Stephanie Valenzuela admet d'emblée qu'elle n'a jamais été « une fan finie de tennis », se limitant à regarder quelques matchs sporadiquement lorsque son intérêt est piqué.

Mais la flamme partisane n'a jamais brûlé de manière aussi vive depuis que la Québécoise Leylah Annie Fernandez a entamé son parcours irrésistible aux Internationaux de tennis des États-Unis.

Valenzuela, une Montréalaise originaire des Philippines qui est âgée de 30 ans, est captivée depuis deux semaines par l'odyssée de la jeune joueuse âgée de 19 ans, qui est originaire de Laval. L'athlète aux racines philippines et équatoriennes a surpris de nombreuses têtes d'affiche, en route vers sa première finale en Grand Chelem.

Fernandez, qui était classée 73e au monde au début du tournoi le 30 août, a renversé la deuxième raquette mondiale Aryna Sabalenka jeudi soir. Elle a du même coup mis la table pour un duel en finale samedi contre la Britannique Emma Raducanu, qui est âgée de seulement 18 ans.

La Québécoise a aussi évincé la championne en titre des Internationaux des États-Unis, Naomi Osaka, l'ex-no 1 mondiale Angelique Kerber, et la cinquième joueuse au monde Elina Svitolina au cours de la dernière semaine, élargissant chaque fois son bassin de nouveaux partisans.

Valenzuela et ses amis en font d'ailleurs partie.

« Même si le sport ne t'intéresse pas, tu te surprends à l'aimer,  à ressentir une certaine fierté de voir quelqu'un qui partage les mêmes origines que toi connaître du succès », a dit Valenzuela, une Montréalaise dont les parents, d'origine philippine, ont immigré au Canada dans les années 1980.

« Lorsqu'on regarde tout le chemin qu'elle a parcouru, ça démontre qu'il y a une place pour nous ici. Les Canado-Philippins ont les mêmes chances que les autres au Canada », a-t-elle ajouté.

Fernandez est née d'une mère canado-philippine et d'un père équatorien, qui est également son entraîneur. La famille a déménagé il y a déjà un certain temps en Floride, où Fernandez et sa soeur cadette Bianca s'entraînent régulièrement.

Valenzuela a mentionné qu'elle a été impressionnée non seulement par l'audace et l'agressivité de Fernandez dans son jeu, malgré l'étoffe de ses adversaires, mais aussi par son histoire familiale.

Le père de Fernandez, Jorge, a essuyé ses larmes pendant une entrevue accordée au réseau TSN cette semaine lorsqu'il a parlé de l'accueil des Canadiens pour sa famille. Il a ajouté qu'il n'aurait jamais pu offrir cette vie à ses filles s'il n'avait pas été aussi bien accueilli au pays.

Valenzuela, qui est candidate aux élections municipales de Montréal en novembre, a ajouté que ce message touchait une corde sensible chez elle.

« C'est formidable d'entendre son père parler de ses racines, de son héritage canadien, équatorien, et philippin, a raconté Valenzuela. Ça démontre que peu importe ton histoire, si tu travailles sans relâche et que tu reçois l'appui adéquat, alors tu peux connaître du succès. »

Diego Stacey-Moreno, l'ambassadeur de l'Équateur au Canada, a souligné la diversité culturelle des joueurs de tennis canadiens qui brillent présentement sur la scène internationale.

« C'est important pour les jeunes de ne pas oublier leurs origines, qu'ils chérissent leur héritage culturel pour en bâtir un nouveau », a-t-il dit en entretien téléphonique d'Ottawa.

« Elle (Fernandez) personnifie la diversité culturelle, tout ce que le monde a de mieux à offrir », a-t-il ajouté.

Tennis Canada a indiqué qu'un rassemblement aura lieu à Montréal samedi pour la finale féminine des Internationaux des États-Unis, et celui-ci respectera toutes les consignes sanitaires pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

M. Stacey-Moreno prévoit pour sa part regarder le match en compagnie d'autres Équatoriens à Ottawa, et il a ajouté que peu importe l'issue de la rencontre, il y aura des festivités en Équateur et au Canada.

« Je peux vous assurer que nous suivons attentivement son parcours, a-t-il confié. Nous craquons tous pour Leylah. »