MONTRÉAL – Les deux adversaires qui s’affronteront samedi à la Coupe Dunsmore forment des équipes extrêmement solides sur les trois facettes du football.

Ce n’est donc pas une surprise qu’elles aient terminé au sommet du dernier scrutin de l’Association des journalistes de football du Canada.

Bien malin celui qui peut prédire l’issue de la rencontre de ce week-end, troisième duel en 2016 entre les deux rivaux québécois qui ne se sont pas cédés un centimètre.

Les Bleus, qui tenteront de remporter le premier titre québécois de leur histoire à domicile, ont gagné le premier affrontement de la saison 24-21, à Québec. Le Rouge et Or est ensuite venu resserrer le classement en défaisant les Montréalais 22-19 au CEPSUM.

Chacune des parties s’est décidée dans les derniers instants du quatrième quart, ce qui est devenu coutume dans les duels entre les deux puissances du RSEQ qui sont nez à nez dans la plupart des catégories statistiques.

Qu’est-ce qui fera la différence à la Coupe Dunsmore? Quels joueurs pourraient se mettre en évidence? Voici un aperçu des forces en présence par position.

QUARTS-ARRIÈRES : ÉGALITÉ

Le pivot des Carabins Samuel Caron en sera à une première participation à la finale québécoise contrairement à son vis-à-vis, Hugo Richard, qui a été le quart partant du Rouge et Or lors des deux dernières éditions.

Ils ont toutefois un point en commun : ils chercheront chacun à soulever le trophée pour la première fois en tant que partant.

Caron et Richard ont connu d’excellentes saisons lorsqu’on analyse leurs statistiques. Richard, qui a lancé pour 401 verges de gains la semaine dernière, a terminé au deuxième rang du RSEQ en saison régulière pour les verges par la passe avec 2093. Il a dominé au chapitre des passes de touché avec 13, quatre de plus que son rival des Carabins.

Les deux quarts se sont également démarqués avec leurs jambes cette saison. Caron a gagné 300 verges au sol, soit une moyenne de 6,5 verges par course, et a inscrit quatre touchés. Richard a moins souvent porté le ballon ne gagnant que 156 verges, mais il a marqué 8 majeurs, un sommet par la course dans le RSEQ.

Richard n’a jamais connu ses meilleures performances face aux Carabins, mais il joue actuellement son meilleur football depuis sa saison recrue. Extrêmement exigeant envers lui-même, il voudra évidemment mettre fin au règne des Bleus qui dure depuis son arrivée en poste avec l’Université Laval.

Les deux quarts-arrières devront absolument éviter les revirements qui ont souvent été déterminants dans l’issue d’un match entre ces deux formations au cours des trois dernières années. Richard a lancé trois de ses cinq interceptions face à l’UdeM cette saison.

RECEVEURS : AVANTAGE CARABINS

S’il y a un endroit où l’une des deux équipes détient un avantage clair, c’est du côté des receveurs.

Les Carabins comptent sur le meilleur trio de receveurs au Québec – et probablement au Canada – avec Régis Cibasu, Louis-Mathieu Normandin et Guillaume Paquet. Les trois doivent être surveillés étroitement et possèdent des aptitudes différentes.

Régis CibasuCibasu est le plus grand des trois et n’a seulement besoin que le ballon soit en sa direction pour effectuer l’attrapé. Il élève toujours son jeu d’un cran en éliminatoires et effectue des attrapés importants. Normandin est le spécialiste des entre-zones et est excellent pour gagner des verges après avoir capté le ballon. Paquet est extrêmement rapide et évolue au poste de receveur éloigné ce qui le place souvent en situation de un contre un.

Samuel Nadeau-Piuze est l’étudiant-athlète utilisé sur les formations à quatre receveurs et a fait un attrapé important dans le premier match de la saison face au Rouge et Or. Raphael Major-Dagenais ainsi que les recrues Robbi Dejean et Simon Losier-Tremblay ont également été en uniforme cette saison.

Le Rouge et Or n’est toutefois pas à plaindre à cette position. Le vétéran de cinquième année Félix Faubert-Lussier occupe le même rôle que Normandin avec les Carabins. Le choix au repêchage des Tiger-Cats sait reconnaître les stratégies adverses pour adapter ses tracés. Tyrone Pierre est généralement celui visé pour les longs jeux. La recrue Jonathan Breton-Robert sera à surveiller étant souvent utilisée dans des formations où l’on met en valeur sa vitesse.

Antony Auclair, principalement aligné comme ailier rapproché, peut être placé un peu partout et son grand gabarit l’aide à s’élever au-dessus de ses couvreurs. Il est également extrêmement fort et puissant. La recrue Marc-Antoine Pivin a graduellement vu plus de terrain au courant de la saison et il a explosé face aux Stingers en demi-finale avec 198 verges de gains en 6 attrapés.

PORTEURS DE BALLON ET LIGNE OFFENSIVE : AVANTAGE ROUGE ET OR

Quand on parle des porteurs de ballon, on parle inévitablement des lignes offensives. L’un ne va pas sans l’autre et chaque équipe est bien équipée à ces deux positions.

Le Rouge et Or a utilisé un système à trois demis offensifs avec Vincent Alarie-Tardif, nommé sur l’équipe d’étoiles du RSEQ, Christopher Amoah et Sébastien Serré. Alarie-Tardif devrait être celui qui touchera le plus souvent au ballon. Amoah devra faire attention alors qu’il a encore échappé le ballon la semaine dernière, situation qui avait coûté cher face aux Carabins en début de saison.

Les Carabins misent principalement sur Sean Thomas Erlington et introduisent généralement Gabriel Parent au fur et à mesure que le match avance. Ces deux joueurs voudront se racheter puisque lors du deuxième affrontement face aux Lavallois, l’attaque au sol des Bleus n’avait amassé que 40 verges.

Mais si tous ses porteurs veulent connaître du succès samedi, il faudra que leur ligne offensive gagne leur bataille contre la ligne défensive adverse. La bonne nouvelle, c’est qu’elles sont toutes les deux en santé.

Le 15 octobre dernier, le quintette du Rouge et Or a concédé 6 sacs aux Bleus. Mais il avait bien fait en fin de match pour orchestrer une poussée  qui avait mené au placement victorieux de Dominic Lévesque. La ligne offensive a également permis à l’attaque au sol de gagner 115 verges et de marquer deux touchés.

Du côté des Carabins, le retour au jeu de Marc Glaude, qui n’a pas affronté le Rouge et Or cette saison, comme bloqueur à droite est venu solidifier ce côté de la ligne qui était une des faiblesses de l’équipe depuis le début de l’année.

L’équipe qui réussira à établir le jeu au sol prendra une option sur la Coupe Dunsmore. La guerre des tranchées sera sans merci samedi puisque tous les joueurs des deux lignes défensives ont la force et le talent pour se rendre au quart-arrière sur un jeu de passe.

LIGNE DÉFENSIVE : ÉGALITÉ

Lorsqu’on compare les deux lignes défensives, ce n’est pas compliqué. Elles ont décroché les quatre places disponibles sur l’équipe d’étoiles du RSEQ. L’ailier Mathieu Betts et le plaqueur Vincent Desjardins ont reçu l’honneur du côté du Rouge et Or et l’ailier Jonathan Boissonneault-Glaou et le plaqueur Junior Luke des Carabins ont pris les deux autres places.

Vincent Desjardins, Edward Godin et Mathieu BettsLes autres joueurs qui les appuient sont également redoutables que ce soit l’ailier Edward Godin ainsi que les plaqueurs Clément Lebreux et Marc-Antoine Ouellet du côté du Rouge et Or.

Chez les Bleus, l’ailier défensif Emile Charron-Ligez connaît sa meilleure saison en carrière. L’imposant plaqueur Mathieu Dupuis fait également de l’excellent boulot en plein centre de la ligne.

Bref, ce qu’on note, c’est que les deux lignes à l’attaque en auront plein les bras. Le duel du 15 octobre dernier a sonné le réveil de Mathieu Betts. Il sera intéressant de voir les formations des Carabins qui pourraient être tentés de laisser un joueur de plus en protection pour donner plus de temps à Caron. Le plan de match pourrait être le même pour le Rouge et Or. 

SECONDEURS : AVANTAGE CARABINS

Le léger avantage des Carabins du côté des secondeurs se nomme Frédéric Chagnon. Cet étudiant-athlète de quatrième année est constamment épié par les dépisteurs de la LCF qui voit un bel espoir professionnel en lui.

Chagnon est un infatigable joueur qui a même joué avec un plâtre protecteur cette saison en raison d’une blessure à une main. Il se déplace extrêmement bien malgré ses six pieds quatre pouces et peut offrir des couvertures serrées au besoin. Il est aussi un spécialiste pour créer des revirements.

Il sera appuyé par Alex Cromer-Émond comme secondeur du côté court et David Deschamps comme secondeur en couverture. Il faudra surveiller si Brian Harelimana sera de retour au jeu lui qui a raté le dernier match. Mais même sans lui, les Bleus ont beaucoup de profondeur à cette position avec Jean-Philippe Lévesque, Xavier Prévost et Grégory Jean-Joseph.

Du côté du Rouge et Or, Gabriel Ouellet a été nommé sur l’équipe d’étoiles comme secondeur en couverture. Le joueur de deuxième année Marc-Antoine Varin a fait du bon travail au centre de la boîte. Cédric Lussier-Roy connaît d’excellents moments lui qui n’a pas été épargné par les blessures depuis le début de sa carrière universitaire.

Le travail des secondeurs des deux équipes sera primordial puisque c’est probablement à cette position qu’il y aura le plus d’ajustements à faire durant le match selon ce que l’adversaire présente.

TERTIAIRE : ÉGALITÉ

Il s’agit de deux jeunes tertiaires de part et autre, mais elles ont fait leur preuve.

On se posait beaucoup de questions l’an dernier quand Danny Maciocia a aligné les recrues François Hamel au poste de maraudeur ainsi que Zacary Alexis et Jordan Perrin comme demis de coin. On a vite compris qu’il s’agissait de jeunes joueurs talentueux qui avaient bien compris le système de leur coordonnateur.

Chez le Rouge et Or, la recrue Adam Auclair a déjà laissé sa marque à sa première saison. Les receveurs savent déjà qu’ils doivent garder la tête haute lorsqu’ils sont dans la zone du demi défensif. Auclair, le demi défensif finissant Gabriel Marcoux et le demi de coin Alex Hovington ont tous été récompensés avec une présence sur l’équipe d’étoiles du RSEQ cette saison.

Hovington, un autre bel espoir professionnel, aura vraisemblablement la tâche de couvrir Guillaume Paquet et il sera intéressant de voir s’il peut permettre à son coordonnateur défensif Marc Fortier de le laisser seul face à ce dernier.

Avec deux bons quarts-arrières et deux excellents groupes de receveurs, les deux tertiaires seront mises à l’épreuve si les lignes offensives ont le dessus sur les lignes défensives.

UNITÉS SPÉCIALES : AVANTAGE ROUGE ET OR

Félix Ménard-Brière des Carabins a une jambe plus puissante que Dominic Lévesque du Rouge et Or sur les dégagements. Le botteur de l’UdeM a maintenu la meilleure moyenne au pays avec 42,4 verges grâce aussi au travail de son unité de couverture. Lévesque n’est pas loin derrière avec une moyenne de 39,7 verges.

Le plus important pour eux, ce sera la hauteur et le positionnement de leurs bottés pour repousser leurs rivaux le plus loin possible.

Félix Ménard-BrièreDu côté des placements, Lévesque a le dessus sur le finissant des Bleus. Il a réussi 10 de ses 14 tentatives en 2016, dont un en fin de quatrième quart pour donner les devants à son équipe dans le deuxième duel face aux Carabins.

Ménard-Brière a terminé la saison régulière avec 17 de ses 25 placements réussis. Il a toutefois manqué de constance de ce côté.

Du côté des retourneurs, il faut donner l’avantage à Antony Dufour du Rouge et Or qui est un spécialiste de cette facette. Il a ramené un botté d’envoi sur 101 verges pour un touché la semaine dernière.

Les Carabins ont utilisé Régis Cibasu sur les retours de dégagements la semaine dernière. C’était le deuxième match de la saison où il touchait au ballon à ce poste.

ENTRAÎNEURS : ÉGALITÉ

Les deux groupes d’entraîneurs sont parmi les meilleurs au Canada. Glen Constantin et Danny Maciocia n’ont plus besoin de présentation.

Avec leurs adjoints, ils concoctent toujours de bons plans de match qui forcent chacun des groupes d’entraîneurs à s’ajuster et à trouver des solutions durant la rencontre.

Ce sera donc aux joueurs d’exécuter ce qu’on leur demande, mais on peut s’attendre à une autre partie d’échecs entre tous ses entraîneurs d’expérience.