La saison de football universitaire a pris son envol avec deux duels entre équipes directement en rivalité : d'un côté le Rouge et Or de Laval contre les Carabins de Montréal et de l'autre les Stingers de Concordia et les Redmen de McGill. Rien de mieux pour commencer une saison. Et qui dit début de saison dit généralement prédictions... alors allons y, on se mouille.

Le football universitaire au Québec, c'est deux équipes dans une classe à part : le Rouge et Or et les Carabins. Le titre se jouera entre ces deux équipes et le grand gagnant de cette rivalité sera le Rouge et Or. La performance du Rouge et Or sur le terrain de l'Université de Montréal a encore une fois prouvé la supériorité de Laval sur les « Bleus ».

Mais ne comptez pas les Carabins battus aussi vite. Ils talonneront les doubles champions canadiens pendant toute la saison et le dernier match de la saison entre ces deux équipes, au PEPS le 29 octobre prochain, risque fort de départager le champion de l'aspirant… et ne soyez pas surpris si les Carabins réussissent à coiffer le Rouge et Or à la ligne d'arrivée à la toute fin...

Suivront au classement les Stingers, les Redmen et le Vert & Or de Sherbrooke. La lutte sera également serrée entre ces trois rivaux pour l'obtention du troisième rang… avec un léger avantage aux Stingers...

Et malheureusement pour les sympathiques habitants de Lennoxville, les Gaiters de Bishop's termineront au dernier rang… et c'est à se demander s'ils remporteront un seul match.

Rouge et Or de Laval : fiche de 7-1 en 2004

Comment pourrait-on parier contre cette équipe? À l'aube de la saison 2004, plusieurs craignaient la catastrophe après le départ de plusieurs partants, dont le meilleur quart des 25 dernières années au Québec, Mathieu Bertrand. Il n'y a pas eu de catastrophe, loin de là. La machine a pris quelques semaines avant de se mettre en marche. Mais une fois partie, personne n'a pu arrêter la machine et le Rouge et Or a terminé sa saison en soulevant une troisième coupe Vanier en six ans.

Pour la deuxième fois en deux ans, plusieurs joueurs-clé ont quitté, les plus importants étant Philip Gauthier, Mathieu Proulx, Philippe Audet, Marc-André Dion et Martin Gagnon en défensive et Jeronimo Huerta-Flores en attaque, mais le noyau de l'équipe est toujours là. Mais à chaque année, les jeunes talents, bien dirigés par les entraîneurs et les vétérans, s'intègrent très bien dans le moule et jouent comme des vétérans après seulement quelques semaines, ce qui explique, entre autres, pourquoi le Rouge et Or gagne à chaque année. Et encore une fois cette année, Laval a réussi à mettre la main sur des recrues très convoitées, à commencer par l'ancien quart du Vieux-Montréal Benoît Groulx.

Les rivaux du Rouge et Or ont sûrement poussé un soupir de soulagement quand le joueur de ligne défensive étoile Miguel Robédé a été sélectionné au premier rang du repêchage de la Ligue canadienne de football par les Stampeders de Calgary, mais ce dernier a décidé de terminer son stage universitaire avant de faire le saut chez les professionnels… et ce n'est certes pas le Rouge et Or qui va s'en plaindre. Robédé a toujours agi comme un leader sur le terrain et ce n'est pas cette année qu'il va arrêter. Robédé sera la clé de la défensive du Rouge et Or et son énergie et sa hargne sauront montrer l'exemple aux plus jeunes. Robédé et sa bande (les Éric Maranda, Jean-Philippe Abraham entre autres) ont d'ailleurs montré aux Carabins de quel bois ils se chauffaient. A un certain moment au quatrième quart, Joseph Mroué avait cumulé des gains de neuf verges en... neuf portées. C'est tout dire.

N'eut été de la présence de Huerta-Flores, Pierre-Luc Yao aurait probablement été porteur numéro un du Rouge et Or l'an dernier. Cette année, Yao a le champ libre. En théorie, il devrait partager le ballon avec Nicolas Bisaillon, mais ses deux touchés et ses 156 verges de gains contre Montréal ne devraient pas nuire à ses chances d'être le numéro un… Yao devra toutefois remercier ses collègues de la ligne offensive, l'une des grandes forces de Laval au cours des dernières années. Avec le retour des Dominic Picard et Pierre Tremblay, ça ne devrait pas faire exception en 2005.

Carabins de Montréal : fiche de 8-0 en 2004

L'équipe arrive enfin à maturité. Les Carabins n'ont pas encore commencé à perdre de joueurs ayant terminé leurs études. Ça viendra bien assez vite. Mais cette année, les éléments sont en place pour aspirer aux grands honneurs. Les joueurs de Jacques Dussault ont une année de plus derrière la cravate, mais ils ont surtout appris à gagner… et à perdre contre Laval en séries… une défaite qui sera bénéfique à long terme pour les joueurs.

Selon l'adage, ce sont les défensives qui gagnent les championnats et c'est ce qui permet aux Carabins d'aspirer aux grands honneurs. En 2004, menée par les Marc Trépanier, Ader Aimable, Maxime Gagnier, Guillaume Labonté, l'unité défensive n'avait accordé que 75 points en saison régulière.

Et tout ce beau monde est de retour en 2005. Et on a même ajouté à cette liste de valeureux guerriers un certain Martin Gagné, meilleur joueur défensif au Québec en 2004.

Face au Rouge et Or, la défensive a encore une fois montré de très belles choses. On a toutefois manqué plusieurs plaqués, ce qui montre un manque de concentration. Que les partisans des Carabins ne s'en fassent pas trop avec ça. Jacques Dussault doit par contre s'assurer que ça ne devienne pas une habitude… comme ce semble l'être chez les Alouettes de Montréal!

Le succès de l'attaque repose sur la ligne offensive. Premièrement pour permettre à Mroué de gagner plus qu'une verge par course (comme ce fut le cas contre Laval). Et deuxièmement pour permettre à Jonathan Jodoin de trouver ses receveurs.

Parlant de receveurs, il faudra utiliser au maximum le potentiel du rapide Yves Bériault. Ce dernier a gagné quelques livres au cours de l'hiver et se dit plus rapide que jamais. Polyvalent, Bériault peut aussi bien faire mal à l'adversaire en attaque que sur les unités spéciales. Et toujours sur les unités spéciales, le dada de l'entraîneur Dussault, les Carabins misent toujours sur le pied de Michaël Shousha, sans contredit le meilleur botteur au Québec.

Stingers de Concordia : fiche de 4-4 en 2004

Contrairement au Rouge et Or et aux Carabins, les Stingers ne misent sur aucun joueur vedette (un Robédé ou un Trépanier), mais ils misent encore un bon groupe de joueurs, comme à chaque année, et ils remporteront leur part de victoires en 2005. Les Carabins auraient intérêt à les surveiller de très près. Ils ont d'ailleurs très bien entrepris la saison avec une victoire de 33-25 contre les Redmen de McGill.

A l'instar des Carabins, les Stingers peuvent compter sur le retour de plusieurs vétérans. A commencer par le quart Scott Syvret. Solide en 2004, Syvret s'était surtout fait remarquer lors de la victoire de 29-10 des siens sur les Huskies de St-Mary's, alors qu'il avait amassé 297 verges par la passe. Contre McGill, il a gagné 299 verges par la voie des airs.

Le porteur Mark Kang et le receveur Nick Scissons animeront également l'attaque des Stingers. Ils ne sont peut-être pas aussi dominants que Jean-Michel Paquette et Sylvain Girard, mais ils ont montré leur potentiel au cours des dernières saisons. On dit également beaucoup de bien du receveur recrue Marc Champagnie, qui nous arrive des Etats-Unis.

Les Stingers sentiront les effets du départ de Troy Cunningham et Mickey Donovan, deux des meilleurs joueurs défensifs au pays au cours des dernières saisons. Les deux comparses évoluent maintenant dans la Ligue canadienne. Mais Concordia n'a pas la profondeur de Laval et il leur est plus difficile de remplacer des joueurs d'impact comme ces deux « brutes ». D'autant plus que le front défensif est composé de plusieurs joueurs de première et deuxième année.

Redmen de McGill : fiche de 4-4 en 2004

L'édition 2005 des Redmen ressemble un peu à celle des Stingers, plusieurs jeunes vétérans de retour et plusieurs recrues (24 pour McGill, 22 pour Concordia).

La base des Redmen est solide : un excellent quart-arrière, Matt Connell, meilleur passeur au Québec (1797 verges) et élu sur l'équipe d'étoiles au Québec en 2004, un excellent porteur, Michael Samman (823 verges et huit touchés), et deux excellents joueurs de ligne offensive, Ben Walsh (étoile canadienne) et Michael Gignac. Du côté des receveurs, plusieurs recrues, dont Tim Kreamer, Raphaël Goulet, Christopher MacFarlane et Louis-Philippe Descôteaux.

En défensive, le secondeur intérieur québécois David Riendeau mènera les troupes, lui qui a été nommé recrue par excellence de l'équipe en 2004. Riendeau poursuivra sa progression en 2005… tout comme plusieurs de ses coéquipiers en défensive. L'unité défensive des Redmen est plutôt jeune, la plupart des joueurs en étant à leur deuxième ou troisième année. Malgré tout, la défensive des Redmen a concédé moins de 20 points par match la saison dernière.

Les Redmen n'ont toutefois pas un calendrier facile avec deux matchs contre Laval, deux contre Concordia et un contre Montréal.

Vert & Or de Sherbrooke : fiche de 3-5 en 2004

Avec ses trois victoires en 2004, le Vert & Or en a surpris plusieurs. OK, deux de ces victoires ont été acquises pour les pauvres Gaiters, mais le Vert & Or a signé une surprenante victoire de 38-37 en prolongation contre les Axemen d'Acadia (5-3 en saison régulière). La troupe d'Alain Lapointe est encore loin de la coupe Vanier, ce n'est d'ailleurs pas du tout l'objectif ni le style de l'entraîneur, mais on sent la progression.

Progression, oui, mais Lapointe déteste vivre dans le passé et il refuse de parler des victoires de l'an dernier… me semble qu'un certain Bill Belichick a déjà déclaré la même chose.

Au cours de l'hiver, Lapointe et ses entraîneurs se sont encore démenés pour attirer à Sherbrooke d'excellents prospects (29 recrues s'alignent avec le Vert & Or), dont plusieurs ont mérité leur place au sein des équipes d'étoiles au collégial AA ou AAA. On pense notamment aux joueurs de ligne offensive Sébastien Dallaire et Francis Daneau, au demi de coin Nicolas Lorrieux (gagnant de trois Bols d'Or avec le Vieux-Montréal), et au secondeur Guillaume Desmarais (joueur par excellence de son équipe au Bol d'Or 2004).

Un impressionnant total de 22 joueurs de l'édition 2004 ne sont pas de retour en 2005. Force est d'admettre que certains ont dû quitter l'équipe parce qu'ils n'ont pu se tailler un poste avec l'équipe, ce qui est bon signe pour la progression du Vert & Or. En fait, seulement 15 joueurs de l'équipe qui avait perdu ses huit matchs en 2003 sont encore avec l'équipe.

Parmi les joueurs qui se sont illustrés en 2004, il y a évidemment le secondeur Pierre-Luc Labbé. A sa toute première saison au football universitaire, le produit de FX-Garneau a terminé au troisième rang au Canada avec 68 plaqués, dont 57 en solo.

Ayez bien à l'œil un certain Anthony Morris, un ancien porteur de ballon anglophone des Cougars de Champlain-Lennoxville. Un « Anglais » qui décide de venir jouer au football à Sherbrooke pour apprendre le français, c'est bon signe pour le Vert & Or… et c'est mauvais signe pour Bishop's…

Gaiters de Bishop's : fiche de 1-7 en 2004

Les amateurs des Gaiters (en fait ceux qui restent) risquent de trouver le temps long encore cette année. Les Gaiters, les parents pauvres du football universitaire au Québec, sont ceux qui ont le plus souffert de l'engouement des francophones pour le football. Et le fait que Sherbrooke se soit doté d'un programme constitue un coup qui pourrait s'avérer fatal.

Petite prédiction, avec la difficulté de plus en plus grande à recruter, les faibles assistances, l'éloignement des grands centres en cette ère où le football universitaire est populaire à la télévision, le programme de football des Gaiters aura disparu dans cinq ans… et certains observateurs croient même que les Gaiters s'éteindront avant.

Signe que l'équipe a déjà vécu de meilleurs moments, le quart-arrière Pat Nadeau devra se transformer en porteur de ballon en 2005.

Du côté des Gaiters, on dit beaucoup de bien de certains nouveaux-venus, dont James Yurichuk, Kyle Jones, Ben Haskins, trois secondeurs recrue. Mais dans une ligue aussi compétitive que celle du Québec, on ne gagne pas avec des recrues.

Dommage pour le quart-arrière Kyle Williams, nommé recrue de l'année au Canada en 2004. Il est probablement le meilleur quart au Québec et il n'a que 20 ans… mais il joue pour Bishop's