MELBOURNE - Naomi Osaka a une nouvelle fois brisé la quête de Serena Williams d'un 24e sacre historique en Grand Chelem en demi-finales des Internationaux d'Australie, jeudi à Melbourne. La Japonaise visera un quatrième trophée majeur face à la nouvelle venue américaine Jennifer Brady.

Sur la Rod Laver Arena baignée de soleil et de nouveau ouverte au public, après la levée du confinement mercredi soir, la no 3 mondiale a dominé la cadette des sœurs Williams 6-3, 6-4 en pile 1 h 15.

Brady (24e) est ensuite venue à bout de la Tchèque Karolina Muchova (27e) 6-4, 3-6, 6-4 en un peu moins de deux heures. À 25 ans, l'Américaine jouera sa première finale majeure samedi.

Les larmes qui ont précipité la fin de sa conférence de presse expéditive le trahissent: pour Serena Williams, probablement apparue dans sa meilleure forme physique depuis son retour de grossesse au printemps 2018, c'est une désillusion de plus - à 39 ans - dans sa quête d'une 24e couronne en Grand Chelem qui lui permettrait d'égaler le record absolu établi par l'Australienne Margaret Court dans les années 1960-1970. 

«Si un jour je fais mes adieux...»

Depuis sa maternité, l'ex-no 1 mondiale aujourd'hui 11e a trébuché à quatre reprises sur la dernière marche, deux fois aux Internationaux des États-Unis et deux fois à Wimbledon, en 2018 et en 2019.

À quoi pensait-elle quand elle a quitté le Central de Melbourne en prenant le temps de saluer le public, la main sur le cœur?

«Je ne sais pas. Si un jour je fais mes adieux, je ne le dirai à personne», a répondu la vedette américaine, joueuse la plus âgée de l'ère Open à figurer dans le dernier carré des Internationaux d'Australie.

En finale des Internationaux des États-Unis en 2018 déjà, Osaka, dans le top-20 depuis peu et seulement vingt ans alors, avait tenu le choc dans un match pourtant explosif, au cours duquel Serena Williams s'était emportée contre l'arbitre et avait reçu trois avertissements, le dernier pour propos injurieux.

Dans la peau de la favorite cette fois, la Japonaise a parfaitement tenu son rang, un départ poussif ayant permis à l'Américaine de mener 2-0 et un épouvantable jeu de service gâché par trois doubles fautes en milieu de second set mis à part.

«J'étais très nerveuse au début. C'est très intimidant de servir dans le premier jeu et de la voir de l'autre côté du filet», avoue-t-elle.

«Je la regardais jouer quand j'étais petite et le simple fait d'être sur le court face à elle, c'est un rêve», ajoute Osaka, qui voudrait «que Serena joue pour toujours».

Patronne

Osaka, née d'une mère nipponne et d'un père haïtien, et qui vit aux États-Unis, ressemble de plus en plus à la patronne que se cherche le circuit féminin au bout d'une quinzaine particulièrement aboutie.

Face à Serena Williams, elle s'est montrée chirurgicale sur les points importants (quatre balles de bris converties sur quatre) et si percutante dans le jeu que sa prestigieuse adversaire en a paru impuissante.

Les grandes occasions transcendent la Japonaise, ex-no 1 mondiale aujourd'hui no 3 (et no 2 si elle s'impose samedi), qui cache une détermination farouche sous son air zen et détaché. Deux chiffres l'illustrent.

Quand elle franchit les huitièmes de finale en Grand Chelem, elle triomphe systématiquement. C'est arrivé trois fois jusque-là, aux Internationaux des États-Unis 2018 et 2020, et àaux Internationaux d'Australie 2019.

Des six trophées qui garnissent son palmarès depuis sa révélation en 2018, la moitié sont des tournois majeurs. Un ratio de haut vol.

Pour Brady, son ultime adversaire, conclure contre Muchova n'a rien eu de simple.

«Mes jambes tremblent, mon cœur bat la chamade, a-t-elle décrit après avoir converti sa cinquième balle de match. C'est un accomplissement incroyable.»

Cinq mois après sa demi-finale très accrochée contre Osaka aux Internationaux des États-Unis (7-6, 3-6, 6-3), sa première en Grand Chelem, la Floridienne s'attend à «un match très difficile».

«Je suis sûre que je serai nerveuse, mais je serai super excitée aussi, anticipe-t-elle. Et plus vous évoluez dans ces cercles, plus vous y êtes à l'aise.»