La courte histoire de Leylah Fernandez à l'Omnium de tennis d'Indian Wells offre un bref aperçu de son ascension fulgurante dans la hiérarchie du tennis professionnel féminin.

La Lavalloise âgée de 19 ans entamera l'édition 2022 du tournoi au 21e échelon mondial, après avoir défendu avec succès son premier titre de la WTA à Monterrey, au Mexique.

Après avoir bénéficié d'un laissez-passer au premier tour qui a été remis aux 32 premières joueuses classées inscrites (elle est 18e tête de série), elle entamera son parcours dans le désert ce week-end contre la gagnante du duel entre Amanda Anisimova et Emma Navarro. Fernandez a d'ailleurs affronté Navarro en finale des Internationaux de France juniors en 2019.

Il y aura trois ans cette semaine, la Québécoise, alors âgée de 16 ans, était loin d'être prête à affronter les meilleures au monde dans le désert de la Californie.  

Alors classée 404e au monde, elle venait de s'incliner au premier tour des qualifications d'un tournoi mineur à Nishitama, au Japon, dont la cagnotte s'élevait à 25 000 $.

Puis, il y a deux ans cette semaine, après que d'excellentes prestations à deux tournois mexicains lui eurent permis de se hisser au 120e rang mondial, elle avait reçu une invitation pour le tableau principal à Indian Wells.

Une invitation dont elle n'a jamais pu se prévaloir.

Le tournoi a été annulé à cause de la pandémie de COVID-19 la veille du début des matchs de qualifications — les premiers balbutiements d'une pause qui allait se prolonger pendant cinq mois en 2020 dans le tennis professionnel.

Puis, il y a exactement un an, alors que l'Omnium d'Indian Wells venait d'être reporté, Fernandez a remporté son premier titre de la WTA à Monterrey. Ça s'était toutefois produit à huis clos.

«Ils avaient couvert les sièges avec des bâches portant le logo du tournoi. Quand j'ai gagné, il n'y avait que quelques bénévoles et les préposés aux balles», s'est souvenue Fernandez en entretien plus tôt cette semaine.

L'Omnium d'Indian Wells a été présenté en octobre l'an dernier, à peine un mois après que Fernandez eut atteint sa première finale en Grand Chelem aux Internationaux des États-Unis.

La Canadienne s'était présentée à Indian Wells dans le top-30, mais elle n'avait pas joué depuis sa brillante prestation à New York.

Elle a perdu au troisième tour, mettant du même coup un terme à sa saison. Elle est maintenant de retour au même endroit, après avoir accompli un autre exploit.

Fernandez a défendu son titre avec succès à Monterrey dimanche dernier contre un tableau beaucoup plus relevé que celui de 2021. Elle a sauvé cinq balles de match avant de venir à bout de la Colombienne Camila Osorio 6-7 (5), 6-4, 7-6 (5).

Et cette fois-ci, les gradins étaient remplis.

«C'était magique, a convenu Fernandez. Les partisans, tout le monde est conscient que ce sport est comme un champ de bataille. Nous donnons tout ce que nous avons, et nous savourons le moment.

«La moitié du stade prenait pour moi, et l'autre moitié, pour elle. Ça ressemblait à un match de soccer, et j'adore ça. C'était bien de ressentir cette énergie, voir les gens apprécier le moment. C'est la raison pour laquelle nous jouons à ce niveau-ci, parce que nous voulons que tout le monde ressente ça.»

Ce triomphe lui a du même coup permis de tourner la page sur son élimination dès le premier tour des Internationaux d'Australie en janvier, contre l'Australienne Maddison Inglis.

«Ce n'était qu'un de ces tournois où tout va mal. Chaque athlète traverse ce genre de séquence. Je devais simplement prendre du recul et comprendre ce qui s'était produit, a expliqué Fernandez. Tout a mal été. Rien ne s'est déroulé comme prévu.»

Fernandez a pris quelques jours de repos, s'est changé les idées, et est retournée à l'entraînement lorsqu'elle était prête.

Elle a brièvement songé à participer aux tournois de Dubaï et Doha en février, afin de reprendre le rythme. Mais en fin de compte, son entraîneur/père Jorge et elle ont convenu de suivre le plan initial.

Fernandez entamera l'Omnium d'Indian Wells en double jeudi soir avec la Française Alizé Cornet.  

Les attentes seront les mêmes qu'à l'habitude.

«Il faut prendre un match à la fois, et ne pas penser aux résultats, a-t-elle mentionné. Il faut s'amuser sur le court, et avec un peu de chance, de bonnes choses se produiront.»