Comme j'espérais un duel grandiose pour cette finale entre deux épatantes revenantes. D'un côté Madison Keys avec cette fascinante capacité à brinquebaler l'adversaire d'un côté à l'autre avec une vitesse de balle virtigineuse et de l'autre Sloane Stephens qui a su déployer des trésors de résilience durant la quinzaine.

Cependant, j'avais un petit doute que cela puisse être possible parce que je n'arrivais tout simplement pas à me sortir de la tête le geste posé par Madison Keys en demie alors qu'elle mène 6-1, 4-1 face à la pétaradante Coco Vandeweghe. Contre toute attente, elle quitte le terrain pour recevoir un traitement à la cuisse alors qu'aucun signe de faiblesse n'est apparent. Ses déplacements sont légers et gracieux, sa qualité de balle est irréelle et elle est en train d'écraser la coriace Coco qui a le moral vous savez où, alors pourquoi démontrer un tel signe de faiblesse???

Quand on fouille un peu, on réalise que Keys a les adducteurs fragiles et que cette blessure vient souvent la hanter aux pires moments. Malheureusement, cela s'avère encore le cas aujourd'hui alors que le monde du tennis est à ses pieds, prêt à la hisser au zénith de sa profession tellement sa force de frappe herculéenne la place dans une catégorie à part.

Bon c'est bien beau tout cela mais un match de tennis ce n'est pas une opération au cerveau. À partir du moment que tu acceptes de te présenter sur le terrain il faut que tu te battes, que tu oublies la blessure, que tu pousses la machine au delà du réel. Incapable d'accepter cette mission, cela devient extrêmement difficile pour Keys de tenir, alors que Stephens la brise pour mener 3-2 au premier set. Plus jamais Stephens ne sera inquitée. Tissant sa toile avec panache, Sloane est disciplinée remettant toutes les balles en jeu et surtout en ne faisant pas de fautes directes! Devant les problèmes de mobilité et de confiance de l'adversaire, Sloane joue juste: constante lorsqu'il le faut, offensive lorsque l'échange tourne en sa faveur et forte mentalement lorsque le triomphe lui tend les bras.

Triste à dire dans un sens mais le moment le plus fort de cette finale c'est  à la toute fin lorsque les deux dames se retrouvent au filet pour la traditionnelle poignée de main. Par respect pour son amie, Sloane retient son immense joie et s'occupe plutôt à consoler sa bonne copine qui est en larmes. Wow, quel moment fort alors qu'en quelques secondes, l'adversaire est redevenue une grande amie, une soeur, une confidente.

Confirmée dans le rôle de la reine de New York j'ai hâte de voir comment Stephens négociera cette seconde étape de sa vie. Après avoir pleuré toutes les larmes de son corps sur cette finale ratée, j'espère que le clan de Keys lui fera réaliser jusqu'à quel point son talent est immense et lui montrera surtout comment exceller à l'approche des plus hauts sommets là où l'air se raréfie.

Ce qui me fait penser, s'il y en a un qui ne semble pas manquer d'air c'est bien notre jeune de 17 ans Félix Auger-Aliassime qui remporte un 3e tournoi et un 2e Challenger cette année en gagnant à Séville en Espagne sur terre battue. En finale Félix dispose d'Inigo Cervantes, 56e l'an passé. Wow wow wow...