Les dernières semaines ont été mouvementées entre ma participation à Roland-Garros et mes débuts dès mardi à Wimbledon.

J’ai d’abord connu un match crève-cœur contre Sorana Cirstea il y a environ deux semaines. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvée dans une situation comme ça, où j’ai perdu le match par un cheveu alors que j’étais à un point de l'emporter.

Devant la 26e tête de série du tournoi, une joueuse qui frappe très fort, déjà ça s’annonçait corsé. J’avais joué un très bon match jusqu'à ce que j'échappe le deuxième set et ç’a été un peu dur de m’en remettre par la suite. D’habitude on passe vite à travers, sauf que j’ai plutôt commencé à jouer un peu trop défensif et je l’ai laissée prendre les devants et enlever les points. J’ai fait beaucoup trop d’erreurs dans la troisième manche et ç'a certainement été difficile pour moi après la rencontre.

Il a toutefois fallu rapidement tourner la page pour s’attaquer à la saison sur herbe. Je me suis entraînée sur gazon synthétique sur le site de Roland-Garros et on a fait les ajustements nécessaires pour faire la transition entre la terre battue et le gazon, ce qui n’est pas évident parce qu'il s'agit d'un style de jeu complètement différent. Fini les balles brossées, les points sont plus rapides, avec trois échanges maximum, et c’est rare qu’il y en a plus que ça. Il fallait donc modifier quelques aspects en conséquence.

Question de mettre ces ajustements en pratique, je me suis ensuite envolée vers Birmingham où j’ai connu un excellent tournoi. J’ai disputé cinq gros matchs, dont deux en qualifications. Mon parcours s’est toutefois arrêté en troisième ronde contre Kirsten Flipkens. Je menais 6-1, puis 3-1 face à l’ancienne demi-finaliste de Wimbledon, mais elle est revenue en force et a bien servi. Elle a mieux joué dans le troisième set que moi et elle était plus agressive, tandis que de mon côté, j’ai eu du mal à relâcher mon jeu et à exécuter les coups. Ça s’est finalement joué sur quelques points. La Belge adopte un style de jeu qui n’est pas évident à suivre sur gazon parce qu’elle se sert souvent de sa slice, elle monte au filet et elle varie beaucoup. C’est une joueuse très coriace, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle s’est rendue aussi loin à Wimbledon en 2013.

Ç'a tout de même été un bon tournoi pour moi et il y a du positif à retirer de tout ça. Petit peu par petit peu, j’avance dans le classement et je suis désormais 118e au monde, soit une amélioration de 17 rangs depuis la dernière parution. Mon entraîneuse Nathalie Tauziat trouve aussi qu’il y a une belle progression dans mon jeu depuis le début de la tournée européenne, soit depuis Cagnes-sur-Mer, en France. Je fais des petits pas, mais on continue d’avancer et c’est encourageant. Il ne suffit que d’un bon tournoi pour accumuler les points et être propulsée vers l'avant.

Dès demain (17 juin), j'aurai d'ailleurs une autre belle occasion de poursuivre sur cette lancée alors que commencent les qualifications pour le tableau principal à Wimbledon. J’affronterai Renata Voracova, une joueuse peu connue puisqu’elle est 172e au monde. C’est une habituée du double, en plus du simple, et donc une fille qui développe bien son jeu au filet. Elle aime beaucoup monter sur le gazon et je devrai m’habituer à prendre de moins grands élans, ajuster la technique et dicter le rythme dès les premiers points. Si elle monte, je dois faire en sorte d’exécuter de bons passings pour la contourner. Parce que la balle ne rebondit pas vraiment, il faudra aussi que je sois très alerte sur cette surface en me tenant très basse, les jambes pliées, pour anticiper la direction de la balle. Les qualifications se poursuivront ensuite mercredi, puis jeudi.

Une femme dans la cour des hommes

Andy Murray et Amélie MauresmoPetite parenthèse sur la nouvelle concernant Andy Murray, qui est dorénavant entraîné par la Française Amélie Mauresmo.

C’est rare de voir une femme occuper ce poste sur le circuit, et d’autant plus au sein de l’ATP, parce que souvent, après leur carrière, les joueuses se consacrent à former une famille.

Je crois que Murray a choisi Mauresmo pour les bonnes raisons. C’est une ancienne championne (Internationaux d’Australie, Wimbledon) avec beaucoup d’expérience. Il voit ce qu’elle peut lui apporter, mais c’est certain que c’est différent comme approche. Dans mon cas, c’est la première fois que je m’associe à une femme alors que l’an passé j’avais surtout des hommes comme partenaires d’entraînement. On s’entend bien entre femmes et Nathalie comprend bien les émotions d’une joueuse.

Cette nouvelle association est cependant pour tous les deux un essai qui pour l’instant se limite à la saison sur gazon. C’est difficile de trouver la bonne combinaison entre joueur et coach. Il y a toujours une période d’adaptation, ça ne se bâtira pas en un claquement de doigts. Ce sera ultimement à Murray d'évaluer après Wimbledon si ce partenariat a un potentiel à plus long terme.

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*Propos recueillis par Audrey Roy