L'échec de Carbo prévisible
Baseball jeudi, 19 mars 2009. 21:15 samedi, 14 déc. 2024. 22:25
Le congédiement de l'entraîneur-chef Guy Carbonneau a eu l'effet d'une bombe dans le milieu sportif québécois. Cependant, sa nomination à la barre du Canadien annonçait déjà son échec. En fait, la majorité des experts en coaching auraient pu vous prédire le sort de Guy Carbonneau au moment même de sa nomination.
André Lachance, La Presse, le 19 mars 2009. L'auteur est professeur en coaching et en psychologie sportive à l'Université d'Ottawa. Il est l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne de baseball féminin depuis 2003. Il dirige des équipes de baseball depuis 1987.
L'histoire du sport est claire à ce sujet. Un athlète ne peut passer directement de joueur à entraîneur-chef d'une équipe du plus haut niveau sans avoir préalablement appris le métier.
Dans le cas de Carbonneau, ce n'est certes pas son court passage derrière le banc comme entraîneur adjoint qui a fait de lui un candidat apte à accomplir les tâches complexes du métier d'entraîneur-chef. Moi qui pensais que notre slogan était «je me souviens» et que le Canadien allait justement se souvenir du passage de Mario Tremblay.
Comment expliquer que Guy Carbonneau, l'un de mes joueurs favoris de l'époque, n'a pu être en mesure de rester en place plus longtemps? En fouillant un peu dans l'histoire des sports majeurs (hockey, baseball, football et basketball), vous ne serez pas en mesure de trouver un seul athlète ayant fait directement le saut de joueur à entraîneur-chef et ayant obtenu du succès sur une longue période de temps.
Je n'ai qu'à mentionner le cas de Maurice Richard et sa seule partie à la tête des Nordiques, de Jacques Plante avec ces mêmes Nordiques en 1973, de Babe Ruth et de Ty Cobb au baseball. Le seul à avoir échappé à la tendance d'échec est Al Arbour, des Islanders de New York, qui a fait le saut directement en plus d'avoir obtenu du succès.
Tous les autres entraîneurs que vous rencontrez auront gravi les échelons de la profession d'entraîneur, soit par un poste comme celui d'entraîneur adjoint pendant quelques saisons, soit par un poste d'entraîneur-chef au niveau inférieur (junior, collégial ou autre).
La profession d'entraîneur ne s'apprend pas dans les grandes ligues. Le fait d'avoir pratiquer un sport à un haut niveau vous donne certes un avantage non négligeable sur les autres. Mais le fait d'avoir pris l'avion 500 fois vous permet-il de prétendre que vous pouvez piloter l'avion? Est-ce que d'avoir subi huit pontages coronariens vous donne votre licence de chirurgien? Les connaissances acquises sont très importantes, mais il y a bien plus.
N'ayant reçu aucune formation d'entraîneur, comment Guy Carbonneau peut-il prétendre en connaître les principes d'enseignement, la gestion de crises, la communication, la science du sport, la planification d'entraînement, la gestion et l'évaluation de son personnel? Ne sont-ce pas là certaines des raisons évoquées par certains joueurs de l'équipe à la suite de son départ?
Regardons maintenant le cas de Wayne Gretzky. Comment expliquer que le joueur le plus décoré de l'histoire de notre sport national ne puisse obtenir du succès? Comment se fait-il que Wayne Gretzky puisse être aujourd'hui l'entraîneur-chef le mieux rémunéré de la Ligue nationale de hockey, en étant payé sept fois le salaire moyen?
Au prochain match des Coyotes, vous remarquerez un Gretzky pâle, peu enthousiaste et qui semble survivre chaque minute passée derrière le banc. Facile de comprendre qu'il reste en place considérant que le directeur général de l'équipe n'est pas le patron de l'entraîneur (Gretzky est aussi vice-président de l'équipe).
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault, collaborateur au site Internet de Baseball Québec.
André Lachance, La Presse, le 19 mars 2009. L'auteur est professeur en coaching et en psychologie sportive à l'Université d'Ottawa. Il est l'entraîneur-chef de l'équipe canadienne de baseball féminin depuis 2003. Il dirige des équipes de baseball depuis 1987.
L'histoire du sport est claire à ce sujet. Un athlète ne peut passer directement de joueur à entraîneur-chef d'une équipe du plus haut niveau sans avoir préalablement appris le métier.
Dans le cas de Carbonneau, ce n'est certes pas son court passage derrière le banc comme entraîneur adjoint qui a fait de lui un candidat apte à accomplir les tâches complexes du métier d'entraîneur-chef. Moi qui pensais que notre slogan était «je me souviens» et que le Canadien allait justement se souvenir du passage de Mario Tremblay.
Comment expliquer que Guy Carbonneau, l'un de mes joueurs favoris de l'époque, n'a pu être en mesure de rester en place plus longtemps? En fouillant un peu dans l'histoire des sports majeurs (hockey, baseball, football et basketball), vous ne serez pas en mesure de trouver un seul athlète ayant fait directement le saut de joueur à entraîneur-chef et ayant obtenu du succès sur une longue période de temps.
Je n'ai qu'à mentionner le cas de Maurice Richard et sa seule partie à la tête des Nordiques, de Jacques Plante avec ces mêmes Nordiques en 1973, de Babe Ruth et de Ty Cobb au baseball. Le seul à avoir échappé à la tendance d'échec est Al Arbour, des Islanders de New York, qui a fait le saut directement en plus d'avoir obtenu du succès.
Tous les autres entraîneurs que vous rencontrez auront gravi les échelons de la profession d'entraîneur, soit par un poste comme celui d'entraîneur adjoint pendant quelques saisons, soit par un poste d'entraîneur-chef au niveau inférieur (junior, collégial ou autre).
La profession d'entraîneur ne s'apprend pas dans les grandes ligues. Le fait d'avoir pratiquer un sport à un haut niveau vous donne certes un avantage non négligeable sur les autres. Mais le fait d'avoir pris l'avion 500 fois vous permet-il de prétendre que vous pouvez piloter l'avion? Est-ce que d'avoir subi huit pontages coronariens vous donne votre licence de chirurgien? Les connaissances acquises sont très importantes, mais il y a bien plus.
N'ayant reçu aucune formation d'entraîneur, comment Guy Carbonneau peut-il prétendre en connaître les principes d'enseignement, la gestion de crises, la communication, la science du sport, la planification d'entraînement, la gestion et l'évaluation de son personnel? Ne sont-ce pas là certaines des raisons évoquées par certains joueurs de l'équipe à la suite de son départ?
Regardons maintenant le cas de Wayne Gretzky. Comment expliquer que le joueur le plus décoré de l'histoire de notre sport national ne puisse obtenir du succès? Comment se fait-il que Wayne Gretzky puisse être aujourd'hui l'entraîneur-chef le mieux rémunéré de la Ligue nationale de hockey, en étant payé sept fois le salaire moyen?
Au prochain match des Coyotes, vous remarquerez un Gretzky pâle, peu enthousiaste et qui semble survivre chaque minute passée derrière le banc. Facile de comprendre qu'il reste en place considérant que le directeur général de l'équipe n'est pas le patron de l'entraîneur (Gretzky est aussi vice-président de l'équipe).
Revue de presse publiée par Jacques Lanciault, collaborateur au site Internet de Baseball Québec.