NEW YORK - George Mitchell a insisté pour dire qu'il a pris la bonne décision en choisissant de nommer des noms dans son rapport, et il a dit qu'il s'attendait à ce que Roger Clemens et d'autres joueurs nient avoir consommé des substances visant à améliorer la performance.

"Nous avons fait tous les efforts pour établir la véracité des renseignements que nous avons reçus", a déclaré l'auteur de l'enquête commandée par le baseball majeur, vendredi, lors d'une entrevue avec Associated Press à son bureau d'avocats. "Plusieurs des témoins ont été interrogés en présence d'agents fédéraux qui ont informé les témoins qu'ils pourraient avoir des problèmes juridiques s'ils faisaient des affirmations fausses. Il y avait donc une motivation importante à dire la vérité."

Mitchell a dit avoir inclus dans son rapport le nom de pratiquement tous les athlètes ayant un lien avec l'objet de son enquête. Les joueurs visés ont pour la plupart refusé de répondre aux questions de Mitchell.

"Il y a eu deux joueurs dont les noms n'ont pas été publiés parce que les accusations à leur endroit visaient une période de temps suivant leur retraite du baseball", a indiqué l'homme de 74 ans.

L'ex-sénateur, qui a été embauché par le commissaire du baseball majeur Bud Selig en mars 2006, n'a pas voulu avancer un chiffre précis quant à la proportion de joueurs des ligues majeures qui, selon lui, utilisent des substances visant à améliorer la performance.

"J'estime que les cinq à sept pour cent qui ont échoué à des tests antidopage en 2003, lors d'un sondage anonyme, est en deçà de la réalité. Mais je ne crois pas que ce soit la majorité des joueurs. Je crois que c'est une minorité, bien qu'une minorité importante, a-t-il dit. C'est pourquoi je crois que la majorité des joueurs qui ne consomment pas de telles substances sont les principales victimes de ce qui s'est passé. Ils suivent les règles. Ils obéissent à la loi et ils ont été placés dans une situation où ils doivent choisir entre devenir des consommateurs à leur tour ou accepter de céder l'avantage compétitif à d'autres."

Une bonne part des éléments de preuve cités dans l'enquête proviennent de l'ancien préposé aux vestiaires des Mets de New York Kirk Radomski et de l'ancien entraîneur de musculation des Yankees Brian McNamee. Ce dernier a dit avoir vu Clemens et Andy Pettitte consommer des stéroïdes.

L'avocat de Clemens a vigoureusement nié les accusations visant son client. L'agent de Pettitte, Randy Hendricks, a demandé à son client de ne pas commenter parce qu'il est un joueur actif.

Bien que Radomski n'ait pas vu des joueurs s'injecter des substances illicites, ses dossiers et ses antécédents représentent des preuves manifestes aux yeux de Mitchell.

"Si quelqu'un a fait un achat et affirme qu'il n'a pas consommé, c'est une chose, a noté Mitchell. Si quelqu'un effectue trois, quatre, cinq, six, sept achats sur une période de plusieurs mois ou années, ça soulève la question: si tu ne consommais pas, pourquoi continuais-tu d'en acheter?"

Même s'il croit qu'il doit absolument y avoir des tests antidopage au baseball, il s'est dit en désaccord avec l'affirmation selon laquelle les politiciens et les juges devraient donner l'exemple en se soumettant à des tests eux aussi.

"Je ne crois pas qu'on puisse généraliser et dire que tout le monde devrait être testé, a-t-il dit. C'est évident qu'il faut analyser ça cas par cas."