MONTRÉAL - Depuis le temps que l'on entend parler des commotions cérébrales et des risques qu'elles peuvent engendrer, voilà que trois universités de Montréal ont décidé de faire front commun pour se pencher non pas sur ce fléau spécifiquement, mais sur les capacités du cerveau à encaisser des coups à la tête pendant une saison complète de football universitaire.

Ce projet unique au Canada intitulé, à juste titre peut-être, « tête première » a été dévoilé mardi lors d'une conférence de presse tenue aux abords du stade de football de l'Université de Montréal.

Déjà en marche, le projet réunit 38 joueurs de football des Carabins de l'Université de Montréal, des Stingers de l'Université Concordia et de l'équipe de l'Université McGill. Ces joueurs porteront, à tour de rôle pendant la saison, des capteurs télémétriques dans leur casque pendant deux matchs consécutifs pour recenser les coups à la tête.

De plus, le projet demande aux joueurs volontaires de se soumettre à un total de sept examens d'imagerie médicale effectués avant, pendant et après la saison de football. Certains de ces examens seront menés immédiatement avant et après les matchs, comme ce fut le cas le 23 août dernier.

Ainsi, l'équipe de recherche étudiera avec précision la possible association entre la somme des forces appliquées à la tête des joueurs et l'intégrité physiologique de leur cerveau. Le projet permettra aussi d'évaluer le rétablissement du cerveau à l'extérieur de la saison régulière.

« Le fait d'avoir des capteurs dans les casques, c'est déjà fait, a noté le neuropsychologue Louis De Beaumont, dont l'équipe mène le projet. Mais personne n'a jamais fait un IRM avant un match et immédiatement après un match, et encore moins associé les forces pendant le match et les différences entre l'IRM avant-match et post-match. Ça c'est totalement inédit. »

Dans sa présentation aux médias, le neuropsychologue a insisté sur le fait que le projet porte sur les coups à la tête et non pas sur les commotions cérébrales.

« Ce dont on se rend compte scientifiquement depuis les dernières années, c'est que ce serait davantage l'accumulation des coups à la tête que les commotions cérébrales qui seraient un problème. Un athlète qui est exposé à 60 coups d'une certaine force dans un match, est-ce que ça peut-être plus un problème en soi que de subir trois commotions cérébrales dans une saison? On est en train de positionner cette question-là, et on va essayer d'y répondre pour la première fois ici dans ce projet de recherche. »

Le projet pourrait permettre de développer de nouveaux équipements sportifs mieux ajustés aux vulnérabilités du cerveau et améliorer certaines pratiques associées à un sport comme le football, souligne le neuropsychologue.

« Ce qui est très important de faire, je crois, c'est de trouver des façons de faire évoluer le sport. Si on sait que certaines pratiques, certains coups sont dangereux, est-ce qu'on peut modifier un sport pour le rendre un peu plus sécuritaire? De toute façon, c'est nécessaire, ça doit arriver, dans tous les sports de contact », affirme-t-il.

Parmi les pratiques à améliorer au football, il y a la façon de plaquer, selon l'entraîneur-chef des Carabins, Danny Maciocia.

« Au football, il faut enseigner comment plaquer des joueurs sans utiliser sa tête. Comment peut-on enseigner ça? Ça ne commence pas au niveau universitaire mais au football mineur. »

Raphaël Major-Dagenais, un receveur de passes des Carabins, est l'un des 38 joueurs qui participera à l'expérience durant la saison.

« Les coups à la tête au football ont toujours été un enjeu pour le sport et la sécurité des joueurs. Si on peut faire avancer la technologie pour la sécurité des joueurs, je pense que ce serait une bonne chose. »