Vero Beach, Floride - Après Port St. Lucie, samedi, l'Académie de Baseball Canada (ABC) s'est retrouvée à Vero Beach dimanche. Visite au domicile de l'équipe d'un ex-joueur de l'ABC, un de ceux qui, depuis, a atteint la célébrité… Russel Martin.

Texte de Sylvain Saindon, entraîneur de l'ABC et de Jacques Lanciault, secrétaire général de la LBÉQ

Vero Beach, c'est depuis 1948 « La Mecque » du baseball. Tout y est axé sur le sport national des Américains. Ce site fait partie de la grande histoire du baseball et tout, ici, est imprégné d'une tradition unique. Même les rues de la ville portent des noms d'anciens joueurs des Dodgers. D'ailleurs à chaque printemps, ont parle plus de Dodgertown que de Vero Beach.

Dodgertown est un complexe d'entraînement qui s'étend sur plusieurs kilomètres carrés, sur lesquels on trouve six terrains de baseball, des ensembles de quatre monticules pour les lanceurs éparpillés un peu partout sur le site, des cages de frappeurs, certaines extérieures, d'autres intérieures. D'ailleurs, c'est celles intérieures qu'ont utilisées les nôtres pour leur entraînement d'avant-match.

Il y a également deux terrains de baseball qui ne sont constitués que de champ intérieur! En général, ces terrains sont utilisés pour exercer le travail défensif des lanceurs ou encore pour travailler des routines défensives spécifiques à quelques joueurs seulement.

Et comme si ce n'était pas suffisamment paradisiaque, ce décor enchanteur est entouré non pas d'un terrain de golf, mais de deux! Dans les années 1950, le propriétaire des Dodgers de l'époque, Walter O'Malley, avait décidé de faire construire un deuxième terrain de golf spécialement pour un de ses joueurs : un dénommé Jackie Robinson! Il faut bien se rappeler qu'au milieu du siècle dernier la ségrégation raciale faisait encore rage chez nos voisins du Sud et les Noirs ne pouvaient pas jouer au golf sur le terrain des Blancs. Il a donc pris l'initiative de faire construire un terrain spécialement pour son joueur favori!

Mais, toute bonne chose à une fin
C'est pourtant ce site que les Dodgers quitteront dans quelques jours… pour toujours. Les installations de Dodgertown à Vero Beach étaient parfaites pour les Dodgers de Brooklyn. Mais, aujourd'hui, l'organisation veut se rapprocher de son domicile permanent, celui où elle s'est établie en 1958 en devenant ainsi les Dodgers de Los Angeles.

À compter de l'an prochain, les Dodgers imiteront une majorité d'équipes du baseball majeur et tiendront leur camp d'entraînement printanier dans le désert de l'Arizona. C'est la fin d'une grande époque pour Dodgertown, un peu comme lorsque les Canadiens de Montréal ont laissé le Forum pour prendre la direction du Centre Molson!

Mais, y a-t-il meilleur endroit pour que soit croquée la traditionnelle photo d'équipe?

Deux autres défaites!
L'ABC n'a pas affronté les jeunes Dodgers depuis quatre ans. Il faut préciser qu'avant ses quatre ans la fiche de l'ABC contre eux était peu reluisante. D'ailleurs, au fil des ans, les pires performances de l'équipe lors des séjours en Floride ont presque toujours eu lieu contre les Dodgers.

Et quand la compétition offerte par les formations invitées aux équipes professionnelles se compose d'erreurs en défensive, de lancers erratiques et sans vélocité, etc., les retours d'appels, quand vient le temps de planifier les matchs de la tournée en Floride de l'année suivante, se font plutôt rares.

Il faut cependant souligner que l'organisation des Dodgers a toujours eu du mal à évaluer la compétition que leur offraient les équipes de l'ABC. Trop souvent, les équipes de l'organisation de la cité des anges s'amenaient sur le terrain avec des joueurs déjà prêts à amorcer la saison dans le A fort ou même dans le AA, tandis que même les meilleurs joueurs de l'ABC sont loin d'être à cette phase de leur développement.

Et, il semble bien que la philosophie des Dodgers n'ait pas changé d'un iota. L'équipe que l'ABC va affronter semble être composé d'un mélange de joueurs provenant des niveaux A et AA.

Quand le premier frappeur du match claque un changement de vitesse dans la clôture au champ opposé, pour un triple, et que le cogneur suivant expédie une flèche à huit pieds de hauteur directement dans les mains du voltigeur de gauche pour un ballon-sacrifice, alors là, tout le monde s'est dit : « la journée va être longue ».

Et lorsque la troupe de Joël Landry a vu le troisième frappeur du rôle offensif des Dodgers se présenter au bâton, un colosse qui, au bas mot, devait bien peser une trentaine de livres de plus que ses deux précédents coéquipiers, plus personne n'avait de doute, la journée serait longue!

Mais, le temps est superbe, le ciel est bleu et déjà il fait très chaud.

Finalement, ce fut une très mauvaise deuxième manche qui a coulé les nôtres. Une combinaison de deux erreurs sur des roulants et quelques coups sûrs ont permis au Dodgers de fouler le marbre à six reprises dans cette manche pour ainsi prendre les devants 7-0.

Jean-François Ricard n'avait pas la même vélocité sur ses tirs qu'à sa dernière sortie, donc son changement de vitesse est devenu beaucoup moins efficace, surtout face à des frappeurs de cette qualité.

Mais, l'artilleur des Laurentides n'a jamais baissé les bras. Il a même lancé une troisième manche où il n'a eu besoin que de douze lancers pour retirer dans l'ordre les frappeurs qu'il a affrontés.

Par la suite, Andrew Jones et Philippe Charpentier ont bien fait n'accordant que deux points.

L'offensive se distingue encore
C'est au bâton que nos joueurs ont été impressionnants. Ils ont frappé huit coups sûrs et deux ballons-sacrifices, œuvre d'Antoine Désilets et de Kevin Young, qui ont frappé assez loin que même avec leurs bras-canons les voltigeurs de centre et de droite n'ont pu réussir à épingler nos coureurs au marbre.

Jonathan Gilbert a amorcé sa journée de travail avec un but sur balle… après neuf lancers. Cette très bonne présence à la plaque lui a permis de se faire l'œil. En tout cas, c'est ce que laisse penser sa fiche de 2-en-3, un simple et un double, pour le match. De très bon augure pour le mois d'avril où Jonathan retournera en Floride, cette fois à Orlando, pour la deuxième phase des essais de l'équipe nationale junior des 18 ans et moins (Youth Team).

Steve Charbonneau fêtait son retour au jeu après quelques jours d'absence due à une légère luxation de l'épaule. Ce dernier semble bien remis, car il y est allé d'une performance de deux coups sûrs, dont une flèche frappée directement au champ centre. Il s'est même permis de retirer un coureur en tentative de vol.

Défensivement, malgré trois erreurs, d'excellents jeux ont été exécutés par la troupe de Joël Landry.

Les nôtres ont perdu le match, mais n'ont pas été déclassés. Score final : Dodgers 9, ABC 6.

L'ABC domine… dans la défaite
Pour le match en soirée, la formation de l'ABC a complètement dominé : au bâton, en défensive, au monticule. Partout, sauf au pointage inscrit au tableau indicateur. Les nôtres ont été défaits 3-1 par la formation des World Free Agents.

Malgré une attaque de seulement six coups sûrs, plusieurs frappeurs québécois ont réussi de très bons contacts, mais ont été retirés. Philippe Delisle, avec deux coups sûrs en trois apparitions officielles et le seul point produit de son équipe, a connu son meilleur match depuis le début de la tournée.

Léonardo Ochoa a réussi un autre coup sûr et il a soutiré un but sur balles en trois visites dans le rectangle du frappeur. Sacha Lagarde a lui aussi un coup sûr et un but sur balles à sa fiche.

Au monticule, David Gaudreau a lancé de brillante façon. Il a accordé un point, et ce, même s'il n'a concédé qu'un seul coup sûr et un seul but sur balles en trois manches de travail. Il a passé quatre frappeurs sur des prises.

Lundi, l'équipe se déplace à Jupiter pour affronter la jeune troupe des Marlins de la Floride.