INDIAN WELLS, Calif. - La Canadienne Bianca Andreescu semble avoir gagné beaucoup d'admirateurs sur la scène du tennis au cours des dix derniers jours. La liste inclut l'un des plus grands joueurs de tous les temps, l'Australien Rod Laver. Rien de moins.

Puisant au plus profond de ses ressources, Andreescu a remporté les grands honneurs du tournoi de tennis d'Indian Wells grâce à une victoire en trois manches de 6-4, 3-6, 6-4 contre l'Allemande Angelique Kerber dimanche après-midi.

À 18 ans et 274 jours, Andreescu est la plus jeune joueuse à gagner un tournoi « Premier Mandatory » de la WTA, le troisième niveau de compétition sur le circuit féminin après les Grands Chelems et la finale de la WTA. Elle est aussi la première joueuse à l'emporter à Indian Wells après avoir reçu une invitation des organisateurs et la quatrième plus jeune à sortir victorieuse de ce tournoi derrière Martina Hingis, Serena Williams et Monica Seles.

Surtout, ce triomphe lui assure de grimper jusqu'au 24e échelon du classement mondial, un bond de 36 positions par rapport à son rang au début de la semaine, alors qu'elle participera au tournoi de Miami, un autre tournoi "Premier Mandatory" au cours des prochains jours.

« Je me sentais vraiment étourdie dans le vestiaire parce que j'étais envahie par tant de pensées et d'émotions, a déclaré Andreescu en conférence de presse. J'ai pris un bon bain de glace et je pense que ça m'a calmée un peu. Mais oui, ç'a été une aventure complètement folle. Un vrai conte de fée. Naomi (Osaka) l'a fait l'an dernier. Et maintenant, de voir mon nom devant ceux d'autant grandes championnes représente beaucoup pour moi. »

Cette victoire d'Andreescu, sa première à un tournoi sanctionné par la WTA, a été réalisée dans des conditions où l'adversité règnait.

Mal en point physiquement, au point de recevoir deux visites de la thérapeute au troisième set, pour une douleur au bras droit, puis pour des crampes, Andreescu a trouvé le moyen d'inscrire trois bris lors de ce troisième set. Le dernier lui a permis de confirmer ce prestigieux triomphe face à la huitième joueuse mondiale après 2 h 20 minutes d'action soutenue et spectaculaire.

Kerber, une ancienne numéro un mondiale détentrice de trois titres du Grand Chelem en carrière, semblait pourtant en plein contrôle de la situation après avoir réussi son deuxième bris du match, lors du cinquième jeu de la manche décisive.

Mais Andreescu a répliqué avec un bris dès le jeu suivant, pour ramener le score à 3-3. Entre les deux, la Canadienne avait reçu la visite de Sylvain Bruneau, son entraîneur.

« Tu sais à quel point tu es forte! Ne lâche pas! Continue de la faire travailler », lui a-t-il dit à sa chaise.

Selon Andreescu, ce fut un point clé du match.

« Il m'a vraiment aidée avec des mots tellement incroyables. De la façon dont il dit les choses, vraiment, ça me donne des frissons. Je suis contente de l'avoir appelé à ce moment-là. »

« Elle est revenue avec une énergie nouvelle. Il fallait réussir à passer par-dessus la douleur. Nous devions y arriver, a mentionné Bruneau en entrevue téléphonique avec RDS.

« Il faut lui donner le crédit. Elle a énormément de détermination. Elle est très acharnée et elle est parvenue à le faire. C’est formidable la manière dont elle est revenue. »

« Elle a cette qualité Bianca alors que plus l’enjeu est gros et que les points sont importants. Elle n’a pas peur d’aller chercher les points », a précisé l'entraîneur.

Deux jeux plus tard, Andreescu réalisait un autre bris pour se donner une avance de 5-3.

Alors qu'elle servait pour le match, Andreescu a d'abord laissé filer trois balles de match avant de subir un bris à son tour qui ramenait les deux joueuses à service égal. Mais au lieu de se laisser abattre, Andreescu est revenue avec plus de force encore et elle s'est donné une quatrième balle de match.

Après que Kerber eut envoyé un revers dans le filet, Andreescu s'est laissé tomber sur le dos derrière la ligne de fond. Après la poignée de main traditionnelle, Andreescu est retournée sur le terrain et s'est de nouveau étendue de tout son long sur le dos pendant plusieurs secondes, sous les applaudissements nourris de la foule.

« Après le premier set, j'ai essayé de revenir, a déclaré Kerber en conférence de presse. Elle a bien joué, surtout lors de la troisième manche. Lorsqu'elle a eu des occasions, elle y est allée le tout pour le tout. Elle met la balle en jeu. À la fin, elle méritait de gagner. »

Avec cette victoire, Andreescu a mérité un chèque de 1 354 010$ US mais aussi les éloges de Laver.

« Une étoile est née, félicitations! Bandreescu_ quelle battante tu es », a écrit Laver via son compte Twitter après le match.

Un départ canon

Contrairement à son match de demi-finale contre l'Ukrainienne Elina Svitolina vendredi, où elle s'était rapidement retrouvée face à un recul de 0-3, Andreescu a amorcé la finale avec aplomb. Dès le premier jeu du match, avec Kerber au service, Andreescu a provoqué quatre chances de bris consécutives. La quatrième aura été la bonne à la suite d'une double faute de l'Allemande, sa deuxième du jeu.

Ce bris a résisté tout le reste de ce premier set, que la Canadienne a gagné après 41 minutes d'action, et sans faire face à une seule balle de bris, grâce à un coup droit en croisé près de la ligne de côté.

Nettement plus solide à son service après un jeu initial difficile, Kerber a finalement vu une première ouverture au service d'Andreescu lors du quatrième jeu du deuxième set. Elle a converti cette première chance de bris, aidée par deux erreurs directes consécutives de sa jeune rivale, pour se donner une avance de 3-1.

Ce bris s'est avéré d'autant plus important que lors du jeu précédent, Andreescu s'était elle-même donné deux balles de bris, ses premières depuis le premier jeu de la première manche. Kerber a cependant résisté.

L'Allemande a gagné la deuxième manche en 48 minutes lorsqu'un revers coupé d'Andreescu a abouti dans le filet pour mettre la table à une manche décisive et qui se sera avérée fertile en rebondissements de toutes sortes.

Andreescu est championne!
« Le prochain sera un grand chelem! »
Sylvain Bruneau a su trouver les mots justes
« Il fallait passer par-dessus la douleur »