Un coup d'oeil attentif aux classements mondiaux des circuits ATP et WTA suffit pour se convaincre que le tennis canadien est présentement en excellente santé. Le drapeau canadien s'y retrouve avec régularité.

Au total, en date du 5 mars 2019, six joueuses et joueurs représentant la feuille d'érable voient leur nom figurer parmi les 115 meilleures raquettes sur la planète. Du lot, cinq appartiennent au top-75 de leur circuit respectif.

L'entraîneur français et vice-président de Tennis Canada, Louis Borfiga, est d'avis que les infrasctrutures mises en place il y a un peu plus d'une décennie sont l'une des explications logiques à l'éclosion qu'ont récemment connu plusieurs athlètes de chez-nous.

« Le succès actuel (dans le tennis canadien), c’est celui du programme mis en place il y a une douzaine d’années. On a mis des fondations solides avec le centre national d’entraînement, des centres régionaux, un programme pour les moins de 12 ans. (...) Aujourd’hui, on commence à récolter pour le travail qui a été fait. »

« On arrive à recruter les talents à un jeune âge, à bien les encadrer avec de très bons entraîneurs. Je pense qu’on a parmi nous certains des meilleurs entraîneurs sur le circuit. On arrive à exploiter le maximum du potentiel de ces joueurs, et ça c’est grâce à notre structure, à la qualité des entraînements, ainsi qu’au suivi physique et médical. Ce n’est pas le fruit du hasard mais plutôt celui d’une politique bien pensée », insiste Borfiga, qui a accepté le défi proposé par Tennis Canada en 2006.

Il y a d'abord eu les Milos Raonic, Eugenie Bouchard et Vasek Pospisil, mais depuis, une nouvelle mouture canadienne s'est imposée, avec à l'avant-plan les Denis Shapovalov, Félix Auger-Aliassime et Bianca Andreescu.

« Après Eugenie, Milos et Vasek, on a réussi à bâtir (une nouvelle) génération. Ça prouve que notre système fonctionne bien, et qu’on ne se contente pas ce qu’on a. On vise toujours plus haut », assure Borfiga.

De grandes ambitions pour Auger-Aliassime

Comme plusieurs, le vétéran instructeur s'est réjoui de voir Auger-Aliassime accéder à 18 ans seulement à sa première finale de l'ATP, il y a une dizaine de jours, à l'Omnium de Rio, au Brésil.

« Il est évident que son tournoi à Rio a été un grand exploit, c’est-à-dire d’atteindre une finale de l’ATP au niveau 500. En plus, il l’a fait sur terre battue en Amérique du Sud, ce qui valorise encore plus son résultat. Mais ce qui m’a vraiment plu est sa façon de jouer. Il a été mentalement fort. Il a montré un visage serein durant tout le tournoi et une capacité à rebondir. »

« Félix le dit souvent : il ne se fixe pas de limites. Et je ne m’en fixe pas pour lui moi non plus. Il doit continuer à améliorer son jeu. Il n’aura 19 ans qu’au mois d’août. Le but de ses entraîneurs est de consolider son expérience, particulièrement dans les grands matchs. C’est irremplaçable d’affronter de grands joueurs pour acquérir de l’expérience. Bref, lui donner tous les moyens pour atteindre ses ambitions. »

Borfiga a disposé de suffisamment de matchs pour décortiquer le jeu du jeune tennisman pour comprendre que la terre battue est la surface sur laquelle il peut devenir un joueur craint de tous.

« Ça dit deux ans que je dis ça. Ça ne veut pas dire qu’il ne jouera pas bien sur le dur, mais sur terre battue, il a les armes pour être très performant. Je le vois gagner un Grand Chelem, et surtout Roland-Garros, parce qu’il a le jeu (pour y arriver). Quand il jouera à Roland-Garros, il aura le public derrière lui. Et quand on a (la foule française) derrière nous, on gagne 3 ou 4 points qui peuvent faire la différence. Je suis convaincu qu’il sera adopté par le public parisien. »

Monaco, un choix qui allait de soi

Finalement, Borfiga attribue à des raisons avant tout logistiques et tennistiques la récente décision de Félix Auger-Aliassime de déménager à Monaco.

Pour l'entraîneur français, c'est une évidence de penser que le jeune prodige, qui pointe au 58e échelon avant le coup d'envoi du Masters 1000 d'Indian Wells, a fait le bon choix.

« Je crois que c’était indispensable qu’il ait une base en Europe pour sa progression. À partir du mois d’avril et pendant quatre ou cinq mois, les tournois seront joués majoritairement en Europe. Il pourra faire deux ou trois tournois, rentrer chez lui à Monaco, puis avoir une semaine d’entraînement et de récupération. Il devenait très difficile de faire des voyages fréquents entre le Canada et l’Europe. »

« En plus, il y a de très bons joueurs qui s’entraînent à Monaco. Il pourra s’entraîner avec des joueurs de haut niveau, dans des conditions très motivantes. »