MONTRÉAL - La Québécoise Valérie Tétreault a décidé de mettre un terme à sa carrière sur le circuit de la WTA. L'athlète de St-Jean-sur-Richelieu en a fait l'annonce officielle lors d'un point de presse, jeudi, au stade Uniprix.

"Aujourd'hui, je tourne la dernière page d'un long chapitre, a déclaré Tétreault. Je sais que ce sera difficile, que j'ai un deuil à faire. J'ai un peu l'impression de perdre une partie de mon identité, mais par contre, je ne regrette rien des 14 dernières années de ma vie. Si j'avais à le refaire, je recommencerais dès demain, sans hésiter."

Celle qui occupe actuellement le 206e échelon mondiale a connu une année difficile en 2010, marquée par des performances en dents de scie, une sérieuse blessure au tendon d'Achille et un changement d'entraîneur avec lequel l'athlète de 22 ans a eu du mal à négocier. Elle affirme toutefois que ses déboires de l'an dernier n'ont rien à voir avec sa décision.

"J'avais envie de passer à autre chose, de vivre quelque chose de nouveau, a indiqué la nouvelle retraitée. C'est certain que le tennis va me manquer énormément, c'est toute ma vie. Je me suis beaucoup investie là-dedans, j'ai tout donné. Je crois que c'est ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui, je peux être sereine (avec cette décision) et me retirer sans avoir de regrets. C'était important pour moi."

La jeune femme a d'ailleurs admis avoir songé à la retraite après la saison 2008, une saison où tout avait été de travers pour elle.

"C'était un contexte totalement différent. En 2008, rien allait comme je le voulais. Je ne gagnais pas de match et je ne croyais plus en moi. Si j'avais pris ma retraite à ce moment-là, je sais que je l'aurais regretté plus tard."

Une jeune retraitée

À seulement 22 ans, on peut se demander pourquoi le "feu sacré" n'y est plus dans le cas de Tétreault.

"Ce qu'il faut réaliser, c'est que j'ai commencé à jouer à l'âge de 7 ou 8 ans et que j'ai commencé à voyager très tôt, vers l'âge de 11 ans. Toute ma vie, je n'ai pas eu la même vie que les autres. Il y a des personnes qui vivent avec ça mieux que d'autres. Moi, je n'ai jamais adoré vivre dans mes valises. Je préfère une vie un peu plus stable. Du moins, c'est là où je suis rendue."

Cette carrière l'a forcée à mettre certaines choses de côté dans sa vie, notamment ses études.

"Une carrière en communications m'intéresse et je compte retourner aux études, probablement en septembre prochain. Puis, ça peut sembler stupide car je n'ai que 22 ans, mais je suis un peu trop rationnelle parfois et je me mets déjà à penser que je veux des enfants et que je ne les veux pas trop tard.

"Je veux que ma vie soit organisée quand viendra le temps de fonder ma famille et je veux avoir complété mes études. Je voudrais aussi pourvoir m'impliquer socialement. Je ne sais pas comment, mais je trouverai bien une façon. Ces éléments ont donc tous pesé dans la balance au moment de prendre ma décision."

Même l'argent a eu son mot à dire. Avec des gains cumulatifs de près de 159 000 $US en carrière, il est certain que Tétreault ne pourra pas se permettre immédiatement une retraite dorée.

"J'y pense de plus en plus, a-t-elle admis. Si je faisais 100 000 $ de profits à chaque saison, ce serait différent, mais ce n'est pas le cas. Il fallait me battre à chaque année pour ne pas 'être dans le rouge'. Oui, on fait de l'argent sur le circuit, mais il y a tellement de dépenses à couvrir.

"Il y a toujours une certaine incertitude et si on se blesse, il n'y a plus d'argent qui entre. À 20 ans on s'en soucie moins, mais là, j'aurai 23 ans en janvier et j'y pense plus."

Objectifs atteints

Tétreault, qui a compilé une fiche de 130 victoires contre 98 revers en carrière en simple, a connu ses meilleurs moments sur le circuit pendant la saison 2009 et au début de 2010, où elle a obtenu son meilleur classement mondial, soit le 112e rang, le 22 février dernier. Ses performances en 2009 l'avaient fait passer du 414e au 133e rang mondial. Même si elle n'a jamais percé le top 100, elle estime avoir atteint tous ses objectifs.

"J'ai gagné trois titres professionnels sur le circuit Challenger; j'ai représenté mon pays en Coupe Fédération; j'ai battu une (joueuse du) top 50 à l'automne dernier (la Tchèque Barbora Zahlavova Strycova, alors 51e); j'ai joué deux Grands Chelems; et j'ai eu la chance d'affronter Kim Clijsters (son idole) sur le court Rod-Laver aux Internationaux d'Australie.

"Pour certains, ces accomplissements peuvent sembler bien modestes, mais pour moi, ils constituent mon rêve. Je me dis : mission accomplie. Je pense que je peux entamer ma nouvelle vie en paix."