Si Félix Auger-Aliassime demeure les deux pieds bien ancrés sur terre à la suite de sa victoire au premier tour du Masters 1000 d’Indian Wells, il ne cache pas que ce résultat apporte une bonne dose de confiance pour la suite de sa saison qui se poursuivra prochainement à Miami.

Le Québécois de 17 ans est devenu non seulement le premier joueur né dans les années 2000 à disputer un match dans un tableau principal d’un tournoi de la série 1000, mais il n’a pas raté son rendez-vous avec l’histoire en signant par la même occasion sa première victoire sur le circuit professionnel de l’ATP.

Après deux victoires en qualifications, Auger-Aliassime a eu le meilleur devant son compatriote Vasek Pospisil en deux manches pour franchir non seulement le premier tour de la compétition, mais également une nouvelle étape dans sa carrière.

« Tout comme lorsque j’ai vécu des premières pour mon premier tournoi Challenger et lorsque j’ai amassé mes premiers points ATP, je crois qu’ici est un autre bon pas vers l’avant et il faut continuer dans cette direction », a-t-il exposé lors d’un appel-conférence jeudi.

Deux jours plus tard, celui qui occupe le 169e rang au classement de l’ATP croisait le fer avec un autre compatriote, Milos Raonic. Cette fois, le résultat a été en faveur de la 38e raquette mondiale qui a eu le meilleur en deux manches de 6-4. Comme l’indique le pointage, Auger-Aliassime a tenu son bout contre celui qui a déjà figuré parmi le top-3 au classement, même qu’il a eu la chance de recoller au pointage avec trois balles de bris alors que Raonic servait pour le match. Loin de le désappointer, ce résultat a fait réaliser au Québécois qu’il n’est pas si loin des joueurs qui évoluent régulièrement sur le circuit.  

« Je réalise que je ne suis peut-être pas si loin de ce niveau de jeu. Qui sait, si je sers un peu mieux lors de ce match, on peut peut-être jouer un troisième set et ensuite qui sait ce qui peut arriver. Je m’approche tranquillement du niveau où je veux être », a-t-il indiqué.

Le principal intéressé se présente donc avec des repères à Miami pour un deuxième tournoi consécutif de la série 1000. Celui qui a dû faire l’impasse sur le Challenger de Drummondville demeure terre-à-terre et il sait très bien que c’est un nouveau défi qui l’attend alors qu'il passera encore une fois par les qualifications.

« C’est certain que j’attaque le tournoi avec plus de confiance que lorsque je suis arrivé à Indian Wells. Chaque tournoi est par contre un nouveau départ. Sans repartir de zéro, alors que je veux bâtir sur ma confiance, je dois mettre le couvercle sur le dernier tournoi et passer au suivant. Je ne m’attends pas à me qualifier comme si de rien n'était. Ce sera difficile, car je vais avoir de bons joueurs devant moi, mais je suis confiant de pouvoir répéter ce que je viens de faire », a-t-il mentionné en vue du tournoi qui se mettra en branle le 20 mars.

« Je n’ai pas d’attentes particulières, mais j’ai confiance que je peux y arriver. Les conditions sont différentes d’une semaine à l’autre et d’un tournoi à l’autre, a-t-il ajouté. Il n’y a rien d’acquis et je dois toujours donner mon meilleur effort. On verra ce qui arrivera, mais ce qui est certain, c’est que ce résultat me donne la confiance d’y arriver. »

S’il vit une première actuellement, son compatriote et ami Denis Shapovalov est également passé par cette situation récemment, lui qui a connu son éclosion au cours de la dernière année. Auger-Aliassime ne veut cependant pas se mettre trop de pression sur les épaules bien qu’il ne cache pas qu’il aspire à suivre les traces de son compatriote.

« C’est motivant de voir un proche et un ami qui réussit aussi bien sur le circuit et qui te montre un peu la voie. Ça rend le tout un peu plus accessible et je peux me dire : " pourquoi pas moi cette année ou l’an prochain". C’est ensuite à moi de tracer ma propre route. Lui, il a explosé à Montréal. Moi ce sera peut-être avant ou après, mais je considère que dans quelques années, je serai au niveau où il est en ce moment. »

 « Les gens sont peut-être plus surpris de me voir à 17 ans et Denis à 18 d’être déjà dans ces tournois. Je ne sens pas encore la pression de devoir prouver quoi que ce soit en raison notamment de mon jeune âge. Je n’ai pas encore fait des exploits au niveau des Masters 1000 ou des grands chelems », a-t-il relativisé.

Apprendre auprès du maître

S’il peut s’inspirer de la progression de Shapovalov, Auger-Aliassime bénéficie d’un point de vue non négligeable sur le circuit alors qu’il a la chance de côtoyer le no 1 mondial Roger Federer.

Félix Auger-Aliassime et Roger FedererAprès avoir passé quelques jours avec lui en décembre dernier du côté de Dubaï, le Québécois a de nouveau vu ses services être requis pour servir de partenaire d’entraînement au Suisse à Indian Wells. Il compte bien profiter de chacun de ces moments comme il le qualifie lui-même « aux côtés du maître », et même si leurs conversations demeurent informelles, il a un siège privilégié pour entendre le tenant du titre à Indian Wells partager son expérience.

 « C’est certain qu’on parlait de son début de carrière et du mien, mais c’était de façon amicale et non professionnel. Il n’essayait pas de me coacher, alors qu'on parlait chacun de notre expérience », a expliqué Auger-Aliassime.

« C’était bon d’entendre dans ses propres mots comment il avait grandi sur le circuit, comment il avait eu ses débuts et c’est ce qui était enrichissant », a-t-il souligné.

Si certains pourraient se sentir intimidés en la présence de leur idole ou de joueurs qui ont et marquent encore l’histoire du tennis, Auger-Aliassime n’en laisse rien paraître. Il profite du moment tout en se rappelant tout le chemin qu’il a parcouru pour y arriver et il sait qu’il est à sa place.

 « C’est important de se ramener en famille et de demeurer sur terre également. C’est certain que de côtoyer de grands joueurs et des légendes du sport ça fait drôle pour un jeune comme moi, mais c’est là que j’ai toujours voulu être, sur ces terrains avec ces joueurs. Je dois profiter du moment et m’épanouir. »

« Federer a eu sa façon de grandir là-dedans et c’est à moi de trouver ma voie, à apprendre à gérer la situation. Il n’y a personne qui peut le faire à ma place », a retenu Auger-Aliassime de ses conversations avec celui qui a remporté 20 titres du grand chelem.