Scène inédite aux Internationaux des États-Unis jeudi : en plein match, l'arbitre de la rencontre entre le sanguin Nick Kyrgios et le Français Pierre-Hugues Herbert est intervenu pour encourager l'Australien, mal engagé dans la partie, à se reprendre.

Kyrgios, 30e joueur mondial, était mené par un set et un bris (6-4, 5-2) par le Français sur le court no 17 et montrait des signes de frustration évidents, se déplaçant à peine et commettant des fautes grossières, quand l'arbitre suédois Mohamed Lahyani a profité d'un changement de côté pour descendre de sa chaise et s'adresser directement, en tête à tête, à l'Australien de 23 ans, assis sur sa chaise l'air dépité, les bras derrière la tête et mordant dans sa serviette.

Fouetté par l'arbitre, Kyrgios avance au 3e tour

« Je veux t'aider. Je vois tes matchs et tu es quelqu'un de formidable pour ce sport. Ce n'est pas toi, je le sais », a-t-on pu entendre dire Lahyani.

L'intervention semble avoir eu l'effet escompté : Kyrgios a repris le bris contre Herbert et a fini par remporter le second set au jeu décisif (8 points à 6), puis la troisième manche (6-3).

Il l'a éventuellement emporté 4-6, 7-6 (6), 6-3 et 6-0.

Kyrgios a ensuite confirmé en entrevue d'après-match, directement sur le terrain, ce que l'officiel lui avait notamment dit.

« Il était juste inquiet de la façon que je jouait. Il m'a demandé : "Nicky, est-ce que ça va?". Je lui ai dit que ça allait bien, mais ça ne fonctionnait tout simplement pas. »

Plus tard, en conférence de presse, Kyrgios revenait à nouveau sur la situation.

« Ça n'a pas eu d'effet du tout. Pas du tout », a affirmé l'Australien, expliquant avoir déjà connu des situations comparables, dans lesquelles des arbitres l'invitaient à ne pas laisser filer le match.

« Ça ne m'a pas aidé du tout, a-t-il insisté. Il ne m'a pas entraîné du tout, c'est ridicule. »

Kyrgios défiera le Suisse Roger Federer, no 2 mondial, ou le Français Benoît Paire (56e) pour une place en huitièmes de finale.

Herbert désapprouve

Herbert a dit de l'arbitre que ce n'était « pas son rôle ».

« Il n'a pas à faire ce qu'il a fait. Ce n'était pas son rôle, ce n'est pas un entraîneur, c'est un arbitre et il n'a pas à descendre de sa chaise, a-t-il déploré à propos du Suédois Mohamed Lahyani. Un arbitre n'a pas à aider un joueur. Je crois que Mohamed Layhani a fait une erreur. Ce n'est pas approprié. »

« On ne saura jamais ce qui se serait passé si Mohamed (Lahyani) n'était pas descendu de sa chaise et ne lui avait pas parlé. Je ne peux pas vous assurer que Mohamed a changé le cours du match, mais je ne peux pas vous assurer que ça n'a pas eu un impact, a poursuivi Herbert. Tout ce que je peux dire, c'est qu'à partir de ce moment-là, il est devenu un autre joueur. »

« Avant, il n'était pas impliqué, faisait des doubles fautes... À partir du moment où Mohamed est descendu, il s'est mis à serrer le poing, à s'encourager, et surtout, il s'est mis à jouer à un niveau où je n'ai pas du tout pu suivre », a développé le joueur français.

Le US Open justifie l'attitude de l'arbitre 

Le US Open a justifié l'attitude de l'arbitre Mohamed Lahyani.

« Lahyani s'inquiétait du fait que Kyrgios ait peut-être besoin d'une aide médicale. Il a dit à Kyrgios que s'il se sentait mal, le tournoi pouvait lui apporter une aide médicale », écrivent les organisateurs dans un communiqué.

« Il a aussi informé Kyrgios que s'il continuait à ne pas sembler s'investir dans le match, alors en tant qu'arbitre de chaise, il devrait intervenir », poursuivent-ils.

L'arbitre « est descendu de sa chaise en raison du niveau de bruit dans le stade lors du changement de côté pour être sûr de pouvoir communiquer efficacement avec Kyrgios », justifient aussi les organisateurs.

Federer a lui aussi une opinion sur le sujet

Roger Federer a estimé qu'un arbitre ne pouvait « pas descendre parler comme ça ».

« Ce n'est pas le rôle d'un arbitre de descendre de sa chaise. En tant qu'arbitre, vous prenez des décisions depuis votre chaise, que ça vous plaise ou non. Mais vous ne descendez pas parler comme ça », a tranché Federer, interrogé en conférence de presse après sa qualification pour le troisième tour du US Open, où il affrontera justement Kyrgios.

« Je ne sais pas ce qu'il a dit. Ce qu'il a dit ne m'intéresse pas. Ce n'était pas simplement : "Comment te sens-tu? Oh, je ne me sens pas très bien." Et il remonte sur sa chaise. Il est resté là trop longtemps », a insisté le Suisse aux vingt couronnes en Grand Chelem.

« C'est une conversation. Une conversation peut changer votre état d'esprit. Que ce soit avec un kiné, un médecin ou un arbitre. C'est pour ça que ça ne se reproduira plus », a asséné l'ex-no 1 mondial.