TORONTO (PC) - Malgré deux récents incidents au Canada, les rituels d'initiation ne sont pas près de disparaître dans les équipes sportives, estime un spécialiste.

"Ces rituels sont très ancrés dans la culture des sports et il faudrait encore beaucoup de temps pour que les choses changent, a déclaré Kevin Young, un professeur de sociologie des sports de l'Université de Calgary. Tous les athlètes du Canada savent maintenant que la société désapprouve les rituels d'initiation alors que ce n'était pas le cas par le passé."

Deux incidents se sont produits récemment durant des rituels d'initiation, l'un à Windsor, en Ontario, et l'autre à l'Université McGill, à Montréal.
Le rite d'initiation connu sous le nom de "hot box" a incité la Ligue de hockey de l'Ontario à suspendre l'entraîneur et le directeur général des Spitfires de Windsor. Plusieurs joueurs ont dû se déshabiller et s'entasser dans la toilette d'un autobus le mois dernier, après un match pré-saison.

Mardi, l'Université McGill a annulé le reste de la saison de son équipe de footballl à cause d'un rapport qui a confirmé un incident s'étant produit lors d'un rite d'initiation appelé "Dr Broom".

Une recrue de 18 ans a allégué qu'il avait été agressé sexuellement par un joueur utilisant un balai tandis que d'autres membres de l'équipe l'encourageaient. Le joueur a porté plainte et quitté l'université peu après.

De tels incidents peuvent choquer la population et motiver les demandes pour mettre un terme à de telles pratiques mais quiconque a fait partie d'une équipe sportive sait très bien de quoi il peut retourner lors d'une initiation.
"Il faut être d'une autre planète pour ignorer que cela se produit dans la plupart des milieux sportifs des sociétés occidentales, a dit M. Young, qui a joué dans l'équipe de football de l'Université McMaster, il y a 20 ans. Tous les athlètes ne sont pas victimes de rites déplacés mais chaque athlète connaît une histoire ou un détail sordide du genre."

Il s'agit d'une tradition sportive, soutient Steve Howlett, entraîneur-chef de l'équipe de football de l'Université de Toronto.

"Je pense que la plupart des gens, et certainement les entraîneurs et les administrateurs, veulent que ça cesse mais les athlètes vont toujours vouloir démontrer leur leadership et ils le feront parfois de manière déplacée", a dit M. Howlett.

Pour s'attaquer à ce problème, il faut commencer par "énoncer des règles très fermes et communiquer très clairement ce qui n'est pas acceptable".

En plus des nombreux obstacles à surmonter, certaines recherches en psychologie démontrent que les personnes réagissent de la façon prévue lors de rituels d'initiation humiliants.

"Des recherches montrent que si les gens ont souffert pour parvenir à un but ou pour faire partie d'un groupe, ils finissent par apprécier ce rituel et à mieux apprécier ce groupe", a affirmé Mark Schaller, professeur de psychologie à l'Université de la Colombie-Britannique.

Néanmoins, cela ne signifie pas que les initiations sont la seule moyen pour souder un esprit d'équipe.

"Il y a plusieurs façons qui peuvent faire en sorte que les gens vont aimer le groupe dont ils font partie ou s'identifier à ce groupe. Avoir été initié peut y contribuer mais ce n'est pas la seule façon", a-t-il dit.