LONDRES - Roger Federer ne regrette pas d'avoir rangé sa raquette pendant plus deux mois et renoncé à Roland-Garros. Il est à l'heure au rendez-vous ultime de sa saison, la finale de Wimbledon dimanche, « frais » et en pleine possession de ses moyens.

L'an passé, le Suisse avait quitté le tournoi sur une défaite en demi-finale face au Canadien Milos Raonic avec un genou gauche en vrac. Il n'avait plus rejoué de la saison pour se soigner. Pour lui, « le but, à l'époque, c'était de revenir fort pour la saison sur terre battue et la saison sur herbe avant Wimbledon ».

Mais son début d'année 2017 a dépassé ses espérances. Revenu sur la pointe des pieds en janvier, le Bâlois de presque 36 ans (début août) ne s'attendait pas à remporter un 18e trophée majeur à Melbourne, puis les Masters d'Indian Wells et de Miami, c'est-à-dire les plus grands tournois des trois premiers mois de l'année.

« C'était irréel. J'avais l'impression d'être dans un rêve. Je n'arrivais à croire d'être capable de maintenir un si haut niveau », a confié à Londres le recordman des titres majeurs, qui n'avait réalisé le « triplé du soleil » qu'une fois en... 2006.

Après ça, il a fallu faire un choix : participer à la tournée sur terre battue et prendre le risque de se blesser, voire de perdre en confiance, ou faire l'impasse et revenir plus frais pour la saison sur herbe mais en manque de compétition.

« Je n'ai plus 24 ans, il est probable que je ne joue aucun tournoi sur terre battue, à l'exception de Roland-Garros (NDLR : 28 mai-11 juin). J'ai besoin de repos et de bien me préparer », avait annoncé « RF » début avril en Floride, après sa victoire contre Rafael Nadal en finale.

Choix payant

Finalement, il ne fera même pas le voyage en France, regardant de loin son grand rival espagnol, redevenu intouchable sur l'ocre, remporter un 10e titre à Paris. « Cette décision n'était pas facile. Je ne sais pas si j'aurais pu avoir le même parcours à Wimbledon en ayant joué Roland-Garros. Mais je ne me suis pas blessé et ce choix a payé avec la fraîcheur que j'ai ici », a expliqué l'ancien no 1 mondial, 5e aujourd'hui.

Le danger avec une telle pause, et l'absence de tournoi pendant dix semaines, c'était de manquer de rythme. Au début de la préparation sur herbe, mi-juin à Stuttgart, sa défaite d'entrée face au vétéran Tommy Haas (39 ans), ancien no 2 mondial redescendu alors au 302e rang, avait inquiété ses fans.

Le Bâlois les a vite rassurés en s'adjugeant le tournoi de Halle pour la neuvième fois puis en remportant ses six matches à Wimbledon avant la finale. Et ce sans lâcher un set en route.

Federer se sent maintenant « prêt » à soulever un 19e trophée majeur, le huitième à Londres, là où tout a commencé pour lui en 2003 lorsqu'il portait le catogan et la barbe de trois jours.

« C'était il y a des lustres », commente l'intéressé qui se sent plus proche de son niveau de 2012. L'année de son dernier titre dans le temple du All England Club. Enfin, il l'« espère ».