Je n'adhère pas à la théorie de ceux qui disent que parce qu'il évoluait dans un milieu de tricheurs et qu'il devait suivre la parade s'il voulait rester dans les majeures, Éric Gagné est une victime.

Gagné a fait un choix. C'était à lui de décider si, oui ou non, il allait faire usage de substances interdites et il a choisi de tricher.

Lorsqu'on fait le bilan de sa carrière, on voit un trophée Cy Young, trois participations au match des étoiles, une bague de la Série mondiale et 40 M$ en banque. Peut-on vraiment dire qu'on parle ici d'une victime? Je ne crois pas.

Il y a une donnée qu'il serait intéressant de posséder dans toute cette affaire : à quel moment le lanceur de Mascouche a-t-il commencé à consommer? Avant d'arriver avec les Dodgers? Au début de sa carrière dans les majeures? Avant qu'il ne soit élu meilleur lanceur de la Ligue nationale? Pour l'instant, la réponse est inconnue.

Au moins, Gagné était loin d'être le seul dans cet engrenage. Seulement dans l'édition 2000 des Dodgers de Los Angeles, on retrouve neuf autres joueurs cités dans le rapport Mitchell : Kevin Brown, Paul Lo Duca, Gary Sheffield, Todd Hundley, F.P. Santangelo, Chris Donnels, Mike Judo, Matt Herges et Ismael Valdez. Visiblement, il se passait des choses pas catholiques dans la Cité des Anges.

Autre constatation intéressante. Quand les Yankees ont remporté la Série mondiale en 2000, ils comptaient dans leurs rangs huit joueurs qui se retrouvent aujourd'hui sur la liste noire de Mitchell. Huit sur 25, soit 32% de la formation. Quand même important comme proportion.

En tête de liste, il y a évidemment Jose Canseco, qu'on pourrait également surnommer le professeur. C'est lui qui conseillait aux autres joueurs - Glenallen Hill, Chuck Knoblauch, Andy Pettitte, Roger Clemens, David Justice, Denny Neagle et Mike Stanton - quoi prendre et comment consommer.

On parle toujours des records teintés de Barry Bonds, mais… Placera-t-on un astérisque dans le livre des records aux côtés de cette conquête des Yankees? Ira-t-on jusqu'à retirer un championnat aux Bombardiers du Bronx? On peut aussi rediriger le débat vers Miguel Tejada et son titre de joueur par excellence.

Évidemment, les grands perdants dans tout ça sont les joueurs propres, ceux qui n'ont jamais triché. Parce qu'aujourd'hui, tous les joueurs sont placés dans le même bateau. Si j'étais un joueur qui n'a jamais pris de substances interdites, je serais très déçu par la réaction de l'Association des joueurs qui n'a pas daigné protéger ses membres "propres" et qui a préféré protéger les fautifs.

*Retranscription de l'intervention de Denis Casavant au bulletin Sports 30.