BOSTON (AP) - Dès que Manny Ramirez a menacé Roger Clemens en quatrième manche, samedi, Kevin Hallinan tentait d'empêcher le couvercle de la marmite de sauter. Ce qui se passait sur le terrain ne le préoccupait pas; il était plutôt inquiet de la réaction des amateurs.

Hallinan, le chef de la sécurité du baseball majeur, a alors rencontré des dirigeants des Red Sox de Boston et des représentants des forces policières, et ils ont décidé de mettre fin, sur-le-champ, à la vente de bière, trois manches plus tôt que prévu.

Ensuite, Hallinan a voulu savoir si le message avait bel et bien été transmis.

"Nous nous sommes dirigés vers un comptoir dans l'intention d'acheter une bière. On nous a dit: 'Désolé, c'est fermé', a confié Hallinan, lundi, à l'aube du quatrième match de la série de championnat de la Ligue américaine entre les Red Sox et les Yankees de New York.

"Nous avons fait le tour des stands et à chaque endroit, la réponse était la même: 'Non', 'C'est fermé', 'Nous n'avons plus le droit'. Il nous a fallu cinq ou 10 minutes, au plus.

"Si nous décidons d'activer l'interrupteur, nous voulons être sûrs qu'il fonctionne, a imagé Hallinan. Il a fonctionné samedi. Souhaitons que ça continue", a-t-il poursuivi.

A la suite de la mêlée générale lors du match de samedi, les responsables de la sécurité revoient les plans qui, souhaitent-ils, empêcheront une dispute mineure de se transformer en émeute.

Même si les mesures de sécurité étaient déjà grandes, en raison de l'importance du match et de la rivalité entre les deux clubs, elles ont été accrues pour le reste de la série.

Hallinan a refusé de divulguer les détails du plan d'action, mais il a confirmé que le FBI, la Garde nationale, des officiers du baseball majeurs et des policiers à pied, en motocyclette et à dos de cheval allaient sillonner les environs du Fenway Park.

Avant que le match de dimanche ne soit annulé à cause de la pluie, des policiers vêtus d'équipement anti-émeute avaient été postés autour du stade des Red Sox.

De plus, le lanceur Tim Wakefield a enregistré un message qui devait être diffusé sur le tableau indicateur, demandant aux spectateurs de garder la tête froide.

Eviter les crises

Le travail de Hallinan consiste surtout à éviter les crises, plutôt qu'à y réagir. Deux des éléments clés de sa stratégie tournent autour de la gestion de l'alcool et de la discipline parmi les détenteurs de billets.

En d'autres termes, il veut s'assurer qu'une foule d'étudiants universitaires en état d'ébriété ne se ruent pas aux portes du stade.

"L'objectif est de ne pas attendre que le ciel nous tombe sur la tête, a résumé Hallinan. Nous ne sommes pas ici pour procéder à des arrestations; nous voulons que les spectateurs aient du plaisir.

"Il s'agit d'un match de baseball entre deux des meilleures équipes de notre ligue, d'une grande rivalité inter-ville entre les Yankees et les Red Sox qui donne tant d'attrait au sport. C'est quelque chose de positif, non pas négatif."

Il arrive, cependant, que les choses tournent mal.

En 1999, des partisans des Red Sox, furieux de certaines décisions des officiels, ont lancé des objets sur le terrain lors du quatrième match de la série de championnat face aux Yankees. La rencontre avait été retardée pendant huit minutes.

Lorsque les Red Sox ont battu les Athletics d'Oakland et mérité leur laissez-passer pour affronter les Yankees dans la série de championnat, lundi soir dernier, il y a eu du grabuge autour du Fenway Park.

Pourtant, les Red Sox jouaient à Oakland, mais les supporters qui avaient regardé le match dans les bars non loin du vénérable stade, ont envahi les rues, renversé une auto et tenté de faire basculer des taxis en marche.

Certains individus, postés sur les toits des édifices avoisinants, ont lancé des bouteilles de bière.

Sept personnes ont été arrêtées et seront accusées de désordre public, d'introduction par effraction et d'outrage public à la pudeur.

En réaction à ces incidents, les autorités municipales de Boston ont interdit le stationnement autour du Fenway Park le soir des matchs, autant locaux que ceux disputés à l'extérieur.