Décidément, le mois de février réussit bien à Félix Auger-Aliassime! Le voilà donc en finale pour une deuxième semaine de suite, ce qui démontre une belle solidité physique et mentale. Le chemin n'est pas bordé de pétunias cependant pour notre Québécois. D'entrée, les difficultés sont nombreuses face à Stefano Travaglia et Pierre-Hughes Herbert, alors qu'il peine par manque de constance. Mais je lui lève mon chapeau, parce qu'il est capable de rester lucide malgré les frustrations pour revenir de l'arrière et finalement renverser ces deux adversaires en sauvant plusieurs balles de match.

Je remarque aussi le même scénario face à Gilles Simon, alors que le Français est le meilleur à la première manche, mais n'arrive tout simplement pas à percer l'armure de Félix qui sait une fois de plus comment se faufiler et être opportuniste. Après le match, en entrevue, j'apprécie sa candeur, alors qu'il rigole un peu avec l'animateur en confirmant que « s'en sortir c'est le thème de la semaine ».

Intelligent et mature pour son âge, il réussit à mettre aussi la foule de son côté pour la finale en les remerciant d'avoir été juste même s'il affrontait l’un des leurs. Il démontre qu'il est au courant que l'Olympique de Marseille était à l'oeuvre et les remercie d'avoir choisi de venir en grand nombre pour la demi-finale. Vous voyez, ça peut paraître banal, mais c'est pour vous dire jusqu'à quel point FAA est un jeune homme à sa place chez les pros et qu'il sait déjà, à 19 ans seulement, comment s'exprimer en entrevue. Il dépose avec doigté des bases très solides qui lui permettront de connaître une carrière pleine, et ce, à tout point de vue. Ce n'est pas par hasard que tout le monde ou presque le trouve extrêmement sympathique et professionnel.

Malheureusement, les spectateurs peuvent l'encourager, mais ne peuvent pas jouer pour lui. Aujourd'hui, en ronde ultime, c'est visible que le jeune est sur les rotules. L'autre devant, Stefanos Tsitsipas est tout de même 6e mondial et n'a pas, avant cette semaine, connu de bons moments sur le circuit. On sait bien qu'il a beaucoup trop de talent pour donner dans l'ordinaire tournoi après tournoi.

La crème finit toujours par remonter à la surface, alors que Tsitsipas établit d'entrée de jeu qui est le patron pour cette finale. Il est en jambes, offensif et place rapidement Félix sous pression. Dès la 4e partie, le Grec brise et servira pour la manche à 5-3. Auger-Aliassime essaie de tenir et s'accrocher, mais comme il est fatigué, il est plus émotif et frustré. Alors que je pense vraiment que servir pour la manche ne sera qu'une formalité, FAA me surprend à nouveau, comme il l'a fait toute la semaine, pour faire douter l'adversaire et s'offrir 3 balles de bris. Mais il est incroyable!!! C'est bien cela cependant affronter un top-10, alors que Tsitsipas reste calme et retrouve sa constance et domination dans l'échange pour sceller quand même le premier set 6-3.

Au 2e set, nous avons droit à 3 bris de suite, mais encore une fois, Tsitsipas a plus de réserve et de constance. Le 2e set scellé 6-4. Tsitsipas nous prouve une fois de plus que lorsqu'on se sent bien dans un endroit précis que c'est plus facile rester positif et trouver des solutions plutôt que de se laisser aller à la frustration. Il remporte un 2e titre consécutif à Marseille, ce qui représente 8 matchs de suite sans perdre une manche, un bel exploit. Pour Félix, il s'agit d'une 5e finale en carrière alors qu'il n'a pas encore été en mesure de gagner une seule manche. Il finira certainement un jour par mieux gérer sa semaine pour être un peu plus en énergie pour la dernière fin de semaine.

Chaque expérience lui servira un jour, j'en suis certaine. Je vous rappelle qu'il aurait bien pu perdre au 1e tour et qu'au 2e tour face à Herbert, nous avons eu droit à un feu d'artifice de beaux coups. Au-delà de la défaite aujourd'hui, je retiens surtout le nombre de fois que Félix est brave cette semaine. Allez! On continue, alors qu'il s'envole vers Acapulco pour y affronter un qualifié.

Je tiens aussi à vous parler du Challenger de Drummondville qui avait lieu cette semaine et dont les grands honneurs ont été enlevés par l'Américain d'origine parisenne Maxime Cressy. Je vous garantis, gens des régions avoisinantes, que vous ne serez pas déçus si vous venez faire un tour au Club de tennis René Verrier. Pourquoi? Parce que le niveau de jeu est très élevé et que vous serez, comme moi, épaté par la qualité du spectacle. De plus, l'organisation est sans faille et les 300 bénévoles sont dévoués et surtout heureux de mettre la main à la pâte. L'atmosphère est à la fête, le tennis est formidable, les activités, dont le 5 à 7 pour rendre hommage aux commanditaires et dignitaires, sont menées avec panache et professionnalisme et le décor est bien pensé et magnifique. Franchement, bravo à tout le monde et je dis bien tout le monde, parce que les 3 coprésidents ont su embarquer toutes les sphères de la société pour assurer le succès de leur évènement. Preuve est faite une fois de plus : l'union fait la force. En passant, c'est à ce tournoi que Félix Auger-Aliassime gagne son premier match chez les pros à 14 ans, établissant un record de précocité. Il s'était même qualifié! Longue vie au Challenger de Drummondville, qui occupe une place vitale pour permettre à nos joueurs d'atteindre un jour les plus hauts échelons.