MONTRÉAL – L’objectif du Rouge et Or a toujours été le même année après année : gagner le dernier match de la saison.

L’organisation qui a remporté huit titres nationaux est à deux semaines de réaliser son but. Samedi, il s’agira de sa 14e participation aux demi-finales canadiennes, dont neuf se sont soldées par une victoire.

Les Golden Hawks de l’Université Wilfrid Laurier représentent un bon défi pour les Lavallois, notamment en raison de leur défense qui s’appuie sur un excellent front défensif. Mais l’attaque du Rouge et Or est très équilibrée et sort d’une rencontre où elle a vaincu la meilleure unité défensive au pays.

Si on peut comparer et analyser longtemps les statistiques entre les deux équipes, il y a une facette incalculable où la troupe de Glen Constantin a un net avantage : l’expérience.

Alors que les Golden Hawks disputent une demi-finale nationale pour la première fois depuis 2005, le Rouge et Or compte encore sept joueurs qui étaient en uniforme lors de la dernière conquête de la Coupe Vanier en 2013. Cinq autres étudiants-athlètes faisaient partie de l’organisation, mais n’avaient pas été insérés dans la formation de 48 joueurs pour la finale canadienne.

Sans compter l’entraîneur-chef Glen Constantin et le coordonnateur défensif Marc Fortier qui ont vécu chaque périple éliminatoire depuis la première saison officielle du programme en 1996.

Dès le retour au travail lundi, les joueurs avaient mis l’émotive victoire à la Coupe Dunsmore de côté et étaient prêts à mettre les bouchées doubles pour se préparer à affronter une formation qu’ils connaissent peu.

« Ce qui est fantastique, c’est qu’on a des gars qui étaient là en 2013 et qui l’ont fait comprendre assez rapidement aux jeunes. L’équipe que nous avons eue devant nous lundi, c’était une équipe prête à passer à l’autre étape », a affirmé le coordonnateur offensif Justin Éthier lors d’un entretien téléphonique avec le RDS.ca, mardi.

« Dimanche, c’était le temps de ranger nos casquettes et de passer à la prochaine étape. Il reste deux semaines et elles sont cruciales. Ce sont deux semaines qu’on pourrait se rappeler toute notre vie. Il faut garder les yeux sur la cible », a noté le demi-inséré Félix Faubert-Lussier qui a deux bagues de la Coupe Vanier à son actif.

Le danger d’une rencontre de cette ampleur est d’essayer d’en faire trop. Le message des entraîneurs est de rappeler à chaque joueur qu’il doit seulement faire son travail et de ne pas tenter de jouer aux héros.

« C’est une rencontre éliminatoire sans lendemain. Mais il ne faut pas essayer de gagner le match sur tous les jeux. Il faut bien faire toutes les petites choses. Lorsqu’on les met bout à bout, ça fait en sorte qu’on va avoir connu plus de succès que l’autre équipe. Il ne faut pas jouer à Superman », a expliqué Marc Fortier qui est le patron de la défense du Rouge et Or depuis 2007.

« On met beaucoup l’accent sur le processus et non sur le résultat. C’est une continuité de ce qu’on essaie de prêcher durant la saison. Il y a plusieurs choses qui viennent à côté (dans ce genre de match). C’est une équipe qu’on n’est pas habitué de voir. Mais, en fin de compte, c’est un match de football. Il faut que tu te défasses des blocs et que tu réussisses des plaqués », a ajouté Fortier dont l’unité défensive s’est classée au 2e rang au pays cette saison.

Ne pas tout changer

Après avoir affronté une équipe qu’il connaît par cœur, le Rouge et Or se prépare à une confrontation face à un adversaire qu’il a découvert en salle de vidéo lundi. Ou pour Marc Fortier, dès samedi soir puisqu’il avait déjà commencé à étudier ses prochains adverses dans la voiture en faisant la route du retour entre Montréal et Québec.

« C’est sûr qu’au début c’est toujours un peu insécurisant. Il faut que tu t’adaptes. Mais la chose la plus plaisante là-dedans, c’est qu’on ne les connaît pas trop et eux non plus. Tu n’as pas peur d’avoir des tendances. Tu deviens un peu paranoïaque (contre Montréal). Et de toute façon, on n’a pas beaucoup de temps pour se préparer. À ce moment-ci, ce sont les joueurs qui gagnent les matchs et non les entraîneurs », a indiqué Fortier.

Justin Éthier a toujours été un coordonnateur offensif qui voulait apporter beaucoup d’ajustements à ses plans de match pour déjouer les stratégies défensives. En 2016, il a adopté une approche différente en mettant l’accent sur l’ensemble des jeux et des formations où ses joueurs étaient confortables.

« C’est devenu important de mettre notre quart-arrière dans des situations où il est confortable », a révélé celui qui a dirigé l’attaque lavalloise dans six des huit coupes Vanier du programme.

« Il ne faut pas tomber dans le piège de commencer à vouloir tout changer. Si on regarde la base de ce qui a été fait la semaine passée, ça ressemblait beaucoup à ce qu’on faisait cette saison. Peut-être que défensivement ils vont reconnaître la situation, mais il faut qu’ils l’arrêtent. C’est de trouver le juste équilibre. Apporter de petits ajustements sans trop en faire », a mentionné Éthier.

En plus de bien connaître leurs stratégies, les joueurs du Rouge et Or et des Carabins étaient pour certains des amis ou d’anciens coéquipiers au niveau collégial. Cela, en plus de la grande rivalité entre les deux équipes, amenait un danger d’un trop-plein émotif.

Cette composante ne sera plus en jeu face aux Golden Hawks. Mais l’intensité du Rouge et Or ne sera pas moindre.

« Des fois, tu as des chums dans les autres universités au Québec avec qui tu as joué plus tôt dans ta carrière. Mais là, tu ne connais pas du tout l’autre équipe. Il ne faut pas que tu les prennes à la légère et il faut que tu te prépares du mieux que tu peux », a estimé Faubert-Lussier qui est passé dans l’ombre de la performance de Jonathan Breton-Robert à la Coupe Dunsmore.

« D’une certaine façon, on a peut-être une plus grande liberté pour les attaquer et pour le choix de jeu. On n’a pas de tendances avec eux. C’est à nous de créer un nouvel aspect de l’attaque », a ajouté le finissant qui a capté 8 passes pour 71 verges la semaine dernière.

Autre avantage, la foule

Déjà que l’attaque de l’Université Wilfrid Laurier en a plein les bras à se préparer à affronter la redoutable défense du Rouge et Or, elle devra composer avec un point qu’elle ne peut vivre à l’entraînement : la foule.

Le Stade Telus sera bondé de fervents partisans de l’Université Laval samedi, ce qui compliquera la tâche de l’unité offensive des Golden Hawks qui opèrent en grande partie sans caucus entre les jeux.

La foule au Stade-Telus du Rouge et Or de l'Université LavalL’entraîneur-chef Michael Faulds et son coordonnateur offensif devront travailler à établir un mode de communication alternatif puisque leur quart-arrière aura certainement de la difficulté à donner ses directives.

« C’est quelque chose d’assez nouveau (de faire face à une attaque de ce type). J’ai hâte de voir comment ils vont réagir avec la foule et l’ambiance du PEPS. Il va falloir qu’il prépare une stratégie en fonction de ça. On espère qu’on va avoir une bonne foule. Ça pourrait nous aider et ce n’est pas négligeable », a assuré Marc Fortier.

La semaine dernière, l’unité offensive des Golden Hawks a marqué 24 points sans réplique pour mener Laurier à une victoire de 43-40 face aux Mustangs de Western. Le jeu au sol est généralement le fer de lance de cette attaque qui a démontré qu’elle peut aussi gagner un match par la passe comme au quatrième quart la semaine dernière.

« Je ne pense pas que ça va changer leur ADN. Je pense qu’ils vont essayer de courir le ballon. Par contre, il faut être certain qu’on est préparé aussi à jouer une bonne dose de défensive par la passe si les choses n’allaient pas comme ils le voulaient du côté du jeu au sol », a planifié Fortier.

« Le front défensif, ça va être crucial. Il va falloir être certain que tout le monde est à la bonne place et qu’on joue les blocs comme il le faut pour ne pas laisser de trou au porteur de ballon parce qu’il est assez explosif. Il pourrait nous le faire payer cher si nous ne sommes pas disciplinés », a enchaîné le fin stratège défensif.

Faubert-Lussier sera prêt en cas de besoin

En raison des problèmes du botteur Dominic Lévesque lors de la Coupe Dunsmore, Félix Faubert-Lussier s’est entraîné sur les bottés de précision cette semaine.

Le joueur de cinquième année était un botteur étoile au niveau collégial où il a gagné le Bol d’Or avec les Spartiates du Vieux Montréal en 2009.

Lévesque a raté cinq de ses six tentatives de placement face aux Carabins. Il devrait être le partant, mais la décision sera prise après la semaine d’entraînement.