LONDRES - Roger Federer a rendez-vous avec l'histoire dimanche en finale de Wimbledon. Avec un succès contre Marin Cilic, il décrocherait un 19e titre du Grand Chelem et un 8e dans son jardin anglais, une performance unique.

Le maestro suisse en rêve depuis son dernier sacre à Londres il y a cinq ans. « Marquer l'histoire ici à Wimbledon, c'est très important. J'adore ce tournoi », a-t-il rappelé vendredi après la demi-finale face au Tchèque Tomas Berdych.

À bientôt 36 ans (le 8 août), « RF » n'aura plus des tonnes d'occasions de soulever le trophée qui lui a échappé lors de ses deux dernières finales, en 2014 et 2015 face à Novak Djokovic. Ni le Serbe, ni les autres membres du « Big Four », l'Espagnol Rafael Nadal, qui l'avait détrôné dans le « temple » en 2008, et l'Écossais Andy Murray, tous éliminés avant les demi-finales, ne sont là pour l'arrêter. Occasion à saisir!

Les précédentes cette année, il ne les a pas ratées, remportant les Internationaux d'Australie, son premier majeur depuis 2012, puis les Masters d'Indian Wells et de Miami.

Depuis, le Bâlois n'a d'yeux que pour Wimbledon. Il veut tellement cette huitième couronne qu'il a fait l'impasse sur la tournée sur terre battue, Roland-Garros inclus, pour limiter les risques de blessure.

Jusqu'ici le plan a fonctionné à merveille sur gazon, si ce n'est un faux départ à Stuttgart où le vétéran allemand Tommy Haas l'a surpris d'entrée. Après ça, Federer a englouti 11 matchs de Halle (Allemagne) à Wimbledon sans concéder le moindre set!

Vendredi, il est devenu le finaliste le plus âgé à Londres depuis 1974. L'inoxydable Australien Ken Rosewall perdait cette année-là, à 39 ans bien tassés, le duel de la dernière journée contre l'Américain Jimmy Connors.

Dépasser l'idole Sampras

Federer espère maintenant dépasser son idole de jeunesse, l'Américain Pete Sampras, et le Britannique William Renshaw - un champion de la fin du 19e siècle - avec lesquels il partage le record masculin de titres à Londres (7).

Pour cela, il faudra faire chuter Cilic qui peut devenir le deuxième joueur croate à triompher sur l'herbe du All England Club, 16 ans après son ancien entraîneur Goran Ivanisevic.

Sous-estimé selon son coach actuel, le Suédois Jonas Björkman, le 6e mondial entend prouver que son triomphe aux Internationaux des États-Unis 2014 n'était pas qu'un coup d'éclat. Cette deuxième finale majeure face au maître des lieux et véritable chouchou du public, lui en donne l'occasion.

« (Le court central), c'est l'endroit où Roger joue son meilleur tennis. Mais il y a un an, j'étais seulement à un point de le battre. Je crois en mes chances et en mes capacités de gagner », a assuré le Croate de 28 ans, en évoquant les trois balles de match qu'il s'était procuré contre le Suisse, en quart de finale en 2016.

Le service de Cilic

Il avait fallu un numéro d'équilibriste de Federer, pas au top de sa forme à l'époque, pour s'en sortir (6-7 (4), 4-6, 6-3, 7-6 (9), 6-3).

De ses sept duels avec le géant des Balkans (1,98 m), l'ancien no 1 mondial n'en a perdu qu'un : il y a trois ans en demi-finale des Internationaux des États-Unis (6-3, 6-4, 6-4). « Il frappait des services et des retours à volonté. J'avais eu une petite chance dans le troisième set, avec un bris d'avance. Mais il était en totale confiance. C'était vraiment très, très impressionnant », se souvient Federer.

Selon lui, l'une des clés du match sera de trouver la bonne dose de prise de risque, d'être « créatif et inspiré ». La longueur de balle du Cilic en retour et son redoutable service - près de 22 as frappés par match - seront aussi des paramètres à maîtriser.