Le nouveau président de la Fédération Française de tennis Bernard Giudicelli a les nerfs solides. Nommé en poste en février dernier pour remplacer Jean Gaschassin, il avait déjà dit à ce moment-là haut et fort que Maria Sharapova ne méritait pas d'invitation pour Roland-Garros tout en rappellant que la FFT allait continuer de dédier des fonds à la lutte antidopage. 

Bon, j'avais trouvé ça bien de sa part de trancher avec autorité mais quelques jours plus tard, voilà que Monsieur le président rebrousse chemin disant qu'un comité allait être formé et qu'une décision serait prise le 16 mai. Je m'imagine facilement que l'agent de Maria,  Max Eisenbud chez IMG, qui a fait de la Russe la plus grande star planétaire du monde du sport chez les dames, réussisse à mettre une tonne de pression sur les « Frenchies » pour permettre à la grande championne, deux fois titrée à la Porte d'Auteuil (2012 et 2014), d'obtenir le précieux sésame.

Les directeurs de tournois de Stuttgart, Madrid et Rome n'ont-ils pas déroulé le tapis rouge pour faire une place à Maria? Oh oui, pour se servir de la star et mousser leurs ventes. Est-ce quelqu'un peut se tenir debout et faire preuve d'un peu de moralité? Je sais bien le « mighty dollar » mène le monde, mais comme c'est rafraîchissant de réaliser que les cousins ont su mettre leur pied au sol et se tenir devant le barrage de pression qui venait sans doute de bien des directions : IMG (The Internal Management Group), commanditaires, réseaux de télévision, etc.

Je vous dis : « Bravo! », gens de la Fédé de France! À Maria de faire sa place à la régulière pour se rebâtir un classement. Elle a purgé sa peine de 15 mois, et après sa demie à Stuttgart et ses deuxièmes tours à Madrid et Rome, elle sera 171e au monde lundi prochain. Donc, de son propre chef et dans le pire des scénarios, elle est déjà assurée d'avoir une place en qualifications à Wimbledon. Je suis certaine aussi que son agent pourra lui grapiller quelques invitations avant de jouer au All England Club. Du 12 juin au 1er juillet, il y a cinq tournois sur herbe. Donc, elle aura la chance de bien se préparer pour Wimbledon, qui commence le 3 juillet.

Il faut maintenant guérir cette blessure à la cuisse gauche, faire le vide, se reposer et dire « bye bye » à la terre battue pour mieux attaquer une surface qui est faite sur mesure pour son jeu : le gazon. Si Philip Brook, le grand patron du All England ne lui donne pas d'invitation dans le grand tableau (on le saura le 20 juin), elle a au moins la possibilité d'accepter humblement de « mériter » sa place en disputant les trois matchs de qualifications à Roehampton. Dans le fond, ce script d'Hollywood serait parfait si Maria regagnait sa place au sommet à la dure. Ça nous donnerait un peu d'espoir qu'il y a encore une forme de justice dans ce bas monde!

Je termine ce billet en citant les paroles de Giudicelli, que je partage d'ailleurs : « Il vous appartient désormais, jour après jour, tournoi après tournoi, de trouver la force de conquérir des titres sans devoir rien à personne... »