MONTRÉAL – La Coupe Dunsmore a bien mal commencé pour l’attaque du Rouge et Or de l’Université Laval avec trois revirements sur les trois premières séquences offensives de l’équipe.

La défense a toutefois sauvé la mise en ne concédant qu’un placement à la suite des deux interceptions et de l’échappé. L’unité offensive a ensuite repris du poil de la bête pour venir finalement gagner le match sur un jeu qui restera gravé dans l’histoire des finales québécoises pour permettre aux Lavallois d’accéder au carré d’as canadien pour la première fois en trois ans.

Le jeu truqué, qui a permis au Rouge et Or de l’emporter par la marque de 20-17 face aux Carabins de l’Université de Montréal, avait été préparé depuis plusieurs semaines.

« C’était notre jeu pour un converti de deux points. Étant donné que tu peux placer le ballon, on pouvait se mettre à droite. On le pratiquait depuis plusieurs semaines uniquement à droite. C’est un jeu qu’on avait vu les Blue Bombers faire il y a quelques semaines », a expliqué le coordonnateur offensif des champions québécois, Justin Éthier.

« Les gars me défiaient et me disaient que je n’aurais pas le "guts" de l’appeler. Mais je leur disais que c’était le jeu qu’on allait appeler. Au début (de la séquence victorieuse), on était à gauche. On a été en mesure de revenir à droite. [...] Je ne voulais pas avoir de regret après un match difficile comme ça. À la ligne de 3, je n’allais pas essayer un jeu au sol. On était "all in" avec ce jeu », a ajouté Éthier qui, à sa grande surprise, est resté relativement calme malgré les trois revirements de son attaque en début de rencontre.

« On avait le bon jeu d’appelé. On était en couverture homme à homme. Il savait très bien ce qu’on allait faire. C’était un très bon jeu contre notre défense », a concédé le secondeur des Bleus, Alex Cromer-Émond.

L’unité offensive de l’Université Laval, qui accueillera les Golden Hawks de l’Université Wilfrid Laurier samedi prochain, était très consciente qu’elle devait une fière chandelle à sa défense qui a limité les dégâts en première demie. Les performances des joueurs défensifs ont même motivé l’attaque qui a terminé le match avec 457 verges et 26 premiers jeux, soit 10 de plus que leurs adversaires.

« Notre défense a été extraordinaire dans ces moments. Ça aurait pu nous faire très mal », a souligné Éthier qui a vu plusieurs séries offensives productives de son équipe être annulées par les placements ratés de Dominic Lévesque.

« En première demie, la défense nous a gardés dans le match. Les revirements auraient pu nous coûter cher. Ils ont limité ça à trois points et ça nous a permis de reprendre le dessus », a affirmé le quart-arrière Hugo Richard qui a aussi remercié son receveur Jonathan Breton-Robert qui a réussi deux attrapés aussi importants que spectaculaires dans des moments cruciaux du quatrième quart.

Si Lévesque n’avait pas raté cinq de ses six placements, les visiteurs n’auraient probablement pas eu besoin de leur jeu truqué pour l’emporter. Le receveur Félix Faubert-Lussier, qui était botteur au niveau collégial, pratiquera ses bottés de précision cette semaine au cas où Lévesque connaisse une autre mauvaise sortie.

Les joueurs ont donc une journée de congé dimanche pour se reposer avant de reprendre le travail lundi. Pour les entraîneurs du Rouge et Or, on commence déjà à analyser les Golden Hawks qui ont marqué 24 points sans riposte au quatrième quart pour défaire les Mustangs de Western par la marque de 43-40.

Une lueur d’espoir avec Varhegyi

Le CEPSUM est devenu extrêmement silencieux quand le quart-arrière Samuel Caron est demeuré au sol à la suite du violent plaqué d’Adam Auclair qui a provoqué un échappé recouvré par le Rouge et Or.

Heureusement, Caron n’a pas subi une blessure majeure et aurait même pu revenir dans le match. Mais son remplaçant, Pierre-Luc Varhegyi, a relancé l’attaque des Carabins au troisième quart alors qu’elle se faisait très discrète jusque-là.

Sur sa troisième passe du match, le quart finissant a repéré Guillaume Paquet qui a effectué un attrapé spectaculaire malgré une double couverture serrée pour aller donner les devants 14-11 à son équipe.

« C’est tout un quart-arrière. Il nous a sauvés à Sherbrooke pour aller chercher la victoire qui était très importante. On savait qu’on pouvait gagner avec lui même s’il devait être le partant », a louangé l’entraîneur-chef de l’UdeM, Danny Maciocia.

« Si tu veux venir jouer ici, il faut que tu compétitionnes. Que tu sois partant, réserviste ou pas en uniforme, il faut que tu compétitionnes dans tout ce que tu fais. Pierre-Luc a compétitionné comme on lui a demandé. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme "Compete Pete". Il a fait le travail qu’on lui a demandé et on n’aurait pas pu lui demander mieux », a affirmé le centre-arrière Nicholas Narbonne Bourque qui a été un grand leader au cours de ses cinq années avec les Carabins.

« Je voulais gagner le match. C’est l’instinct qui embarque dans ce temps-là. Tu donnes tout ce que tu as. Tu ne peux pas embarquer et avoir peur et être stressé. Tu embarques et tu fais ce que tu fais de mieux : jouer au foot », a mentionné Varhegyi qui a complété 8 de ses 12 passes pour 112 verges.

Au bout du compte, le Rouge et Or a mieux exécuté et a finalement eu le dessus en réussissant les jeux importants dans les moments cruciaux.

« Contre Laval, ce sont des matchs qui se jouent dans les détails. Les deux équipes vont faire des jeux. Les deux équipes ont de très bons joueurs. L’équipe qui va faire le plus de jeux va l’emporter. Ils en ont fait un ou deux de plus que nous et c’est ce qui a fait en sorte qu’on n’a pas gagné. La terre n’arrête pas de tourner. On va travailler encore plus fort pour revenir l’an prochain », a promis Cromer-Émond.

Treize finissants ont revêtu l’uniforme des Carabins pour la dernière fois samedi. Parmi eux, on compte des joueurs qui ont façonné le visage de l’équipe dans les dernières années comme Junior Luke, Sean Thomas Erlington et Marc Glaude.

Certains joueurs auront donc de grands souliers à chausser l’an prochain. Malgré l’incertitude entourant aussi le retour de Danny Maciocia, qui n’a pas caché son désir d’écouter les Alouettes si l’organisation lui offre le poste de directeur général, les étudiants-athlètes de l’édition 2016 sont confiants que tout est en place pour que le programme connaisse le même succès qu’au cours des trois dernières années.

« Il y a certainement une page qui se tourne parce qu’on va changer d’édition. Mais ce n’est que pour en écrire une nouvelle et une plus belle », a lancé Narbonne Bourque qui était de la formation de 2014 qui a remporté la première Coupe Vanier de l’histoire du programme.

« Chaque année, il y a des finissants. L’histoire de Danny, les joueurs, on ne sait pas plus ce qui se passe. Il a bâti un super programme ici. Que ce soit lui ou un autre entraîneur, ça va continuer. Les gars sont là pour gagner. Je suis zéro inquiet pour le futur des Carabins », a estimé Varhegyi qui avait pris une année sabbatique avant de revenir cette saison.