Après s'être retirée des Internationaux de France, la Russe Maria Sharapova comptera sur un Canadien pour remettre son dos dans le droit chemin.

Marcin Goszczynski, de Calgary, est préparateur physique et massothérapeute. Il sera la personne clé qui tentera de régler l'épaule droite récalcitrante de Sharapova pour ce qui pourrait bien être son dernier tour de piste.

L'ex-numéro un au monde s'est retiré mercredi de Roland-Garros afin de se laisser plus de temps pour récupérer pour la saison sur gazon et Wimbledon. Elle a toujours tenté de s'entourer des meilleurs. Dans le monde très restreint des athlètes de pointe, Goszczynnski lui a été chaudement recommandé et Sharapova a fait appel à ses services de façon sporadique à compter de 2017.

Âgé de 36 ans Goszczynski garde un profil bas malgré une feuille de toute impressionnante. L'ex-patineur de vitesse - il a fait partie de l'équipe nationale - a travaillé avec Sidney Crosby, Hayley Wickenheiser, Andre de Grasse et Kaillie Humphries, en plus d'accompagner les équipes de patinage de vitesse et de bobsleigh aux Jeux olympiques.

Polonais d'origine, ses parents ont fait défection vers l'Allemagne avant d'émigrer au Canada avec leur jeune fils. Ils ont choisi Calgary tandis que la ville se préparait à accueillir les JO 1988.

Leur fils voulait étudier la massothérapie. Ses parents tenaient à ce qu'il obtienne un diplôme universitaire. Alors Goszczynski a fait ses études en kinésiologie à l'Université de Calgary.

La formation chiropratique étant hors de prix, Goszczynski a donc travaillé comme préparateur physique de jour, tout en complétant une formation de 2200 heures en massothérapie à l'université Mount Royal de soir.

« La première personne qui a cru en moi est (Hayley Wickenheiser). Elle m'a donné une chance en route vers les Jeux de Sotchi (2014), a-t-il expliqué. Le bouche-à-oreille a alors commencé et rapidement, plusieurs professionnels dans des sports différents m'ont contacté. »

Wickenheiser n'a que de bons mots pour lui.

« Marcin est extrêmement talentueux. Il comprend vraiment l'athlète dans toutes ses facettes, mentale, physique et émotive, et de quelle façon tout cela influence ses performances, a-t-elle indiqué. Il a d'excellentes mains et une très bonne intuition également. C'est un maître de son art et Sharapova est chanceuse de l'avoir dans son clan. »

Humphries, qui a connu Goszczynski quand il était toujours compétiteur, estime que cette expérience le différencie des autres thérapeutes.

« Ça lui donne un énorme avantage sur les autres thérapeutes, a dit Humphries. Il sait ce que le corps peut endurer physiquement, mentalement, et à quel point la thérapie et la récupération sont importantes. Sa quête de l'excellence n'a pas pris fin quand il s'est retiré comme athlète. C'est ce qui fait qu'il est l'un des meilleurs au monde. »

Au cours de son parcours atypique, Goszczynski a appris d'experts de différents domaines. Ce sont ses nombreux contacts qui l'ont mené jusqu'à Sharapova.

En travaillant avec Crosby, il a rencontré le chiropraticien Mark Lindsay, qui a travaillé avec la Russe. Au cours d'une formation que lui avait suggérée Lindsay à l'Université Queen's, il a rencontré un autre mentor, le chiropraticien Keith Pine. Quand Max Eisenbud, l'agent de Sharapova, cherchait quelqu'un pour travailler elle, il a demandé à Lindsay et Pine de lui faire des recommandations.

Les deux, sans se consulter, ont recommandé Goszczynski.

Sharapova a subi une intervention chirurgicale à l'épaule en 2008. Depuis, elle est toujours ennuyée. Au cours de la dernière année, Sharapova a bien joué, quand elle a pu le faire. Mais son épaule peut l'abandonner à tout moment. Elle doit alors retourner à la table à dessin.

Elle n'a pas joué depuis février et a subi divers traitements depuis.

« Quand quelqu'un n'est pas aussi consciencieux que Maria, les chances d'effectuer un retour réussi sont plus minces, a expliqué Goszczynski. Mais quand vous devez négocier avec un élément hors de votre contrôle génétique, c'est un défi. Il n'y a pas vraiment de réponse. Vous découvrez ce qui fonctionne et ce qui ne le fait pas et vous devez tenter quelque chose de nouveau. Une autre vision. »

« C'est une question de gestion. Peut-on lui permettre de tenter un dernier tour de piste couronnée de succès alors qu'elle est potentiellement à la fin de sa carrière? Oui. Mais souhaitons qu'on puisse faire mieux: prolonger cette carrière. »