ATHENES (AFP) - Le gouvernement grec a décidé vendredi de renforcer ses plans pour la sécurité pendant les Jeux olympiques d'août prochain au lendemain des attentats sanglants de Madrid qui sont venus rappeler aux Grecs de manière poignante la permanence de la menace terroriste.

Alors que la presse grecque désignait la nébuleuse Al-Qaïda et s'inquiétait ouvertement d'une éventuelle attaque terroriste pendant les Jeux, le nouveau ministre de la Défense Spilios Spiliotopoulos a annoncé son intention de "renforcer" le plan de sécurité olympique.

"La structure du plan ne va pas changer, mais il sera simplement renforcé", après les attentats de Madrid, a déclaré le ministre à l'issue d'une entrevue avec le Premier ministre Costas Caramanlis.

Un expert de sécurité confiait vendredi que "tout le monde a
intérêt ici que le responsable soit l'ETA", le groupe basque désigné par les autorités espagnoles. Il s'agirait alors d'une affaire de terrorisme intérieur espagnol qui ne menacerait pas les Jeux.

"Mais si les attentats de Madrid ont été commandités par Al-Qaïda, alors cela est vraiment inquiétant" pour la Grèce, a-t-il estimé.

Les attaques qui ont fait près de 200 morts "font clairement monter la pression en Grèce", a ajouté cet expert sous couvert d'anonymat, estimant qu'"il faut à tout prix continuer à travailler dans le sens actuel".

"Priorité des priorités"

La Grèce a en effet déjà déployé des efforts considérables pour assurer la sécurité, considérée comme "la priorité des priorités", de la plus grande manifestation mondiale.

Elle a demandé officiellement vendredi l'aide de l'Otan pour assurer la sécurité des Jeux "principalement dans les domaines de la surveillance aérienne et maritime, ainsi que la protection d'un incident chimique, biologique et radiologique", a annoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Athènes a prévu un budget exceptionnel de 750 millions de dollars, le triple de celui des Jeux de Sydney en 2000. Plus de 50 000 membres des forces de sécurité dont 10 000 soldats seront chargés de la protection des athlètes, des officiels et des visiteurs pendant les compétitions qui se dérouleront du 13 au 29 août.

Sept pays (Allemagne, Australie, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Israël) fournissent depuis longtemps à la Grèce une expertise spéciale sur la sécurité olympique.

Depuis mercredi, quelque 2000 membres des forces de sécurité grecques, des Etats-Unis et de plusieurs autres pays prennent part à un exercice de sécurité anti-terroriste baptisé "Bouclier d'Hercule" en vue des Jeux.

L'un des scénarios de cet exercice, qui doit durer deux semaines, vise à empêcher des actes terroristes de groupes basés à l'étranger et à démanteler un éventuel réseau en Grèce.

Exercices

"Cet exercice vise exactement à se préparer au genre d'attentats qui ont eu lieu à Madrid", a souligné une source policière grecque proche de l'exercice.

De nombreux autres exercices ont été organisés depuis deux ans dans le pays, le dernier mené au début de l'année en collaboration avec la Grande-Bretagne, contre une attaque terroriste en mer et contre les menaces NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique).

A droite comme à gauche, la presse grecque était unanime vendredi. Elefthéros Typos (droite, gouvernemental) soulignait dans son éditorial que "ce qui est arrivé en Espagne change les données et relance un climat d'insécurité, négatif" pour les Jeux.

L'éditorial d'Ethnos (gauche populaire) relevait pour sa part que "la frappe terroriste de Madrid justifie la mobilisation des autorités grecques pour un meilleur blindage des Olympiques".