(PC)-C'était un peu comme une réunion de famille. Les grands sourires, les poignées de main, les accolades se succédaient après que les joueurs des Expos eurent sauté sur le terrain pour commencer leur exercice au bâton.

C'est que Pedro Martinez, leur ancien coéquipier et pour plusieurs leur idole, était là pour les accueillir. «Oui, je prends encore soin de Vladimir Guerrero. Je le vois souvent pendant l'hiver, a dit Pedro. Il a pris beaucoup de poids, de maturité. Il est tellement fort et il va le devenir encore plus.»

Guerrero était un des protégés de Pedro quand le lanceur faisait la pluie et le beau temps avec les Expos. Les liens d'amitié qui les unissent sont toujours aussi forts.

Mais si Guerrero a pris du muscle au cours de l'hiver, c'est la même chose pour Martinez, qui a été opéré à l'épaule l'automne dernier après avoir subi la première blessure sérieuse de sa carrière.

À ses meilleures années avec les Expos, Martinez pesait à peine 170 livres. Malgré tout, ses balles rapides avaient l'heur de repousser les frappeurs qui se tenaient trop près du marbre. Mais là, Martinez fait osciller la balance à 193 livres.

Il rit de bon coeur quand on lui en parle. «Ça aussi c'est de la maturité, dit-il. Je me sens très fort physiquement, je suis en grande forme.»

Pourtant, les Red Sox songent présentement à lui donner quelques jours de repos, question de permettre à son épaule de reprendre toutes ses forces. Il pourrait manquer un départ à l'entraînement et il pourrait même manquer un départ ou deux en début de saison. «Je me sens bien, je pense toujours que je serai en mesure de commencer la saison,» a pourtant dit Martinez.

Mais depuis le début du camp, il n'est pas le lanceur dominant qu'il a été depuis déjà plusieurs années. En quatre départs, il a lancé pendant 13 manches et deux tiers. Il a cédé 16 coups sûrs et six buts sur balles. Il a donné 13 points mérités pour une ronflante moyenne de 8,56. Il a même accordé trois circuits dans un match. Ces statistiques ne ressemblent pas vraiment à celles auxquelles nous a habitués Pedro Martinez.

«Parfois, je suis confus, je ne sais pas comment réagir, a-t-il dit. Je n'avais jamais été blessé. Là, je manque de précision. Je ne manque pas la cible par un mille, mais je ne place pas mes tirs là où je le veux. Je ne maîtrise pas mes balles à effet comme je le voudrais. Mais mon changement de vitesse progresse.»

Un Pedro Martinez qui ne maîtrise pas très bien ses tirs, voilà qui n'est rien pour rassurer les frappeurs adverses.

Par ailleurs, Martinez s'est enquéri de la situation des Expos et de leur survie à Montréal. Il a toujours été un des enfants chéris au Stade olympique. Il était le favori de la foule.

«C'est à Montréal où j'ai le mieux aimé jouer au baseball. De toutes les villes, c'est celle que j'ai préférée, a dit Martinez. Les gens m'aiment à Boston, mais ils m'aimaient aussi à Montréal. Si les Expos disparaissent, ce sera une honte. On peut se promener à sa guise dans les rues de Montréal, à n'importe quelle heure. C'est une ville où on est en sécurité à toute heure du jour.»

Felipe Alou a bien failli hériter du poste de gérant avec les Red Sox avant que Grady Little ne soit choisi il y a quelques semaines. Alou a été le dernier candidat rejeté. «Je me suis toujours bien entendu avec Felipe, a dit Martinez. J'aurais certes apprécié le retrouver. Mais Grady Little est un bon gérant. Les deux hommes auraient représenté de bons choix,» a dit Martinez, qui en vieillissant a acquis des allures de diplomate.