers mois. Je crois que pour avancer et s'améliorer, cela vaut la peine de faire une liste de ce qui peut être considéré comme un moment de réjouissance et aussi une autre sur laquelle on peut s'attarder à bâtir de nouvelles stratégies pour obtenir un peu plus de succès. 

 

Surtout lorsqu'on change de décennie, il faut bien remplir le réservoir d'espoir et surtout se rappeler les points culminants de celle qui vient de passer bien trop vite. Visualiser est une partie intégrante du quotidien des grands champions et décréter de nouvelles stratégies pour atteindre les succès espérés fait aussi partie de ce processus. Novak Djokovic ne s'est-il pas préparé avant sa finale face à Roger Federer à Wimbledon sachant que presque toute la foule favoriserait le Suisse? Quand on s'époumonait à crier « go Roger go », le Serbe avait prévu le coup et s'était discipliné à entendre à la place : « go Novak go ». 

 

Que dire aussi de Bianca Andreescu qui a eu la chance de naître dans une famille qui croit aux bienfaits de cette pratique. Ses résultats en 2019 furent d'ailleurs tellement probants et même au-delà des espérances. Malheureusement, et c'est rare que l'on dit cela, mais ses habiletés sont tellement grandes que son corps n'arrive pas à encaisser tous les chocs imposés à sa charpente alors qu'elle enchaîne les victoires contre la crème de la crème comme on enfile les perles. Le niveau tout en haut est tellement demandant physiquement.

 

Bon, notre superstar s'applique, avec les membres de sa belle équipe, à trouver des solutions. C'est pour cette raison que Bianca est à Barcelone cette semaine pour aller chercher de l'aide auprès du docteur Angel Cottoro, spécialiste des genoux et médecin personnel de Rafael Nadal. On se croise les doigts car notre pépite est entre bonnes mains. Il ne faut pas s'inquiéter pour les 468 points que « She the North » perdra après ses performances à Auckland, Melbourne et Newport Beach l'an passé. Il y a aussi eu plein de trous dans son horaire en 2019 donc elle pourra faire le plein de points. Il n'y a pas d'appréhensions à entretenir de ce côté à condition de se remettre solidement sur pieds.    

 

Vous connaissez sûrement le dicton que le malheur des uns fait le bonheur des autres? C'est très certainement le cas pour Serena Williams qui doit être soulagée de ne pas avoir à s'inquiéter de la puissance de Bianca. Une grande joueuse de moins pour tenter de finalement égaler l'immense championne Margaret Court et ses 24 titres Grand Chelem en simple. La semaine dernière, Serena a triomphé à Auckland. Cela faisait 3 ans qu'elle n'avait pas gagné de titre! En fait son dernier remonte aux Internationaux d'Australie 2017 alors qu'elle était enceinte de quelques semaines. Sinon l'Américaine est passée à côté de ses 4 finales au US Open 2018 et 2019 ainsi qu'à Wimbledon 2018 et 2019. Que d'aventures malheureuses lors de ces 4 rondes ultimes sans rien enlever aux championnes méritantes. Serena a tout de même triomphé 7 fois en carrière à Melbourne et dispose d'un beau tableau qu'elle pourrait survoler jusqu'à la ronde des 16 alors que sa bonne amie Caroline Wozniacki, championne à Melbourne en 2018, devrait l'attendre si elle se défait de Johanna Konta au tour précédent. Il s'agit du dernier tournoi de la Danoise après une belle et longue carrière de 30 titres. Cela serait un peu triste que ça se termine face à une copine, elles sont si rares sur ce circuit! En quarts, attention, le défi sera grand puisque la double championne GC et en titre à Melbourne, Naomi Osaka, est ensuite prévue pour SW si elle joue son rang. On a bien vu en Nouvelle-Zélande que Serena avait retrouvé sa rage de vaincre et comme c'est sa manière à elle de connaître beaucoup de succès, c'est bien. Cependant, je lui souhaite surtout de ne pas s'éparpiller dans les rondes précédentes pour être en jambes en deuxième semaine. Osaka possède tous les attributs pour exceller tout en haut de la pyramide pendant quelques années à condition de rester calme et positive. J'espère que nous aurons droit à ce duel qui devrait être palpitant.

 

Des filles puissantes il y en a pas mal sur le circuit comme la 2e tête de série Karolina Pliskova qui n'a jamais gagné de titre Grand Chelem et Petra Kvitova qui en compte 2 en plus d'avoir perdu en finale l'an passé à Melbourne. Plus la grande et puissante Pliskova avance dans un tableau, plus elle est nerveuse. Je lui souhaite de vivre l'inverse cette année. Ça part sur les chapeaux de roues cependant alors qu'elle affronte Kristina Mladenovic qui l'a déjà battu 2 fois en 4 matchs! Sinon, les grandes des dernières années comme Angelique Kerber et Garbine Muguruza sont légèrement blessées. Je ne suis pas certaine non plus d'après ce que j'ai pu glaner si Sloane Stephens et Simona Halep sont assez prêtes pour aller loin en ce début d'année. Par ailleurs, que dire de cet excitant face-à-face au premier tour entre Maria Sharapova et Dona Vekic et la reprise de Wimbledon entre Coco Gauff (15 ans) et Venus Williams (39 ans). La toute jeune devra prouver que sa victoire au All England n'était pas une erreur de parcours pour la grande championne qui l'attendra de pied ferme, j'en suis sûre! 

 

Chez les Canadiennes, Eugenie Bouchard s'arrête au dernier tour des qualifications. Dommage parce que je trouve que son jeu de jambes ainsi que sa constance dans l'échange, ces 2 éléments si importants, sont revenus à un niveau intéressant depuis la toute fin d'année dernière. Hier cependant face à l'Italienne Martina Trevisan, elle semble un peu trop juste physiquement. Est-ce l'air vicié des derniers jours qui a fini par l'atteindre? Peut-être. Pas facile la vie sur le circuit lorsqu'on évolue en qualifs pour les conditions de jeu. Notons tout de même l'immense performance de sa part à Auckland alors qu'elle dispose de Caroline Garcia en 2 sets bien ficelés. Je ne me souviens même pas de la dernière fois qu'elle fut si belle au coeur de la bataille. Pour ce qui est de nos Canadiens, point de salut pour Peter Polansky (1er tour), Steven Diez et Brendan Schnur (2e tour), qui s'inclinent aussi en rondes préliminaires. Mais attendez pour la bonne nouvelle : la championne de Roland Garros junior Leylah Fernandez s'est battue avec le panache et la détermination qu'on lui connaît pour réussir à se qualifier dans le tableau principal d'un grand chelem pour la première fois. La Québécoise a eu le meilleur 7-5, 7-5 sur l'Américaine de 28 ans Danielle Lao, qui a joué à l’université en Californie mais qui n'a jamais fait mieux que la 152e place sur le circuit. Malgré un déficit de 5-3 à la deuxième manche. Fernandez créé tout un revirement dans un match où il y en a eu plusieurs. Leylah a ainsi battu trois joueuses mieux classées qu'elle : Patricia Maria Tig (113e), Mayo Hibi (168e) et Lao et ce, malgré un départ difficile. C'est du sérieux mentalement notre jeune Fernandez. Elle va continuer d'avancer beaucoup au classement au cours de la prochaine année. Elle jouera au premier tour contre l'Américaine Lauren Davis, 65e mondiale. Il s'agit d'une petite joueuse très combative, rapide et puissante en fond de terrain.

 

Allons-y avec un survol chez les hommes maintenant alors que notre intérêt se pose forcément sur les trois grands vu qu'ils ont gagné les 12 derniers Grands Chelems. Rafael Nadal est la 1re tête de série mais commençons tout d'abord avec Novak Djokovic qui joue du meilleur tennis présentement et qui a triomphé 7 fois « down under ». Il faudra se méfier d'entrée du puissant serveur Jan Lenard Struff, en ronde des 16 du vaillant Diego Schwartzman et surtout du demi-finaliste de l'édition 2019 le magnifique Stefanos Tsitsipas en quarts. Sinon, j'espère que Roger Federer pourra le défier en demies.

 

Rafa est tout en haut mais l'air est presque toujours rare de cette position. Dans sa portion il y aura, dans l'ordre, Carreno Busta, Nick Kyrgios ou Karen Khachanov, Dominic Thiem ou Stanislas Wawrinka ou encore David Goffin et puis potentiellement le dangereux Daniil Medvedev dans le carré d'as. Vamos!!! J'espère qu'il a réglé ses petits pépins physiques parce qu'il aura du pain sur la planche.

 

Roger qui s'est surtout amusé en multipliant les rencontres hors concours depuis la fin de la dernière année aura dans les pattes Johnson, le talentueux Krajinovic et puis au 3e tour un de ces trois joueurs qui ont bien commencé la saison soit Millman, Humbert ou Hurkacz. En ronde des 16, j'espère que c'est notre pétaradant Denis Shapovalov qui y sera. Avant cela, il faudra être sérieux face au Hongrois Marton Fucsovics, la jeune merveille Jannick Sinner, champion du tournoi Next Gen en novembre dernier et Grigor Dimitrov. C'est quand même fabuleux de réaliser que Denis est à 3 places du top-10, wow! 

 

Félix Auger-Aliassime a bien fait de se rendre à Adélaïde pour y disputer trois rencontres de grande qualité puisque la Coupe de l'ATP l'avait laissé un peu démuni côté confiance. Il s'agit de son premier grand tableau en Australie alors qu'il se mesure à un qualifié d'abord. Puis, Duckworth qu'il vient de battre ou Bedene et ensuite soit Vasek Pospisil qui a obtenu sa place grâce à son classement protégé ou l'imprévisible Gaël Monfils, tout de même 10e mondial. Je n'oublie pas le vétéran Milos Raonic qui a su décrocher le dernier pompon, soit la 32e tête de série. Je crois qu'il peut disposer de Radu Albot et Cristian Garin s'il sert super bien mais j'ai quelques doutes pour ce qui est de tenir dans l'échange face à Tsitsipas.

 

Tout ce que je viens de vous énoncer, c'est bien beau, mais la marge est souvent infiniment minime entre un gagnant et un perdant à ce niveau. Il faut s'attendre à des surprises et plein de moments forts. Alors que les qualifications ont commencé dans la tourmente mardi dernier en raison de la qualité de l'air, Dieu merci les pluies abondantes sont venues apaiser en partie les brasiers. En espérant que les beaux moments que nous réserveront les meilleurs au monde permettront aux Australiens de se divertir un tout petit peu et d'échapper pendant quelques moments à la triste réalité des derniers mois...