CHRONIQUE - Les deux meilleurs programmes au pays au cours des 10 dernières années s'affronteront à la Coupe Vanier.

Les Dinos de Calgary n’étaient pas considérés parmi les favoris pour se rendre jusqu’au bout en 2016. Quand on perd le joueur par excellence de 2014 et 2015 (Andrew Buckley), un des meilleurs porteurs de ballon au cours des trois dernières saisons (Mercer Timmis), un centre sélectionné au 3e rang au total du repêchage de la LCF en 2015 (Sean McEwen) et deux secondeurs étoiles (Tanner Doll et Doctor Cassama), ça fait de grands souliers à chausser!

On pourrait dire la même chose du Rouge et Or. La ligne offensive devait être remplacée au grand complet lorsque Charles Vaillancourt, Philippe Gagnon et Jason Lauzon-Séguin ont été repêchés dans la LCF. En tout, c’était 15 nouveaux partants qui foulaient le terrain lors du match inaugural de 2016 pour les Lavallois.

Néanmoins, ces deux programmes se retrouvent en finale nationale l’un contre l’autre pour la troisième fois de leur histoire pour une raison bien simple : ils sont constamment capables de se renouveler.

Comment fait-on cela au football universitaire? Avec un bon recrutement et des entraîneurs qualifiés pour développer les étudiants-athlètes.

Il n’y a pas de transaction dans le football amateur. C’est uniquement le recrutement et le travail pour faire cheminer les joueurs qui permettent de construire une équipe solide année après année et il faut admettre que le Rouge et Or est dans une ligue à part de ce côté.

On constate la preuve la plus frappante que ces deux universités produisent d’excellents joueurs en regardant les formations de la Ligue canadienne de football. Bon nombre d’anciens de ces deux programmes ont réussi à graduer chez les professionnels.

En 2013, les Alouettes comptaient sept joueurs provenant des Dinos au sein de leur équipe. Dimanche, à la Coupe Grey, neuf anciens de l’Université Laval figureront sur les formations des deux finalistes. Pour Calgary, cinq produits du programme tenteront d’aider leur équipe à l’emporter.

Bref, ces deux escouades avaient plusieurs partants étoiles à remplacer en 2016 et il n’y a eu aucune baisse de régime. Certains s’inquiétaient aussi de la suite des choses pour l’Université de Calgary lorsque Blake Nill a quitté le navire pour se joindre à UBC. Le nouvel entraîneur-chef, Wayne Harris, a démontré que la tradition d’excellence des Dinos allait se poursuivre sous son règne.

Une meilleure opposition pour le Rouge et Or?

Après l’écrasante victoire du Rouge et Or face aux Golden Hawks de Laurier, plusieurs personnes sur les réseaux sociaux concédaient déjà la coupe Vanier à l’Université Laval.

Sans l’ombre d’un doute, on doit attribuer le statut de favori au Rouge et Or, surtout en considérant que plusieurs éléments clés pourraient manquer à l’appel en raison de blessures chez les Dinos. Malgré tout, ce n’est pas encore dans la poche pour les Lavallois.

Par contre, si les hommes de Glen Constantin présentent les mêmes performances qu’à leurs deux derniers matchs, le programme le plus titré au Canada ramènera une neuvième coupe Vanier à Québec.

Lorsqu’on compare les trois facettes de chaque équipe, on peut mettre un crochet du côté du Rouge et Or dans chaque colonne. Et du côté de la robustesse et de l’intensité, le crochet va aussi du côté des Lavallois.

En analysant la Coupe Mitchell, la ligne offensive des Dinos semble très bonne en protection de passe, mais elle a de difficulté à gagner ses batailles à un contre un sur les jeux de course.

Comme toutes les équipes à l’extérieur du Québec, les Dinos feront connaissance avec Mathieu Betts qui à lui seul peut faire dérouter un plan de match. On a encore vu à la Coupe Uteck comment il peut bousiller des jeux. Si on le double, cela ouvre la porte aux autres joueurs, particulièrement sur un blitz. Et à un contre un, la plupart du temps, il se débarrasse du bloqueur.

Du côté de l’attaque, la grande force du Rouge et Or en cette fin de saison est la diversité de la sélection de jeux de Justin Éthier. Tom Higgins, qui est le coordonnateur défensif des Dinos, doit se gratter la tête en essayant de démêler tout cela sur vidéo. Le ballon est distribué à tout le monde, que ce soit au sol ou dans les airs, et il y a énormément de mouvement avant la remise du centre.

Le Rouge et Or a atteint sa vitesse de croisière après les trois laborieuses premières séries offensives face aux Carabins à la Coupe Dunsmore. Autant les joueurs que les entraîneurs sont en pleine confiance. Comme mon collègue Pierre Vercheval l’a mentionné dans sa chronique, on dirait que les entraîneurs des Lavallois sont dans le caucus adverse tellement leur plan de match est bien construit.

Si les Dinos veulent l’emporter, il faudra que Tom Higgins ait des stratégies pour ralentir le jeu au sol du Rouge et Or, surtout que Justin Éthier a fait porter le ballon par Hugo Richard à plusieurs reprises pour donner une autre chose à surveiller à la défense adverse. Si le Rouge et Or fait avancer les chaînes au sol et que Hugo Richard protège bien le ballon comme la semaine dernière, on pourra alors commencer à exploiter les trous dans la défense de Calgary.

Mais les Dinos ont le personnel d’entraîneurs pour bien préparer ses joueurs. Si j’étais Tom Higgins, je regarderais attentivement les bandes vidéo de la Coupe Dunsmore et je me concentrerais sur les formations utilisées par les Carabins qui ont donné des ennuis au Rouge et Or. Et pourquoi ne pas lâcher un petit coup de fil à Danny Maciocia qui était son coordonnateur offensif chez les Eskimos d’Edmonton de 2002 à 2004 pour recueillir quelques conseils?

D’avoir 19 joueurs qui étaient avec l’équipe à la Coupe Vanier de 2013 est un autre point qui aidera la troupe albertaine. Contrairement aux Golden Hawks, ils ont déjà joué dans un match de cette importance face à une formation du Québec.

Je prévois donc un match plus chaudement disputé que la semaine dernière à la Coupe Uteck, mais je crois que le Rouge et Or est une équipe plus complète et qu’elle l’emportera samedi. Les Dinos ont vécu beaucoup d’adversité et ne se laisseront pas abattre. On devrait avoir une autre bonne confrontation entre ces deux programmes comme celle à la Coupe Vanier de 2013 qui s’était soldée par une victoire de 25-14 de l’Université Laval qui ajoutait un huitième titre à sa collection.