Kevin Anderson est devenu le premier Sud-Africain en près d'un siècle à accéder à la finale de Wimbledon, mais à quel prix... Il lui a fallu batailler pendant 6 h 36 pour venir à bout de l'Américain John Isner vendredi.

Les protagonistes de la seconde demi-finale, le no 1 mondial, l'Espagnol Rafael Nadal et le Serbe Novak Djokovic ont dû prendre leur mal en patience pendant de longues heures avant de pénétrer sur le court central dans la soirée sous le toit refermé et la lumière de ses projecteurs. 

Sans aucune garantie de pouvoir terminer la partie vendredi puisqu'un couvre-feu, voulu par les résidents de Wimbledon, impose l'arrêt des matchs à 23 h locales.

C'est au bout d'un ultime set de 2 h 55 qu'Anderson a eu la peau du géant Isner : 7-6 (6), 6-7 (5), 6-7 (9), 6-4, 26-24, bouclant ainsi le deuxième plus long match de l'histoire en Grand Chelem. Il est devenu le premier joueur de son pays à rallier la finale à Londres depuis Brian Norton en 1921.

Isner est décidément un habitué des matchs à rallonge. C'est lui qui avait remporté le plus long de l'histoire, déjà sur le gazon anglais face au Français Nicolas Mahut, en 2010 au premier tour... après 11 h 05 de jeu étalé sur trois jours, 70-68 au cinquième set.

Sur le court central vendredi, les coups gagnants ont plu : 247 coups gagnants au total (118 pour le Sud-Africain, 129 pour l'Américain). Et les as aussi comme prévu : 103 as au total, 49 pour Anderson et 53 pour Isner. 

Avec 214 cumulés au total en six matchs, l'Américain est devenu le nouveau détenteur du record sur une édition de Wimbledon, dépassant l'artificier croate Goran Ivanisevic, qui en avait lui empilé 212 à l'issue de son parcours vers le titre en 2001. 

Une maigre consolation pour le lauréat du Masters 1000 de Miami (en avril) qui avait attendu son 41e tournoi pour enfin accéder au dernier carré d'un tournoi du Grand Chelem.

« Je me sens horriblement mal », a dit en conférence de presse, l'Américain de 33 ans, soigné plusieurs fois pour des ampoules pendant la partie et souffrant visiblement aussi d'un pied.

Pour un changement de règle

Dans le set décisif, la victoire a souri à celui qui aura été le plus résistant, mais après des efforts à en perdre la raison.

« C'est juste une peine cruelle et inutile infligée à ces deux mecs », a estimé l'ancien champion américain John McEnroe, trois fois lauréat à Londres (1981, 1984, 1985) en commentant le match pour la BBC.

Les deux géants (2,08 m pour Isner, 2,03 m pour Anderson) se sont donnés une chaleureuse accolade à l'issue de la partie. 

Harassé, le Sud-Africain de 32 ans avait bien du mal à jouir de sa victoire et préconisait surtout un changement des règles, avec pourquoi pas l'application du bris d'égalité au cinquième set, comme aux Internationaux des États-Unis.

« J'espère vraiment que les choses vont changer en Grand Chelem, parce qu'après autant de temps passé sur le court, on ne sent pas super », a dit Anderson, juste après la rencontre.

« Ça fait longtemps que ça devrait l'être (modifié), a mentionné Isner, qui a suggéré la possibilité d'instaurer un bris d'égalité lorsque le score est à égalité 12-12 au cinquième set. J'ai mon mot à dire; en fait je suis au coeur de la discussion, de toute évidence. »

Anderson, finaliste du US Open, avait déjà joué pendant près de 4 h 15 en quarts pour faire chuter le tenant du titre, le Suisse Roger Federer.

« Il va falloir que je récupère du mieux possible avant la finale dimanche », a-t-il souligné.

Bénéficiera-t-il d'assez de temps pour être compétitif face au défi qui l'attend?

 

Le coup du tournoi? Kevin Anderson, le gaucher!
Finalement le bris pour Anderson!
18-17, 5e manche... quel spectacle!
6 heures de jeu et toujours aussi vif
Une leçon de service après 5h30 de jeu!
Un passing et on s'assoit!