Clearwater, Floride - C'est avec un nouveau joueur que la troupe de l'ABC du gérant Joël Landry s'est rendue dimanche à Clearwater, sur la côte du Golfe du Mexique, pour affronter les recrues des Phillies de Philadelphie. Un match qui fut fertile en rebondissements et où les nôtres se sont finalement inclinés in extremis au compte de 11-10.

Depuis quelques jours, en effet, un nouveau joueur porte nos couleurs. Il s'agit d'un lanceur de l'équipe nationale Youth canadienne, un Ontarien du nom de Jake Eliapoulos. Retenez bien ce nom!

Deux semaines avant de partir pour la Floride, Dan Lawson, qui est l'agent qui représente le Québécois Phillippe Aumont des Mariners de Seattle, a communiqué avec nous afin de voir s'il était possible que son nouveau client vienne lancer avec nous afin de profiter de la « vitrine » de l'ABC en Floride. Durant notre première semaine ici, Jake serait en Arizona à participer à des camps d'essai des équipes de la Ligue des Cactus. Lawson nous demandait donc de l'accueillir durant notre deuxième semaine afin qu'il s'entraîne avec nous quelques jours et qu'il lance dans un match. Nous avons accepté avec plaisir, mais étant donné notre rotation de lanceurs, nous ne pouvions offrir à Jake plus qu'une sortie.

L'athlète de Newmarket en Ontario attire les regards de tous les recruteurs du baseball professionnel. Nous avons donc décidé de lui confier le rôle de partant pour notre match face aux recrues des Phillies de Philadelphie.

Comme prévu, les recruteurs ont accouru. Ils étaient pas moins d'une trentaine à surveiller chacun de ses faits et gestes. Ce faisant, notre ami Eliapoulos a permis à nos joueurs, aujourd'hui, de s'exprimer devant une galerie des plus intéressantes.

Match numéro 12 - ABC 10 - PHILLIES 11
Et tout comme nous, les recruteurs ont assisté à un match de fou!

D'entrée de jeu, Eliapoulos a œuvré durant trois manches ne permettant que deux coups sûrs aux frappeurs des jeunes Phillies. Il ne leur a même pas alloué de but sur balles.

Une performance qui laisse facilement entrevoir une sélection dans les cinq premières rondes lors du prochain repêchage annuel des équipes du baseball majeur.

Par la suite, six lanceurs ont défilé pour nous au monticule. La plupart se sont bien débrouillés face aux frappeurs adverses, s'acclimatant tant bien que mal à une zone de prise… des ligues majeures!

Yann Charbonneau a cependant connu une sortie difficile, en raison notamment de son jeu défensif. En fait, trois jeux ont causé sa perte.

Tout d'abord avec un coureur au premier sac, le frappeur y va d'un faible roulant qui flirte avec la ligne du premier but. Charbonneau se rend à la balle, la saisie et effectue un relais d'au plus d'une vingtaine de pieds… mais son relais est trop haut et notre joueur de premier but, Thierry Vallières, doit sauter pour capter la balle et évidemment il ne réussit pas à garder un pied en contact avec le coussin. Au lieu d'obtenir un retrait, nous nous retrouvons avec des coureurs postés au premier et au troisième coussin.

Puis, nous pressentons que le coureur du premier but va s'élancer vers le deuxième. Nous commandons alors un jeu de feinte de notre lanceur vers le troisième but, mais avec pivot et relais au premier but dans le même enchaînement. Yann exécute le jeu à la perfection. Nous avions vu juste, car le coureur était en course. Yann n'a qu'à relayer au premier but et le coureur est pris à contre-pied. Mais, le Lavallois hésite et finalement ne lance pas… Le frappeur suivant réussit un coup sûr!

Et avec encore la même situation, les entraîneurs de l'ABC flairent de nouveau le vol de but. Ils commandent un lancer à l'extérieur. Effectivement, le coureur est en course. Mais, Yann lance trop haut au receveur Tommy Tremblay (Longueuil, midget AAA) qui ne peut effectuer un relais de qualité au deuxième but. Le coureur est sauf.

On ne peut jouer ainsi avec le feu avec une équipe de joueurs professionnels. Avoir six chances de retraits dans une manche et céder de plus cinq coups sûrs ne peuvent donner de résultats autres qu'une manche de cinq points… qui porte la marque à 7-3 en faveur des Phillies.

De retour dans le match
Le match semble maintenant hors de portée pour les troupiers de l'ABC. Mais c'était sans compter sur la contribution des joueurs d'arrêt-court des Phillies à notre cause!

La troupe du gérant Joël Landry a réussi à fouler la plaque payante dix fois, résultat de quatre coups sûrs, de sept buts sur balles (les lanceurs des Phillies devaient eux aussi vivre avec la zone de prises des ligues majeures) et de dix erreurs des Phillies. De ces dix bourdes, neuf ont été commises par les joueurs ayant occupé la position d'arrêt-court. Le partant à cette position en a commis trois. Les Phillies ont donc effectué un changement et le nouvel arrêt-court a réussi le tour de force de doubler le nombre d'erreurs de son prédécesseur.

En plus de treize ans à l'ABC, je n'ai jamais été témoin d'une telle boucherie!...Euh, du côté d'une équipe de pro, j'veux dire.

Grâce à ce futur joueur retranché, nous avons pu revenir dans le match et même prendre les devants 10 à 9 en neuvième manche.

Puis, Mathieu Bernard s'amène au monticule avec une possibilité de sauvetage. Les Phillies rappliquent avec deux points sur trois coups sûrs et un but sur balles. Marque finale : Phillies 11 ABC 10.

Philosophie d'évaluation des résultats de l'Académie de Baseball Canada
Mathieu Bernard était évidemment très déçu d'avoir saboté sa mission de sauvetage. Normal! Mais, c'est la qu'entre en vigueur le concept même de l'ABC. Ce n'est pas le résultat comme tel qu'il faut considérer, mais plutôt l'analyse de la performance du joueur.

Mathieu a donné trois coups sûrs à l'adversaire. Chacun de ces coups sûrs a fait un minimum de trois bonds au champ intérieur avant de percer l'avant-champ. C'est donc dire que la vélocité des tirs de Mathieu était suffisante pour que les frappeurs ne puissent pas soulever la balle. Avec trois milles à l'heure de moins sur ceux-ci, ce sont probablement trois lasers au champ extérieur qu'ils auraient obtenus.

Le lanceur de Saguenay a alloué un but sur balles. Au moment de la quatrième balle, il y avait deux prises dans le compte et rappelons que nos artilleurs étaient confrontés avec une zone de prises de professionnels. Pas facile à manœuvrer dans de telles situations. Presque tous les tirs de Mathieu dans la manche étaient invitants pour les frappeurs.

Le point de relâchement que nous avons travaillé avec notre lanceur tout l'hiver était au rendez-vous. Il lançait beaucoup moins crispé qu'à son habitude. Toutes ses balles rapides ont atteint 86 mph sauf un tir, qui a été mesuré à 87 mph. Ce sont les tirs les plus rapides de sa jeune carrière!

Bref, Mathieu était déçu par le résultat du match, alors qu'il aurait dû être très heureux de sa performance. C'est ce qu'il a compris… le lendemain matin.

Nos meilleurs en attaque furent Samuel Domingue (1-en-2,1bb et 1bv), lui qui s'est également illustré en défensive. Michaël Page (2bb et 1pc), Tommy Tremblay (1-en-2, 3bb, 2pc et 1pp), Thierry Vallières (1-en-4, 1pp et 2pc) et Danny Deschamps, qui a continué sur sa belle lancée avec un coup sûr en trois apparitions officielles au bâton.

Autour du match
Dans le camp des Phillies, Rudy Rio-Nunez, un ancien des Marquis de Montréal midget AAA, a joué les trois dernières manches du match à titre de voltigeur. Il s'est présenté deux fois à la frappe. Il s'est commis dans un double jeu et a frappé une flèche au premier but en neuvième manche.
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L'ex-joueur des Diamants de Québec de la LBÉQ, Kevin Denis-Fortier, qui porte les couleurs des Blue Jays, était au complexe de Clearwater afin d'y affronter les jeunes Phillies de calibre A.

Joel Collins, un joueur qui a fait le voyage de Floride de 2004 avec l'ABC, évolue également au sein de l'organisation des Blue Jays.

À suivre…

Sylvain Saindon, membre du personnel d'entraîneurs de l'ABC

Collaborateur au texte : Jacques Lanciault