Corentin Moutet est un joueur unique de bien des façons. Il possède une patte gauche remplie de créativité mais aussi un tempérament parfois fragile et explosif. Le Français a justement la mèche trop courte pour espérer livrer une prestation bien structurée face à Félix Auger-Aliassime au 3e tour. En plus, le niveau de notre Québécois n'a jamais été aussi élevé. La cadence que FAA impose en fond de terrain est d'une autre dimension. 

 

Après quelques minutes seulement, Moutet a déjà sa tête des mauvais jours. Il est tellement dominé lors des deux premiers sets que ce n'est même pas drôle. Félix ne lui laisse qu'une seule petite partie. Il faut tout de même rester vigilant, mais surtout, ne pas se créer des scénarios de ce qui pourrait se passer si, si, si... Comme de fait, Moutet est plus présent au 3e set alors qu'il réussit à lui arracher son service une fois. Mais Auger-Aliassime reste confiant en ses moyens, s'adapte au jeu de l'autre qui se met un peut plus en place. 

 

En moins de deux heures, le match est bien ficelé, alors que Félix fait preuve de maturité et de calme. C'est une bien bonne chose que la rencontre ne s'étire pas car en ronde des 16, Dominic Thiem le défiera. L'Autrichien survole lui aussi ses deux premiers sets face à Marin Cilic. Dès le départ de la 3e manche cependant, Cilic sert mieux et rentre dans la folle cadence du Dominator... et quelle différence cela fait. Thiem stoppe l'hémorragie de justesse pour gagner en quatre sets. Il est sans doute super heureux d'éviter la 5e manche parce que le champion de l'US Open 2014 avait les dents pas mal longues.

 

Félix et Guillaume Marx ont vu cela et je suis certaine que la flamme de l'espoir brille. Ils ne sont surtout pas du genre à se contenter d'une 1re présence en 2e semaine Grand Chelem. La bataille de lundi sera rude mais oh, quel privilège d'en être témoins! Soyez assuré que Thiem connaît par coeur les hauts faits d'armes de Félix et le respecte énormément. « Il ne lui manque que de l'expérience », raconte Dominic en conférence de presse. Peu importe ce qui arrivera, FAA quittera New York les valises bien pleines de nouvelles « expériences ».

Et notre beau Vasek Pospisil dans tout cela? Face au coriace et méthodique Roberto Bautista Agut, on le savait bien que la bataille serait longue et ardue. Notre Canadien tire de l'arrière deux sets à un et par moments subi les travaux forcés en fond de terrain que lui impose l'Espagnol. Vasek a l'air tellement fatigué au début du 4e set mais heureusement, tout comme cela avait été le cas face à Milos Raonic, son service le garde en vie avec 79 % de premières balles en jeu! Que quatre petits points perdus avec cette arme redoutable et que six points joués en 2e balle pendant tout le set, c'est immense!

 

Bautista Agut est dominé par les 20 coups gagnants de Vasek qui garde le rythme au début du 5e set. Wow, 3 heures 40 minutes plus tard, c'est la délivrance! Quart-de-finaliste à Wimbledon en 2015, le Canadien affronte maintenant le petit poison de fond de terrain Alex de Minaur, 21e favori. Espérons que le corps peut encore encaisser car Vasek a le tennis d'attaque parfait pour déstabiliser l'Australien. 

 

Shapo a profité de le nervosité de Fritz

 

Que dire aussi du tour de force réalisé par Denis Shapovalov vendredi face au magnifique Taylor Fritz? Dommage qu'il devait y avoir un perdant dans cette rencontre entre deux grandes vedettes en devenir. C'est tout de même fascinant de voir tout le progrès réalisé par l'Américain lors des dernières années, alors qu'il avait glissé jusqu'à la 104e place au début de l'année 2018 pour se retrouver cette semaine 25e. Un titre l'an passé sur herbe à Eastbourne, une finale à Acapulco cette année, le voilà affuté comme jamais physiquement et aussi très conscient de sa valeur maintenant.

 

Fritz a la victoire au bout de la raquette alors qu'il sert pour le match à 5-3, 4e manche. Lui, le si grand serveur, passe à côté du moment, tétanisé par l'enjeu. Denis a le mérite de rester accroché pour livrer toute une performance et aller chercher le bris d'égalité. Soulagé et redevenu léger et à nouveau efficace au service, la 5e manche s'avère la plus facile à gagner pour notre Canadien. La déception est tellement grande pour Fritz, qu'il n'arrive pas à s'en remettre. Vidé mentalement, le corps ne suit plus. Il devra donc continuer de travailler avant d'atteindre la ronde des 16 en Grand Chelem pour une première fois. Denis répète cet exploit à New York après son mirobolant parcours en 2017. J'espère qu'il sera en mesure de récupérer parce que le Belge David Goffin l'attend et il est un sérieux client. À ne pas manquer sur nos ondes ce dimanche à 19 h. Prime time baby!

 

Quelques fois on se console en se comparant alors que Stefanos Tsitsipas mène deux sets à un et 5-1 au 4e set face à Borna Coric au 3e tour. Il rate six balles de match, dont trois de suite au service à 5-4. Pire, son père Apostolos le dérange constamment alors que son enfant se bat comme un dingue pendant 4 heures 36 minutes. Étrange scénario alors qu'il quitte sa place dans les estrades pour mieux revenir.

 

C'est visible que son papa n'arrive tout simplement pas à controler ses émotions. La situation est même pathétique par moments. Pourtant, il a été joueur sur le circuit. Je pense que le temps est venu pour Stefanos de couper le cordon et de s'entourer plutôt de professionnels.Taylor Fritz n'a pas ce problème alors que sa maman a été top-10 et son papa ainsi que son oncle ont joué aussi chez les pros. Le réputé Paul Annacone et David Nainkin sont au côté de Taylor alors que ses parents l'encouragent de loin laissant la place aux vrais pros du coaching. C'est bien cela l'idéal...