MONTRÉAL – Alors qu’ils venaient à peine de sortir la tête de l’eau, les Stingers de Concordia ont perdu non pas un, mais deux entraîneurs-chefs en l’espace de quelques mois! Disons que le camp d’entraînement sera très utile pour cette organisation montréalaise.

C’est sous la gouverne de Mickey Donovan, un ancien joueur vedette du club, que les Stingers ont amorcé leur remontée. Donovan s’est toutefois laissé convaincre par l’aventure professionnelle avec les Alouettes de Montréal à la suite d’une saison respectable de trois victoires et quatre défaites aux commandes des Stingers en 2017.

La relève se présentait sous le signe de la continuité avec la nomination de son frère, Pat, pour lui succéder. Mais, contre toute attente, celui-ci a quitté son poste quelques mois plus tard, à la fin mai.

Dans un monde dominé par l’oligopole du Rouge et Or de l’Université Laval et des Carabins de l’Université de Montréal, cette perte inattendue a causé tout un choc sur le campus de l’ouest de la métropole.

Mickey DonovanHeureusement, les Stingers ont su se « virer sur un dix cennes » comme l’expression le veut. En fait, ils ont trouvé une solution de rechange de premier plan en Brad Collinson qui s’est forgé une enviable réputation de tête de football comme adjoint avec le Rouge et Or ainsi que les équipes du Québec et du Canada.

Depuis quatre jours, les joueurs des Stingers se démènent, sous un chaud soleil, devant leur nouveau patron dans le cadre du camp d’entraînement.

« Sur le coup, quand je l’ai appris, j’étais encore à Sherbrooke. Je me suis dit ‘Oh, ça vient de changer la donne’. Mais quand j’ai su que c’était Brad qui prenait la relève, je n’avais rien à dire, j’étais super content. Je me suis empressé de lui écrire », a raconté Maxime Bouffard.

« J’ai participé au camp en février pendant trois jours et c’est pas mal plus organisé maintenant », a admis le quart-arrière de première année.

Tout comme Bouffard, le secondeur Samuel Brodrique a connu Collinson en jouant sous ses ordres avec Équipe Québec. Il s’est assuré de garder son enthousiasme à travers cette vague de changements.

« Je vis bien avec ça, le changement crée du positif dans n’importe quelle sphère de ta vie. Mais c’est évident que ce sont des styles de coaching différents, des personnes différentes. On s’adapte vraiment bien, il faut le voir positivement et regarder vers l’avant », a confié Brodrique qui joue un rôle de meneur au sein de l’unité défensive.

Adam VanceIdéalement, cette transition serait survenue en la présence d’un quart-arrière d’expérience comme Trenton Miller qui dirigeait l’attaque la saison passée. Il a toutefois écoulé son admissibilité et il s’est expatrié en Allemagne. Il a donc cédé le ballon à Adam Vance, un autre Américain, qui a pu emmagasiner un peu d’expérience l’an dernier.

« Je pense qu’on est sur la bonne voie pour progresser d’une coche (en attaque) particulièrement avec l’arrivée de Coach Brad. La structure nous aide, ça nous alloue plus de temps pour travailler sur nos besoins personnels. Je ressens comme un sentiment d’urgence en attaque », a exprimé Vance.

« J’ai pu apprendre d’un très bon quart-arrière et j’essaie de faire la même chose avec les jeunes. De plus, je communique encore régulièrement avec Trenton, je lui pose plusieurs questions », a poursuivi Vance, un athlète de six pieds deux pouces et 215 livres.

« Il a du talent, c’est certain. L’an passé, il a été un peu lancé dans la fosse aux lions. Maintenant, avec une saison morte complète, ça va l’aider. Il a encore beaucoup de choses à apprendre, mais il possède bon bagage. Il est sérieux dans son approche et il veut mener cette équipe », a vanté Coach Collinson.

La séparation épineuse avec le redoutable Jean-Guy Rimpel

Le défi des Stingers comporte un volet de plus. En effet, Concordia a décidé de rompre ses liens avec l’excellent porteur de ballon Jean-Guy Rimpel. Celui-ci s’est classé au premier rang du RSÉQ en 2017, mais une mésentente avec Pat Donovan aurait mené à cette décision.

Collinson a pris le temps d’évaluer le dossier sans toutefois renverser le verdict. Le sujet demeure très délicat et Collinson n’a pas voulu dévoiler de détails. On comprend cependant qu’il a considéré que c’était mieux pour son équipe.

« Je ne parlerai pas de ça, je vais parler de ceux qui sont ici. On a fait le choix comme équipe et comme programme, on l’a fait tous ensemble », a-t-il accepté de commenter en reconnaissant qu’il y avait une raison importante expliquant ce résultat.

Le plan est donc de remplacer Rimpel avec un comité formé de Musangu Glody et Exilus Widler notamment. Ces joueurs pourront compter sur une ligne offensive imposante et talentueuse avec des joueurs comme Maurice Simba (six pieds huit pouces et 320 livres), Matthew Halbgewachs (six pieds cinq pouces et 310 livres) et Damien Constantin (six pieds sept pouces et 335 livres) sans oublier l’ajout du dynamique Guillaume Bourassa, un ancien du Rouge et Or, qui agira à titre d’entraîneur des porteurs de ballon et assistant en attaque.

Une défense parmi l'élite?

Du côté défensif, cette unité est maintenant chapeautée par Spiro Feradouros, un diplômé de Concordia qui a œuvré avec le Rouge et Or ainsi que les Carabins. Il occupe un poste de coordonnateur défensif pour une première fois au niveau universitaire.

L’entraîneur-chef est d’avis que le style de cette défense sera  bien différent avec la teinte de Feradouros. Collinson a nommé plusieurs de ses protégés qui devraient se démarquer, dont Brodrique, Christophe Petel, Alexandre Renaud, Lukas Redguard, Michael Sanelli et Brandon Pacheco.

« Je souhaite qu’on soit la meilleure unité dans la ligue. Ça fait des années qu’on est une défensive pas très reconnue. On accordait beaucoup de points. Cette année, quand on parle de Concordia, j’aimerais qu’on se rappelle de la défense », a espéré Brodrique qui a vu son frère, Michael, aboutir avec les Carabins à la suite d’un pépin académique l’empêchant de joindre Concordia.

Les Stingers ont donc un nouvel entraîneur-chef, un nouveau quart-arrière partant, un nouveau coordonnateur défensif et même un nouveau vestiaire, ce qui n’était pas un luxe a-t-on entendu dire. Collinson sait ce qu’il souhaite comme nouvelle réputation pour son groupe.

« Une équipe qui se bat, chaque jour. Quand tu joues contre nous, tu sais que ce sera exigeant, on va donner tout ce qu’on peut », a-t-il noté.

« L’objectif, c’est la coupe Vanier, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. Ça commence par le camp », a conclu Bouffard en se faisant le porte-parole de tous ses coéquipiers.