NEW YORK, États-Unis - Pour Marvin Miller, il est plus justifié de donner des millions aux joueurs de baseball qu'aux dirigeants de Wall Street.

Au cours d'une allocution de 68 minutes donnée à la New York University School of Law, mardi soir, pour discuter le 40e anniversaire de la première grève dans le Baseball majeur et l'ascension de l'Association des joueurs, l'ex-dirigeant du syndicat, maintenant âgé de 95 ans, a pourfendu les corporations et surtout, les salaires qu'ils consentent à leur dirigeants.

«Prenons les chef de la direction d'importantes compagnies, comme celles cotées en bourse ou ayant pignon sur rue sur Wall Street, a-t-il indiqué. La façon principale de décider de leur salaire c'est souvent de confier cette tâche au conseil d'administration, dont les membres sont plus souvent qu'autrement nommés par le chef de la direction. Ou bien ils forment un comité de compensation constitué de membres du conseil d'administration.

«On ne peut pas avoir plus grand conflit d'intérêts, puisque sur ces conseils d'administration se trouvent habiteullement des dirigeants d'autres entreprises. Ce qu'ils font donc, c'est de se donner des munitions pour leur quête d'un plus gros salaire. C'est tellement évident que c'en est abject. C'est certain qu'ils voteront en faveur d'une plus importante compensation.»

Il estime que les directeurs sont fautifs, puisqu'ils ne paient pas ces salaires. «Ce sont les actionnaires qui paient et ces actionnaires n'ont pas mot à dire sur le salaire et les compensations qui seront versés aux dirigeants.»

Il a ensuite comparé ce système au baseball, où le salaire moyen lors du premier jour de la saison 2012 se chiffrait à 3,4 millions $ US. Le plus haut salarié, Alex Rodriguez, des Yankees de New York, touche 30 millions $ cette saison.

«Il y a toujours une règle qui veut que pour qu'un contrat soit valide, il doit être signé par le propriétaire ou quelqu'un désigné par lui pour le faire à sa place, a expliqué Miller. Autrement dit, aucun salaire ne devient valide tant que le gars qui va le payer n'a pas donné son accord. Il n'y a pas meilleure façon de faire les choses.»

Quand on lui a demandé de quelle façon il modifierait la façon corporative de faire les choses, Miller a dit: «Je crois que la façon démocratique de le faire serait d'obtenir l'approbation de la majorité des détenteurs d'actions.

«C'est leur argent, ils devraient avoir des représentants élus faisant partie des discussions et ensuite, la totalité des actionnaires devrait être consultée.»

Pendant le règne de Miller à la tête de l'Association des joueurs, de 1966 à 1981, le salaire moyen est passé de 19 000 $ à 185 000 $. Il a également aidé à instaurer l'autonomie en remportant une cause en 1975 qui a changé la nature du sport.

Depuis 1967, les revenus du Baseball majeur ont été multipliés par 142, passant de 50 millions $ à 7,1 milliards $ l'an dernier. Pour Miller, l'autonomie des joueurs et l'intérêt qu'elle suscite a contribué à cette hausse des revenus.

«Je n'ai jamais vu une situation aussi bénéfique pour toutes les parties impliquées de toute ma vie, en termes de revenus et profits ainsi que de salaires et bénéfices. On croirait que c'est impossible de faire cela, mais ça l'est. Et c'est incroyable de voir comment en de telles circonstances, les employés et la partie patronale font vraiment des gains importants.»

Miller a aussi indiqué que la collusion entre les propriétaires du Baseball majeur au milieu des année 1980 a été pire que le scandale des Black Sox de Chicago de 1919 et a même prétendu que l'ex-commissaire du baseball Kenesaw Mountain Landis a peut-être été membre du Klu Klux Klan, indiquant que Jackie Robinson n'a été admis que deux ans et demie après son départ.

Aucune preuve n'existe au sujet de l'appartenance possible de Landis au groupe raciste.

«Je ne sais pas s'il n'en faisait pas partie, a dit Miller après son allocution. La rumeur veut qu'il en était.»