La présidente de la WTA Micky Lawler est de passage à Montréal pour la première fois lors de la Coupe Rogers.

Celle qui a amorcé son mandat en janvier 2015 a eu l’occasion de visiter le site du nouveau Stade IGA en compagnie du directeur du tournoi Eugène Lapierre et a pu constater de ses propres yeux ce qui fait de l’évènement un grand succès chaque année.

« Je crois que l’équipe d’organisateurs a investi et continue d’investir dans le but d’améliorer l’évènement. Eugène accorde beaucoup d’importance au plan des sièges et à la disposition du village des partisans. Pour moi qui visite plusieurs établissements partout dans le monde, ça m’apparaît très clair que l’expérience est basée sur l’amateur avant tout et c’est évidemment la bonne façon de penser. Ça veut dire qu’ils sont à l’écoute des partisans, que leurs habitudes sont étudiées et qu’ils sont une priorité. Je pense que c’est la raison principale qui fait que ce tournoi a autant de succès », croit Mme Lawler, qui a également souligné l’excellence des infrastructures et des programmes de développement de la relève.   

Selon elle, le tournoi montréalais est même une référence.

« Cette équipe est composée de la crème de la crème. C’est tellement un plaisir d’être là parce que nous travaillons sur les Finales de fin de saison et venir ici nous donne beaucoup d’idées sur ce qu’on pourrait faire. C’est parfait. Il n’y a pas de mauvais siège dans le stade, on les a tous vérifiés. L’ambiance est très inclusive. Le centre des joueurs est incroyable, les gens sont incroyables. C’est l’un des meilleurs tournois au monde, c’est certain. »

Le fameux toit

Il a souvent été question d’installer un toit rétractable pour contrer la pluie qui chamboule inévitablement l’horaire des matchs chaque année, ce dont elle a discuté avec Lapierre, qui considère sérieusement l'option.

« C’est juste un autre exemple qui démontre qu’il (Eugène) est toujours en train de penser à ce qu’il peut faire pour améliorer les choses. Il ne s’assoit jamais sur ses lauriers. Certains tournois veulent se protéger contre ce problème et veulent protéger le futur de leur évènement. Étant donné le marché à Montréal, je pense que ce serait excellent, mais c’est aussi très dispendieux. Ce n’est pas un prérequis, mais c’est probablement un projet d’avenir. Si j’étais du genre à aimer parier, je dirais que ça va se concrétiser d’ici 5 ou 10 ans », prédit Mme Lawler, qui contribue au développement du tennis depuis une trentaine d’années et qui a également participé à une conférence, Le succès au féminin, plus tôt cette semaine.

La comparaison hommes/femmes

Outre les quatre prestigieux tournois du Grand Chelem, il existe quatre tournois Premiers Mandatories (Indian Wells, Key Biscayne, Madrid et Pékin) et cinq Premier 5 (Doha, Rome, Cincinnati, Toronto/Montréal et Wuhan) sur le circuit de la WTA.

Micky LawlerToronto et Montréal alternent chaque année l’organisation des tournois féminin et masculin. Bien que les deux évènements aient du succès, la portion des femmes est généralement un peu moins populaire. Elle offre aussi moins de points au classement et une bourse moins élevée. Micky Lawler voit toutefois très peu de différences entre les deux.

Montréal détient le record d’assistance pour un tournoi de tennis féminin d’une semaine dans le monde. Ce record de 181 996 spectateurs avait été établi en 2014, année où Serena Williams avait fait une rare apparition dans la métropole et avait été défaite par sa sœur Venus en demi-finale. Agnieszka Radwanska avait ultimement été sacrée championne.

« Ce tournoi-ci est l’un des neuf meilleurs sur le circuit de la WTA et se compare à celui des hommes, ils sont plutôt similaires. Au niveau de la bourse monétaire et des points, c’est structuré un peu différemment, mais je crois tout de même que ce tournoi va continuer de croître. En termes de croissance de la popularité du tennis féminin dans le monde, le Canada est une référence. Les Premier Mandatories sont là pour rester et je ne vois pas non plus de changements parmi les cinq tournois Premier 5. Dans les deux catégories, les tournois grandissent en tandem. Il y a un produit de qualité ici. »

Par ailleurs, malgré le fait que plusieurs désistements de joueuses arrivent souvent avant le tournoi, au grand dam des amateurs, il est difficile d’obliger celles-ci à s’engager au risque d’avoir des sanctions en raison des folles exigences du calendrier.

« Il y a tellement de joueuses et de tournois, dit-elle. Les joueuses voyagent à travers le monde pendant toute l’année et ont un rythme de vie dément. Des blessures peuvent arriver. Nous mettons beaucoup de stress sur les athlètes, nous devons garder un équilibre. Demander à une joueuse de s’engager pour un tournoi supplémentaire brise cet équilibre. Si on ajoute un tournoi, on doit compenser ailleurs dans le calendrier. Nous souhaitons maximiser les opportunités dans chaque ville et pour les athlètes, mais il faut que ça demeure sain. »

La blessure inquiétante de Buzarnescu fait réfléchir

La Roumaine Mihaela Buzarnescu s’est blessée sérieusement à la cheville lors de son match de mercredi contre Elina Svitolina avant de partir en chaise roulante. Cette dernière a relaté après la rencontre avoir eu l’impression que ça avait pris beaucoup de temps avant que quelqu’un arrive pour s’occuper d’elle. Elle se demandait également si c’est nécessaire d'avoir une ressource médicale aux abords des terrains en permanence.

Eugène Lapierre estime que l'intervention respectait les normes, surtout considérant le fait que le terrain Banque Nationale où est survenu l’incident est le plus éloigné de l’endroit où sont postés les soigneurs sur le site.

« On a calculé précisément 2 minutes 30 secondes entre le moment de la blessure et le moment où la soigneuse est arrivée, disait-il mercredi soir. Il n'y a rien qui est arrivé pendant ces 2 minutes 30 secondes qui aurait pu empirer la blessure, mais je suis d’accord que peut paraître long quand quelqu'un souffre et c’est peut-être ça qui ajoute à l’aspect dramatique. »

En réponse le lendemain, la présidente de la WTA allait dans le même sens.

« Nous avons revu les images très attentivement. La soigneuse a couru jusqu’au terrain en 2 minutes 30 tout en transportant beaucoup d’équipement. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà retrouvé en situation de crise, mais à ce moment-là, vous avez l’impression que ça prend une éternité. Ces 2 minutes 30 ont peut-être semblé durer 20 minutes, mais ça demeure 2 minutes 30. Moi je pense que le traitement s’est fait vite et bien. Elle a été transportée à l’hôpital ensuite. Je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire de plus. »

Selon la présidente, le tennis présente des conditions de jeu qui diffèrent d’autres sports et qui rendent plus complexe la gestion des ressources.

« Ce n’est pas comme au football où l’équipe complète se trouve au même endroit, soit sur le banc ou sur le terrain. Dans la WTA, le personnel est éparpillé dans les salles d’entraînement et de traitement. Quand les spécialistes ne sont pas déjà occupés quelque part, ils se trouvent aux abords du terrain, mais parfois c’est impossible. Il faut faire de son mieux pour gérer plusieurs cas à la fois. Ce qui est arrivé est bien malheureux, mais l’équipe a fait de l’excellent travail », conclut-elle.