Listen to "Nadal et Halep, roi et reine à Roland-Garros - Épisode 2 - 11 juin 2018" on Spreaker.

Tout était en place pour une finale de rêve. Dominic Thiem, un merveilleux puissant combattant devant celui qui offre peut-être le plus grand défi sur le circuit, Rafael Nadal. Battre l'Espagnol, sur terre battue, au meilleur des cinq manches en finale de Roland-Garros, cela n'est jamais arrivé. Mais on peut y croire quand on analyse les forces en présence. Nadal est peut-être fatigué parce qu'à quelques reprises durant la quinzaine il alterne entre deux personnages : Docteur Jekyll et Mister Hyde. Poussif et nerveux par moments, mais aussi puissant, coriace et intraitable durant certaines séquences. Il met presque trois heures à se débarrasser de Simone Bolelli au 1e tour et serait peut-être passé à la casserole en quarts de finale alors que Diego Schwartzman mènet un set et un bris avant que la pluie ne vienne changer l'allure de la rencontre. De plus trois de ses matchs se jouent en deux jours en raison du temps maussade.

Pour sa part, Dominic Thiem grimpe en force et régularité durant le tournoi. Le seul homme qui aurait pu lui causer beaucoup de tord, Alexander Zverev, se blesse à la cuisse gauche à la quatrième partie du match, devenant du même coup une proie facile en quarts. Ce n'est jamais par hasard qu'un joueur atteint au moins les demies trois années de suite à Paris. Il y a beaucoup de travail et de méthode derrière tout cela. En plus, Thiem peut se vanter d'avoir battu Nadal trois fois sur terre en carrière ce qui n'est pas banal.

Malheureusement aujourd'hui en ronde ultime, Dominic n'arrive pas à assez bien servir pour se donner une chance de détrôner le roi de la terre. À chaque début de manche il est forcé de faire du temps supplémentaire juste pour rester la tête hors de l'eau. C'est dommage parce qu'au premier set il brise Nadal pour revenir à service égal mais jouera une très mauvaise partie au service encore une fois pour perdre le set 6-4. Thiem n'obtient que 3 balles de bris pendant tout le match tandis que Nadal s'en procurera un total de 17 lui chipant son service 5 fois. C'est immense comme différence.

Certes nous avons droit à quelques très beaux échanges durant la rencontre, mais l'Autrichien a trop souffert comme bien d'autres avant lui lorsque Nadal frappe son coup droit brossé profondément sur son revers à une main.

L'Espagnol a d'ailleurs avoué avoir disputé son meilleur match de la quinzaine en finale. Nadal a aussi souffert de crampes au majeur de la main gauche alors qu'il menait 2 sets à 0 et qu'il avait déjà le bris à 2-1. Mais Thiem n'a même pas tenté d'utiliser cet inconvénient pour faire travailler l'Espagnol un peu plus. Il faut croire que Thiem était un peu trop sonné et qu'il avait perdu confiance en ses moyens.

Nadal remporte donc un 11e titre à Roland Garros, tout un exploit. L'autre Autrichien Thomas Muster qui a gagné les Internationaux de France en 1995 racontait que Rafa est un coquillage difficile à ouvrir et il avait bien raison. J'aime aussi l'analyse du français Fabrice Santoro qui conclue que pour battre Nadal à la Porte D'Auteuil il faut jouer le point de sa vie, point après point.

Quelques beaux moments je retiens également durant la quinzaine: Gabriela Dawbroski qui se hisse en finale du double mixte avec Mate Pavic. Pas de 3e titre de Grand Chelem alors qu'ils perdent un match crève-coeur 10-8 au super bris d'égalité de la 3e manche. Et que dire de la belle énergie et l'aplomb de la Lavalloise Leylah Annie Fernandez qui se fraye un chemin jusqu'en demi-finale chez les filles? Elle possède vraiment une bonne tête de compétition et j'ai hâte de voir comment elle va se développer dans la prochaine année, et ce malgré son petit gabarit.

Bon êtes-vous prêts? Le temps est maintenant venu de passer au vert. Je me demande comment se passera la reprise pour Roger Federer.

En chiffres : Un record pour Rafael Nadal