NEW YORK (AFP) - De plus en plus de joueurs du baseball majeur utilisent des produits dopants en toute impunité, a révélé une enquête du New York Times parue dans l'édition de dimanche du quotidien.

"Je pense que l'on en trouve (des produits dopants) dans toute notre industrie. Et avec tout l'argent qui circule, c'est une pratique qui devient de plus en plus courante", a confié au quotidien new-yorkais Randy Smith, le directeur général de l'équipe des Tigers de Detroit .

"Pour moi, vous avez des joueurs qui essayent d'améliorer leurs performances pour décrocher un contrat, a-t-il ajouté. Vous voyez des frappeurs moyens qui tout d'un coup deviennent de bons joueurs avec un énorme potentiel au niveau puissance."

Les dix secrétaires généraux des diverses équipes professionnelles interrogés à la veille de la nouvelle saison ne savent pas combien de joueurs utilisent des produits dopants, mais affirment tous que "la tendance est à la hausse."

Kevin Towers, directeur général des Padres de San Diego, estime "qu'ils sont plus nombreux aujourd'hui qu'ils ne l'étaient l'an passé. C'est désolant de voir que l'on constate un effet boule de neige auprès des joueurs universitaires et même auprès des joueurs des rangs secondaires".

Pour J.P. Ricciardi, en charge des Blue Jays de Toronto, il ne faut pas être devin pour voir qu'un joueur s'est dopé. "La musculation ne peut vous mener que jusqu'à un certain point. Vous voyez la masse de certains joueurs et vous savez que ce n'est pas juste le fruit du travail".

L'exemple McGwire

Le baseball majeur ne prévoit aucun contrôle antidopage. L'Association des joueurs s'y oppose aussi, prétextant que des tests inopinés et rigoureux porteraient atteinte aux libertés individuelles.

Quant aux joueurs, ils pensent que la ligue ne fera jamais rien pour interdire les produits dopants, les sanctions pouvant aussi ternir les performances légendaires des anciennes vedettes.

"Si la ligue venait un jour à imposer des sanctions, on pourrait découvrir ensuite que certains des joueurs utilisaient des stéroïdes anabolisants et cela pourrait aboutir à des débats sans fin et ajouter des astérisques aux côtés de leurs statistiques", analyse le lanceur des Mets Al Leiter.

Mark McGwire, qui a frappé 70 circuits en 1998, avait avoué qu'il utilisait cette année-là de l'androsténédione, une hormone augmentant fortement la masse musculaire. Deux ans plus tard, McGwire, souffrant de tendinites chroniques, fut contraint de prendre sa retraite à 38 ans.

Son cas est pris en exemple par les directeurs généraux, qui expriment leurs craintes sur les risques encourus pour l'utilisation de procédés illégaux, qu'ils souhaitent interdire avant qu'il ne soit trop tard.

"La seule façon pour que la tendance prenne fin est que cela devienne illégal et que les joueurs soient testés", prévient Kevin Towers. "Et cela ne sera possible que lorsqu'une vie ou deux seront perdues. Une star va perdre sa vie et tout le monde se réveillera pour dire: 'cela ne peut plus durer'".