MONTRÉAL - « Quand les joueurs sont tranquilles, c’est à ce moment qu’on commence à s’inquiéter. »

Avant l’entraînement des Carabins de mercredi soir, les étudiants-athlètes de l’Université de Montréal affichaient le même état d’esprit que d’habitude.

En attendant le coup de sifflet de leur entraîneur Danny Maciocia qui signifierait le début de l’entraînement, plusieurs joueurs étaient en cercle à jouer à un jeu banal. Leur plaisir d’être en groupe était palpable et on aurait dit des enfants dans une cour d’école.

À quelques jours de la demi-finale canadienne face aux Gryphons de l’Université de Guelph, l’ambiance était décontractée. Si certains joueurs éprouvaient de la nervosité à l’approche du match le plus important de la saison, ils le cachaient très bien.

 « Tout le monde nous parle de pression, mais je ne pense pas que grand-monde dans l’équipe m’écoute quand je parle de pression, a indiqué Maciocia en riant. Ça n’existe pas la pression ici. Je vois ça comme une opportunité. »

Lorsque l’entraînement des Bleus a débuté, les éclats de rire ont fait place au côté sérieux de l’équipe qui se prépare méticuleusement semaine après semaine. Les joueurs étaient à l’écoute de leurs entraîneurs et chaque consigne était assimilée.

Des quatre équipes présentes dans le carré d’as, les Carabins sont les seuls à avoir été aussi loin l’an dernier. Qui plus est, ils sont les champions en titre au Canada. Pour les Bleus, cette conquête fait partie du passé et c’est une autre histoire qui s’écrit cette année.

« C’est un message que Danny (Maciocia) s’est assuré de nous transmettre. Je ne pense pas que la pression de défendre notre titre existe. En ce moment, on essaie de trouver une façon de gagner en 2015 parce que la manière qu’on a utilisée pour gagner l’an dernier, on ne pourra pas l’utiliser cette année. On est dans la bonne direction. Il faut seulement terminer le travail », a exprimé le demi défensif de cinquième année, Djonathan Buissereth.  

« Nos joueurs réalisent qu’il y a une opportunité devant eux qui ne se présente pas chaque année. Des fois, ça ne se présente même pas dans une carrière de football universitaire. Ils veulent tirer avantage de cette chance. Ils veulent continuer à écrire leur histoire », a expliqué Maciocia, le seul entraîneur du football canadien à revendiquer une coupe Grey et une coupe Vanier.

« C’est le fun de savoir qu’on est la seule équipe au Québec qui s’entraîne. Il y a une bonne parité au Canada puisque nous sommes la seule équipe qui revient de l’an passé. Dans mon cas, plus ma saison est longue, plus je suis content étant donné que c’est ma dernière. Je profite de chaque moment et ce sont des souvenirs que je vais avoir à vie, peu importe le résultat », a relaté le quart-arrière finissant, Gabriel Cousineau.

S’ils ne ressentent pas de pression, c’est parce que les Carabins sont confiants en leurs moyens. Au cours des deux dernières années, ils ont vécu à peu près tous les scénarios possibles dans un match de football.

Tous les membres de l’équipe ont fait leurs devoirs et leur étude sur les Gryphons, des adversaires méconnus puisqu’ils ne les ont jamais affrontés, si ce n’est qu’une rencontre préparatoire en août 2014.

« Si on fait les choses comme il le faut et qu’on se prépare bien comme on le fait tout le temps, on a de très bonnes chances de gagner. Ce n’est pas pour rien enlever à Guelph, parce qu’après avoir vu une tonne de vidéo, je peux dire qu’ils ont une très bonne équipe. Mais on a aussi une très bonne équipe. On a pu le prouver sur papier et sur le terrain », a décrit Buissereth qui s’assura de garder ses jeunes coéquipiers concentrés sur le but ultime.

« Si on exécute aussi bien que contre l’Université Laval, on devrait avoir un méchant bon match contre Guelph », a ajouté Cousineau, qui s’est remis au travail dès le lendemain de la Coupe Dunsmore pour décortiquer la défense des Gryphons.

La grande différence avec la demi-finale de l’an dernier, c’est que les Carabins devront la disputer sur la route. Aucun détail n’a été laissé de côté et l’horaire du voyage est réglé au quart de tour pour conserver la routine.

Un gros défi attend les Carabins

Les Bleus prendront un vol nolisé pour se rendre à Guelph. Toute l’équipe arrivera vendredi après-midi et cela leur permettra de se mettre à l’aise avant l’importante partie de samedi.

« Quand on s’est réuni dimanche avec notre monde, beaucoup de travail avait déjà été fait pour ce voyage, a affirmé Maciocia. Ça démontre à quel point le sport étudiant est important pour l’université. De prendre un vol nolisé avec nos joueurs, ça n’arrive pas souvent, même dans la LCF. On est très chanceux d’avoir cet appui de l’université. »

« Comme Danny m’a dit à la blague, c’est le plus proche que je vais me rendre des pros », a lancé Gabriel Cousineau avec un grand sourire, lui qui s’assurera que ce voyage ne soit pas une distraction pour ses coéquipiers et lui.

L’édition 2015 des Carabins est bien différente de celle d’il y a un an. Mais une caractéristique très importante de l’équipe championne de 2014 demeure ancrée dans leur identité : l’esprit de famille.

Au-delà des liens qui unissent les joueurs à leurs entraîneurs et le plaisir de pratiquer ce sport, cette équipe a une faculté à se regrouper et à élever son jeu dans les moments importants.

Le talent permet de gagner des matchs. Mais la volonté de croire en tout un chacun permet de remporter des championnats. Et c’est ce que les Carabins tenteront de démontrer pour une deuxième année de suite en s'approchant à une victoire de leur objectif, samedi après-midi.