La nouvelle nous arrive de Paris, alors que Félix Auger-Aliassime décide que le temps est venu de procéder à un changement d'envergure soit mettre fin à son association avec son coach Guillaume Marx.

 

Honnêtement, le peu de fois que j'ai parlé à Guillaume, j'ai été impressionnée par sa connaissance du jeu et sa bienveillance envers son élève. Je me souviens aussi que je l'avais rencontré par hasard à l'aéroport de Dorval, il y a 6-7 ans, alors qu'il était tout fier de m'entretenir sur la fabuleuse relève dont disposait Tennis Canada. Je le vois encore me regarder droit dans les yeux, le regard pétillant pour me dire ceci : « Tu sais Hélène, on a une couple de jeunes qui deviendront très très bon. »

 

Oh, ce qu'il avait raison, alors que Denis Shapovalov et Auger-Aliassime ont connu une montée au classement vertigineuse. Denis goûte au top-10 pendant une semaine au mois de septembre et est 12e présentement. Pour sa part, Félix connait son meilleur classement en octobre 2019 avec une 17e place. Il pointe à ce jour au 21e rang à 20 ans. C'est absolument phénoménal!

 

Lorsque Félix et Guillaume commencent à travailler ensemble sous la gouverne de Louis Borfiga à Tennis Canada (rendons à César ce qui appartient à César), notre Québécois impressionne déjà la planète tennis parce qu'il est tellement en avance sur les jeunes de son âge. À 14 ans, il bat des vétérans établis et démontre beaucoup d'habiletés en brisant record après record de précocité.

 

Déjà, l'ancien joueur pro devenu entraîneur qu'est Marx est en mesure de l'aider à naviguer avec cette nouvelle gloire, en plus de le guider dans cette quête incessante de l'amélioration. Sachez que les défis sont grands sur la voie du succès. Combien de jeunes remplis de talent, avec des résultats fantastiques chez les juniors, sont incapables de continuer de se développer pour atteindre leur plein potentiel? Croyez-moi, ils sont légion. D'abord, cela prend beaucoup de maturité et d'humilité pour réaliser qu'il y a un monde de différence entre les juniors et les pros. Puis, se coller à une bonne équipe d'entraîneurs qui a la justesse de posséder une expérience suffisante du très haut niveau pour savoir ce qu'il faut travailler dans l'immédiat, tout en gardant un œil sur les priorités à court, moyen et long terme. La pépite est impatiente et veut monter au classement, mais doit suivre le fil conducteur de l'entraîneur et surtout lui faire confiance.

 

Il y a six ans, Félix Auger-Aliassime arrive pile poil à Tennis Canada à 14 ans comme un des plus beaux espoirs de notre pays. Quel beau timing, alors que notre tournoi est un évènement hors-pair qui rapporte beaucoup d'argent. Enfin, la fédération canadienne peut se permettre d'investir des montants importants pour développer ses talents avec dignité. Chers amis, dans mon temps, soit les années 70 et 80, cela n'était pas le cas du tout; nous étions laissés seuls à nous-mêmes, sans coachs sur le circuit, sans backing financier ou même sans encouragement des têtes dirigeantes. Heureusement que des passionnés comme Jack Hérisset, Richard Legendre et Pierre Lamarche se donnaient sans compter pour aider. Cela nous nous a permis d'y croire et de faire un pas de plus vers l'excellence.

 

Je suis contente pour Félix et sa famille qu'il arrive à maturité exactement au bon moment pour pouvoir profiter de la popularité du tennis chez nous. Son destin, c'est d'exceller et de gravir, marche par marche, les échelons du succès qui l'amèneront encore plus haut jusqu'au top-10, à se battre pour les plus grands titres. Quelques fois, cela implique des changements alors qu'il faut sans cesse s'améliorer. Je sais que pour certains au Québec et même au Canada, déménager à Monaco était considéré comme un pied-de-nez à sa province et son pays. Cela n'est pas le cas du tout, mais représente plutôt un positionnement stratégique avec un pied à terre en Europe, tout en comptant sur une panoplie de grands joueurs avec qui s'entraîner.

 

Mettre fin à son association avec Guillaume Marx est une étape parmi tant d'autres vers cette quête des plus hautes cimes, même si cela représente une décision très difficile à prendre parce que Félix lui doit beaucoup. Pour ma part, je crois que notre Québécois pourrait profiter grandement d'un coach/conseiller qui connaît les plus hauts niveaux de très près. Il faut prendre son temps pour choisir judicieusement. Entre temps, Félix est encore en double à Paris-Bercy et disputera un dernier tournoi la semaine prochaine à Sofia, épreuve de la série 250. J'espère vraiment que l'année 2021 sera un peu plus simple pour nous tous, mais pour lui permettre aussi de continuer de se développer normalement, étape par étape, avec tout le professionnalisme qu'on lui connaît, à lui et à son équipe. Je suis convaincue que le meilleur reste à venir, à condition qu'on règle certains problèmes techniques au service, sur les montées au filet, tout en travaillant l'aspect tactique et mental du jeu.

 

Un mot sur la rumeur qui circule depuis la semaine dernière alors que le nom de Roger Federer revient dans les discussions comme « super coach » potentiel de Félix éventuellement et/ou pour l'amener dans son agence. Il s'agit d'une rumeur non fondée qui a pour but de créer un buzz sur les réseaux sociaux. Et oui, dans les temps que nous vivons, il faut apprendre à faire le tri entre le vrai et le faux. Malheureusement, les deux se ressemblent beaucoup. Il faut donc développer beaucoup de sagesse et discernement.  

 

Peu importe, merci Guillaume Marx  pour ton dévouement sans retenue et ton expertise. J'espère de tout cœur que ta grande expérience permettra à d'autres jeunes de chez nous de développer leur plein potentiel. Tu nous as permis de rêver grand. Qui l'eut cru que du Québec, naissent de si grands champions de tennis...